Classes modulaires : tour de «forces locales» réussi

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Par Jean-Pierre Boisvert
Classes modulaires : tour de «forces locales» réussi
Une classe modulaire vue de l’intérieur. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ÉDUCATION. C’est un véritable tour de force que la Commission scolaire des Chênes (CSDC), les architectes, ingénieurs et entrepreneurs ont accompli en livrant à temps les 29 classes modulaires qui accueillent, en cette semaine de rentrée scolaire, 650 élèves dans les écoles de La Poudrière, Jean-Raimbault et aux Quatre-Vents.

Jean-François Houle, accompagné du directeur général Lucien Maltais, a livré un plaidoyer en faveur de la démocratie scolaire. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«On savait qu’on allait manquer d’espace. Il nous a fallu agir vite. Et on s’est associé avec des architectes et des ingénieurs pour accomplir ce travail colossal», a raconté Lucien Maltais, directeur général de la CSDC, au cours d’une conférence de presse tenue justement dans une de ces classes modulaires de l’école secondaire La Poudrière.

L’architecte Robert Pelletier a reçu l’appel en décembre dernier. «J’ai vu tout de suite que la tâche serait énorme. Il fallait d’abord déterminer où ces classes seraient construites. Certainement pas dans le stationnement. L’entreprise qui a remporté l’appel d’offres, Construction Allard, est drummondvilloise tout comme ses sous-traitants. Tout a été accompli par des forces locales», a-t-il mis perspective.

La première décision des administrateurs de la CSDC a été de choisir entre la location et la construction. «Nous avons finalement opté pour la construction, sachant que le coût allait être équivalent à une location de quatre ans. La différence c’est que nous en serons propriétaires par la suite, nous pourrons soit les vendre, soit les assigner à d’autres services», a expliqué Yves Gendron, directeur des ressources matérielles à la CSDC.

Mais il demeure que la décision la plus importante a été prise lorsque la commission scolaire s’est lancé dans ce projet, nécessitant une dépense de 5 millions $, avant même d’obtenir l’autorisation ministérielle de Québec. Le président Jean-François Houle s’est ainsi expliqué : «On n’a pas attendu parce qu’il fallait faire vite. Drummondville est en croissance. Nous observons depuis plusieurs années des augmentations de clientèle. Cette décision a été prise par notre palier politique local, sans lequel ça n’aurait pas été possible», a-t-il plaidé en parlant de l’importance des commissions scolaires que le gouvernement de la CAQ veut transformer en centres de services, selon un projet de loi à être déposé cet automne. «Notre palier politique a démontré ici sa nécessité, sans parler qu’il a eu pour effet d’encourager l’achat chez nous. Le bulldozer de la centralisation arrive et il faudra sortir la population de son indifférence. Ce sera un recul de la démocratie. On va beaucoup parler de ça dans les prochains mois, on a du monde à convaincre», s’est dit d’avis Jean-François Houle, qui se dit convaincu que, cachée derrière certains artifices, la proposition d’abolir les commissions scolaires renforcera les pouvoirs du ministère de l’Éducation et sera le dernier jalon du processus d’élimination de toute maitrise d’œuvre locale de la population en matière d’éducation. «J’en déduis que l’intention annoncée de donner plus de pouvoirs aux écoles est tout à fait illusoire et contraire à tous les préceptes d’une gouvernance efficiente», a-t-il déclaré.

Le président n’a toutefois pas manqué de souligner que le ministère de l’Éducation a confirmé, en juin dernier, la construction et/ou l’agrandissement d’écoles sur le territoire de la CSDC d’ici 2021.

Résultat : les classes modulaires sont étonnamment bien conçues, climatisées, propres et sécuritaires, offrant les technologies laissant percevoir peu de différence avec un local habituel.

D’autres défis

Par ailleurs, d’autres défis importants attendent les dirigeants et le conseil des commissaires. On parle, entre autres, de recrutement, de l’accompagnement et de la formation du personnel et des directions. «Il s’agit là d’un enjeu grandissant et nous n’échappons pas au phénomène de pénurie de personnel dans certains secteurs», d’avertir M. Maltais.

Plus précisément, Daniel Dumaine, directeur des ressources humaines de la CSDC, indique la problématique du recrutement concerne la suppléance, la surveillance sur l’heure du midi, les services de garde et les orthopédagogues.

Daniel Dumaine. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«En ce qui concerne la suppléance, c’est un problème qu’on aura en cours d’années. Il y aura bien sûr des congés parentaux et autres absences, qu’il faudra combler. Mais notre banque de suppléants est très peu garnie. On veut bien les courtiser mais ces personnes recherchent ce qui est mieux pour eux. Le bac n’est pas un critère obligatoire pour être suppléant», a-t-il fait remarquer.

La surveillance sur l’heure du midi pourrait être un emploi intéressant pour les retraités qui ne veulent pas travailler plus de six à huit heures par semaine, avec un salaire horaire tournant autour de 20 $. Les personnes peuvent contacter les ressources humaines.

Du côté des orthopédagogues, la commission scolaire en a ajouté six de plus que l’an dernier, mais selon M. Dumaine, il en manque encore deux ou trois.

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