L’année du logement social à Drummondville en 2020

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Par Jean-Pierre Boisvert
L’année du logement social à Drummondville en 2020
Le projet de la Maison Normand-Léveillé. (Photo : Archives, L'Express)

DRUMMONDVILLE. L’année 2020 promet d’être celle du développement social à Drummondville alors que débutera la construction de près d’une centaine de logements sociaux, à la faveur de quatre projets distincts.

Celui qui mérite d’être souligné en premier est le projet de 23 logements de l’organisme L’Ensoleilvent et de son fondateur à la retraite, Daniel Dore. Prévu dans le secteur Saint-Charles, à un jet de pierre du supermarché IGA et de divers services situés à proximité, l’immeuble accueillera des personnes qui payent plus de 30 % de leurs revenus pour se loger. Certains doivent même débourser une somme équivalente à 80 $ de leurs revenus pour s’offrir un toit.

«Les gens ciblés ont souvent plus de 50 ans, sont défavorisés ou en perte d’autonomie. C’est pourquoi on favorisera le support mutuel entre les locataires, qui vivront dans un espace de vie participatif, dans un cadre d’entraide», met en perspective Daniel Dore qui précise que l’idée a germé il y a quatre ans de ça.

Voilà qu’en 2020, après plusieurs démarches, consultations et démêlage de paperasses, une bâtisse, en forme de U, permettant l’aménagement d’une cour communautaire, sortira de terre pour une ouverture en janvier 2021.

Le financement proviendra du milieu, de subventions gouvernementales et de la Ville de Drummondville dans une proportion qui reste à déterminer. «C’est l’Ensoleilvent qui sera propriétaire de l’immeuble, mais une gestion conjointe avec l’Office d’habitation Drummond (OHD) n’est pas exclue», avance-t-il.

En 2016, selon des données de Statistique Canada, sur les 15 285 ménages locataires que comptait Drummondville, il s’en trouvait 4910 dont le coût du loyer excédait plus de 30 % de leurs revenus. De ce nombre, 1505 devaient payer plus de 50 % de leurs gains pour se loger et 490 d’entre eux devaient y engloutir 80 %. Avec la rareté des logements disponibles et la hausse des coûts, la situation ne s’est sans doute pas améliorée. «Les derniers gros chantiers dans le logement social remontent aux années 70», estime Daniel Dore, laissant entendre que les constructions depuis ce temps n’ont pas été florissantes.

Appartenance Drummond

Autre projet percutant, celui de la nouvelle corporation à but non lucratif Appartenance Drummond, dont la fondation sera officialisée au mois de mars avec la mission d’offrir des services d’hébergement, de type transitoire, à des personnes présentant une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA).

L’organisme, dirigé par Jean Lauzière, lui-même parent d’un enfant ayant une déficience intellectuelle, fera aboutir la réalisation d’un complexe de 14 appartements (Programme Accès-logis volet 3) où seront offerts, par une équipe d’intervenants spécialisés, des services variés.

«On veut arriver à développer le maximum d’autonomie chez les résidents sur une période d’un à cinq ans, afin de leur permettre de vivre ensuite une réelle intégration dans leur propre appartement», annonce Jean Lauzière, qui planche sur ce projet depuis quatre ans et demi. Il fait observer que cette offre de service est actuellement manquante à Drummondville. L’érection de l’immeuble est prévue à l’arrière du Boston Pizza sur le boulevard Saint-Joseph.

40 à l’OMH, peut-être 48

C’est un projet majeur que celui sur lequel planchent le directeur David Bélanger et son équipe de l’Office d’Habitation Drummond. On parle ici de 40 unités confirmées, comprenant l’accès à une cafétéria, et peut-être même de 48 unités si la demande de cet ajout est acceptée. La construction de l’immeuble débutera cet été sur un terrain de la rue Cockburn, face au Centre Marcel-Dionne, site accueillant déjà de nombreux logements sociaux pour personnes à faibles revenus. L’investissement est de 12 millions $, de 13,5 millions si les 48 unités sont autorisées.

L’enthousiasme de David Bélanger est palpable, même au téléphone. «Ce ne sera pas seulement l’année du logement social à Drummondville mais aussi la décennie. Ce n’est qu’un début. On a du rattrapage à faire et on va le faire. Il ne s’est pratiquement rien fait depuis 15 ans. En ce qui concerne les logements sociaux, nous sommes en-dessous de la moyenne québécoise et il en faudrait 240 juste pour rattraper cette moyenne. Avec la Ville, on travaille actuellement à l’élaboration d’une politique de l’habitation, au sens général et non pas seulement pour le logement social, qui marquera le début de plusieurs projets concertés et une projection des besoins sur une période de sept ans», a confié David Bélanger, qui est le premier à participer au chantier sur l’élaboration d’une politique d’habitation, présidée par le conseillère Annick Bellavance et dont l’échéancier projeté est le 30 septembre 2021. Jean Charest, Alain Martel et Dominic Martin y siègent également. Le chantier cherche actuellement un promoteur.

Maison Normand-Léveillé

La directrice Jocelyne Bérubé et son équipe continuent de travailler sur le projet de construction d’un immeuble de 18 unités de logements sur le site de l’organisme situé sur le Chemin Hemming. Annoncé en octobre dernier, ce projet de 21 logements de trois et demi s’adresse à des personnes adultes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme.

La Maison Normand‑Léveillé se voudra une alternative à long terme aux parents vieillissants prenant soin de leur enfant, lequel, une fois devenu adulte, pourra vivre dans un endroit sécuritaire et adapté à ses besoins. L’investissement de 3,5 millions $ se concrétisera grâce la collaboration de la Société d’habitation du Québec (SHQ) par l’entremise de son programme AccèsLogis Québec, de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) ainsi qu’à la contribution des partenaires du milieu. La Ville de Drummondville a fait don du terrain qui se situe sur le site du Centre Normand-Léveillé et accordera un rabais de taxes foncières pour une durée de 35 ans. Le crédit de taxes à lui seul équivaut à 418 670 $.

Dans une lettre ouverte récemment publiée sur le site de L’Express, Guy Châteauneuf fait remarquer que «les membres du conseil municipal et son maire, Alexandre Cusson, ont mis de l’avant au cours des dernières années une série de mesures ayant pour but de soutenir et de planifier le développement de logements sociaux. Ces logements permettront d’améliorer de façon significative les conditions de vie d’un grand nombre de personnes disposant de faibles revenus, dont des personnes âgées, des personnes handicapées et des personnes en perte d’autonomie», écrit-il, prenant soin d’ajouter qu’Alexandre Cusson, qui quittera le 31 janvier, «nous laissera un héritage riche et multiple, incluant des réalisations empreintes de justice sociale».

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