Mettre sa vie en veilleuse… le temps que justice soit rendue

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Par Frederic Marcoux
Mettre sa vie en veilleuse… le temps que justice soit rendue
La famille d’une victime souffre également des conséquences d’une agression. (Photo : L'Express)

Un crime sexuel transcende le moment de l’agression. Il y a ces victimes collatérales. La famille. Un couple, qui a récemment vu une présumée victime de son entourage témoigner en cour, a mis sa vie respective en veilleuse depuis bientôt deux ans.

Pour le duo, que L’Express ne nommera pas, afin de ne pas identifier les présumées victimes, l’attente est pénible depuis 2017, moment où une présumée victime est sortie de l’ombre. Ils sont tous deux impatients de voir le processus judiciaire se terminer pour, un jour, pouvoir passer à un autre chapitre. C’est qu’il est difficile de vivre en paix, sans connaître le dénouement de l’histoire.

«Ça fait bientôt deux ans, mais j’ai l’impression que ça fait cinq ans, déplore l’homme. On a pris des vacances dans le sud et on n’a même pas été en mesure de décrocher. J’ai ramassé ma conjointe à la petite cuillère là-bas.»

«C’est stressant en cour pour nous, poursuit sa conjointe d’une voix faible. On se doutait de quelque chose. Je viens au palais de justice pour aider ma nièce et la soutenir durant ce processus.»

Passage difficile, mais nécessaire

Les événements qui seraient survenus jouent en boucle dans la tête de ces présumées victimes collatérales. Elles réalisent qu’il est difficile de garder le moral.

«Depuis que ç’a commencé que je ne dors pas. La cassette des événements défile toujours dans ma tête. Je lève mon chapeau à (la présumée victime) qui a témoigné. J’étais dans la salle. Quand je l’entendais, j’avais des frissons et ça venait me chercher. Je transpirais beaucoup. Elle doit se débattre pour se faire entendre. Témoigner est un signe de force», convient-il.

Le couple estime qu’il est nécessaire de se serrer les coudes pour traverser ce long processus en famille.

«Le passage en cour, c’est un détail. C’est dur, oui, mais c’est un détail quand même, souligne la dame. C’est le “après” qui est important. Une victime va recevoir de l’aide. Tu ne peux pas être en mesure de tourner la page avant la fin des procédures judiciaires. C’est ce qu’on attend avec impatience.»

D’ailleurs, le duo invite les victimes à dénoncer leur agresseur, car le secret peut «rendre malade».

La directrice du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) du Centre-du-Québec, Sophie Bergeron rappelait à L’Express, il y a quelques semaines, que son organisme offre également un support aux proches des victimes d’actes criminels.

«Les personnes victimes sont tellement fortes, avait-elle mentionné. Je trouve ça impressionnant. Il y a des gens qui ont vécu des choses très difficiles. Malgré tout, elles se tiennent debout […]. Elles m’inspirent énormément.»

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