Une équipe inuite au Tournoi midget (photos)

Une équipe inuite au Tournoi midget (photos)
Débarquant tout droit de Kangiqsualujjuaq, une communauté nordique située au Nunavik, les joueurs de l’Amaruit font vive impression sur la glace de l’Olympia Yvan-Cournoyer. (Photo : Ghyslain Bergeron)

HOCKEY. Il y a quelques années encore, il n’était pas rare de voir des équipes de la Russie ou de la République tchèque débarquer au Tournoi international de hockey midget de Drummondville. Cette époque est révolue depuis que l’organisation a choisi de miser sur le volet participatif… ce qui n’empêche pas de voir de belles histoires se dessiner sous les yeux des spectateurs.

Arrivant tout droit de Kangiqsualujjuaq, un village nordique d’à peine mille habitants situé au Nunavik, l’équipe Amaruit est débarquée à Drummondville après un voyage en avion de deux heures et demie entre Kuujjuaq et Montréal. Évoluant dans la catégorie midget B, la formation inuite est dirigée par deux anciens hockeyeurs ayant choisi de s’installer dans le Nord-du-Québec pour y partager leur passion.

Le numéro 88 de l’Amaruit, Aloupa-Petermarik Airo-Watt, a marqué sept buts et ajouté deux passes à ses trois premiers matchs à Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«L’école de hockey Olivier Labelle est située à Saint-Eustache. C’est Maxime Lalande qui a amené ce programme dans le Grand Nord, où il est enseignant en éducation physique depuis maintenant sept ans, a expliqué l’entraîneur-chef de l’Amaruit, Kristof Durocher. Il y a trois ans, il m’a invité à aller coacher ce programme sport-études. C’est un travail à temps plein : du lundi au samedi, je suis sur la glace avec les jeunes de toutes les catégories.»

«Le hockey, c’est une passion pour eux, a poursuivi l’ancien gardien de but de 23 ans. Les activités ne pleuvent pas là-bas. Le hockey prend donc une place importante dans leur vie, tant pour les garçons que les filles.»

Ce voyage à Drummondville vise d’abord et avant tout à motiver les jeunes dans leurs études. «On a choisi ceux qui travaillent fort à l’école et qui sont des modèles dans la communauté. Quelques-uns des meilleurs joueurs du village ont d’ailleurs été coupés parce qu’ils n’avaient pas démontré l’attitude nécessaire à l’école pour mériter d’être ici.»

Le voyage d’une vie

C’est la deuxième année consécutive que des joueurs de Kangiqsualujjuaq viennent pratiquer leur sport favori dans le sud du Québec. Après le tournoi de Drummondville, l’équipe se dirigera vers Lachute pour prendre part à une autre compétition. En raison de l’éloignement géographique, les coûts de ce périple de 18 jours s’élèvent à environ 40 000 $, dont près de 16 000 $ seulement pour les billets d’avion.

Nathan Annanack est le capitaine de l’équipe. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«La seule façon de sortir de la communauté, c’est en avion. Il faut d’abord se rendre au village le plus près, Kuujjuaq, qui est situé à environ 45 minutes. Pour certains joueurs, c’est donc la première fois qu’ils viennent dans le sud du Québec, a précisé Kristof Durocher. C’est un voyage d’une grande ampleur qu’ils vont peut-être faire une seule fois dans leur vie. C’est une chance inouïe qu’ils ont. Ils se sentent privilégiés. Ce sont des moments inoubliables pour eux.»

Âgés de 15 à 17 ans, les 15 jeunes hockeyeurs parlent l’inuktitut, un dialecte de la langue inuit, ainsi que l’anglais. Quelques-uns étudient également en français.

«Là-bas, c’est un environnement complètement différent, a expliqué Kristof Durocher. C’est un petit village avec un seul aréna, une école et une épicerie. C’est pourquoi en arrivant ici, on en profite pour faire des activités qu’ils n’ont pas la chance de faire chez eux. On est allé jouer au mini-putt, on a visité le vestiaire des Voltigeurs et on va aller voir un match des Canadiens au Centre Bell.»

De belles performances

À ses premières sorties sur la glace de l’Olympia Yvan-Cournoyer, l’Amaruit a fait vive impression. Après un verdict nul de 5-5 face aux Mariniers de Sorel-Tracy, la formation inuite a donné du fil à retordre à l’équipe 3 des Voltigeurs de Drummondville dans un revers de 4-2. Mercredi soir, l’équipe s’est imposée 7-2 sur les Cobras de Granby pour ainsi demeurer en vie dans le tournoi.

L’Amaruit a donné du fil à retordre à ses adversaires. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«On est extrêmement fiers de nos performances et surtout de l’attitude de nos jeunes. Ils travaillent très fort. On ne joue pas beaucoup de matchs là-bas; on fait surtout des pratiques. C’est dur de retrouver notre forme et notre synchronisme. Le stress embarque aussi dans un voyage de cette ampleur-là. Ils donnent tout ce qu’ils ont», a affirmé Kristof Durocher.

«Côté hockey, le plus gros choc, c’est la chaleur dans l’aréna, a-t-il ajouté. Ils ne sont pas habitués à ça, parce que là-bas, l’aréna est réfrigéré par des ventilateurs qui poussent l’air de l’extérieur en dedans. Il fait donc -20 ou -30 dans l’aréna. Notre plus gros challenge ici, c’est que les joueurs s’épuisent rapidement en raison de la chaleur.»

L’Amaruit disputera un match éliminatoire vendredi, à compter de 11 h, au Centre Marcel-Dionne.

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