Une dame de 79 ans semi-aveugle offre… 500 cadeaux pour les démunis

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Par Cynthia Martel
Une dame de 79 ans semi-aveugle offre… 500 cadeaux pour les démunis
Les bénévoles Gertrude Bernier, Francine Messier, Georgette Desfossés sont entourées de Claudy Roby. Absents sur la photo : Jacqueline, Colette, Marie, Fabiola, Lina, Yves, Huguette, Diane, Francine, Rita et Jacques ainsi qu'Angèle et Lawrence de Récupéraction Centre-du-Québec. (Photo : Cynthia Giguère-Martel)

NOËL. Offrir 500 cadeaux à des gens dans le besoin et les emballer un par un malgré sa quasi-cécité, voilà le geste de bonté que Claudy Roby pose en ce temps des Fêtes.

Depuis deux ans, cette Drummondvilloise de 78 ans réalise son rêve de petite fille.

«À 12 ans, j’avais demandé à ma sœur aînée de m’accompagner à faire du porte-à-porte dans notre quartier pour ramasser des sous afin de venir en aide à une mère monoparentale et ses neuf enfants. Avec l’aide d’un ami à mon père, on avait réussi à les habiller de la tête aux pieds. Ça m’avait tellement marqué que je m’étais dit qu’un jour, je referais un tel geste», se rappelle-t-elle.

La vie étant ce qu’elle est avec les différents projets de carrière et de famille, de même que les épreuves, Mme Roby avait laissé de côté ce projet. Après une petite crise d’adolescence, un mariage et des enfants, le marché du travail l’appelait. La dame a d’abord eu une garderie puis a travaillé dans des magasins à grande surface tout en s’occupant de son père malade qui lui a légué une somme d’argent en guise de reconnaissance.

«Il voulait absolument que je réalise un projet avec ces sous. J’ai donc fondé une entreprise de textile dans les années 1980. J’ai réussi à ouvrir 11 points de vente au Québec», indique-t-elle avec fierté.

Quelques années plus tard, à son grand malheur, elle a dû cesser la gestion de son entreprise.

«Du jour au lendemain, je suis tombée presque aveugle. Pendant un an, je ne voyais plus. J’ai quand même continué à mener mes affaires pendant quelques années, mais un jour, j’ai dû cesser», précise celle qui ne voit maintenant qu’à 6 %.

Et les ennuis de santé se sont enchaînés.

«Il y a deux ans, j’ai failli mourir de la pleurésie. Mon corps se remplissait d’eau ce qui causait des problèmes respiratoires. J’ai aussi un pacemaker depuis.»

«Après trois mois au lit, j’ai réussi à retrouver mes énergies. C’est à ce moment que je me suis dit : «Si j’ai été capable de passer à travers de tout ça, le rêve que j’avais à 12 ans, je suis capable de le réaliser»», affirme la dame bien allumée.

C’est ainsi qu’elle a mis sur pied l’an dernier Les œuvres de mammy Claudy et ses amis. Grâce à sa grande générosité, son temps et à l’appui de certaines personnes, Mme Roby a offert 180 cadeaux à la clientèle de la Tablée populaire.

Parce qu’elle voit grand et qu’elle est passionnée, elle a ajouté à sa liste quatre organismes cette année :  L’Envolée des mères, L’Ensoleilvent, Noël à l’église, la Rose des vents et La Piaule.

«Au cours de la dernière année, j’ai aussi contribué à des cas dits urgents», fait-elle savoir.

Sa commande : 500 cadeaux, rien de moins! Vaisselle, jouets, vêtements et petits appareils électroniques sont autant de présents qui égaieront un tant soit peu le quotidien de plusieurs Drummondvillois. Si plusieurs sont des objets seconde main, d’autres ont été achetés avec les sous de Mme Roby.

«J’en achète à tous les mois avec une partie de ma pension. Le reste, ce sont des dons ou des pièces que des dames ont tricotées. Tout ce que je reçois, je prends soin de les laver et désinfecter», explique-t-elle.

Installée dans un local de la rue Heriot depuis quelques jours, Mme Roby, avec l’aide de valeureux bénévoles, emballe joliment les cadeaux.

(Cynthia Giguère-Martel)

«Je travaille parfois jusqu’à 3 heures du matin pour emballer les cadeaux», laisse-t-elle entendre, tout en remerciant Gaétan Prévost, propriétaire du local prêté.

Et comme elle a une générosité sans borne, Mme Roby compte également se promener dans les rues de Drummondville une journée durant le temps des Fêtes pour offrir quelques cadeaux.

«J’attends le permis de la Ville», souligne-t-elle.

Mais comment parvient-elle à faire tout cela malgré sa condition?

«Vous savez, nous n’avons pas besoin de voir beaucoup pour accomplir des choses. Aussi, je fais attention pour bien manger malgré tout le temps que je donne et je me repose quand même», affirme-t-elle.

«Je trouve qu’elle est plus en forme depuis qu’elle fait ça», lance une amie et bénévole Georgette Desfossés.

«Je crois que c’est parce qu’elle se sent utile», renchérit Gertrude Bernier tout en emballant un cadeau.

Celle qui soufflera ses 79 bougies le 4 février prochain a l’intention de poursuivre son œuvre tant que sa santé lui permettra, mais espère quand même une relève.

«Je le fais pour moi, j’aime vraiment ça!» conclut-elle tout sourire.

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