Une manœuvre de recul responsable du décès de Philippe Chiasson

Une manœuvre de recul responsable du décès de Philippe Chiasson
(Photo : Depositphoto)

ACCIDENT DE TRAVAIL. Au terme de son enquête entourant l’accident de travail qui a mené au décès de Philippe Chiasson, un charpentier-menuisier de l’entreprise Construction Ard-Air de Saint-Germain-de-Grantham, la CNESST a convenu que l’absence de procédures, entourant les manœuvres de recul d’équipements lourds, a joué dans le destin tragique de ce travailleur.

Rappel des faits. Le 7 novembre dernier, Philippe Chiasson se trouvait sur un chantier de construction et s’affairait à la compaction du sol à l’intérieur des murs de la fondation d’une verrière, en se déplaçant avec une plaque vibrante. Pendant ce temps, l’opérateur de la pelle hydraulique sur chenilles pour l’entreprise Excavation Yvon Benoit s’affairait au remblayage d’une conduite d’égout à proximité.

Au moment où M. Chiasson quittait momentanément la fondation, l’opérateur de la pelle a entrepris un déplacement en marche arrière dans le but de se replacer dans la cour, sur une distance d’environ 1 mètre. M. Chiasson se trouvait directement derrière la pelle, dans l’angle mort, et a alors été écrasé par la pelle. Les secours ont été appelés sur les lieux et le travailleur a été transporté au centre hospitalier, où son décès a été constaté.

L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident :

  • Le travailleur s’est retrouvé dans l’angle mort arrière droit de la pelle hydraulique alors que l’opérateur entreprenait une manœuvre de recul;
  • L’absence de la gestion des manœuvres de recul dans une zone où il y avait présence simultanée d’un travailleur à pied et d’une pelle hydraulique en mouvement a compromis la sécurité du travailleur.

À la suite de l’accident, la CNESST a exigé du maître d’œuvre du chantier, Construction Ard-Air, et de l’employeur, Excavation Yvon Benoit, qu’ils mettent en place une procédure de travail décrivant les mesures de sécurité à appliquer lors d’une manœuvre de recul de l’équipement lourd.

Elle a également demandé que leurs travailleurs soient formés relativement aux risques liés aux manœuvres de recul sur un chantier de construction. Tant le maître d’œuvre que l’employeur se sont conformés à ces exigences.

Pour prévenir les accidents liés aux interactions entre les véhicules automoteurs et les piétons sur un chantier de construction, des solutions existent, notamment celles-ci :

  • La circulation des véhicules automoteurs sur un chantier doit être planifiée de manière à limiter la coactivité piétons-véhicules et à restreindre les manœuvres de recul;
  • Des mesures de sécurité pour protéger toute personne qui circule sur le chantier doivent être mises en place et les travailleurs doivent être informés des mesures prévues;
  • L’opérateur de la pelle hydraulique doit être vigilant lors de ses manœuvres de déplacement en tenant compte des angles morts du véhicule;
  • Les voies de circulation, les aires de recul et les aires de travail doivent être balisées;
  • Une communication efficace doit être établie entre tous les travailleurs.

Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.

Les travailleurs doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.

Enfin, soulignons que la CNESST transmettra les conclusions de son enquête à plusieurs associations afin que leurs membres en soient informés. (LT)

Partager cet article