Victime d’un grave accident, une combattante veut inspirer son prochain

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Par Frederic Marcoux
Victime d’un grave accident, une combattante veut inspirer son prochain
Julie Rondeau a déjoué les pronostics les plus sombres. (Photo : Ghyslain Bergeron)

PORTRAIT. Victime d’un grave accident de la route en 2006, Julie Rondeau refuse de laisser une tragédie dicter l’allure de sa vie. Elle fonce, sourire aux lèvres, pour tracer son propre chemin. Portrait d’une combattante.

Le 23 décembre 2006, en compagnie de cinq amis, Julie, 14 ans, embarque dans un véhicule. Elle est la seule passagère qui n’a pas bouclé sa ceinture. Le conducteur perd le contrôle. La voiture se retrouve dans le fossé, à Saint-Hubert, après avoir atteint une vitesse de 120 km/h. La vie de la jeune fille bascule drastiquement. Plongée dans un coma artificiel pendant une semaine, Julie Rondeau sursaute à son réveil. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle sait pourtant qu’elle devra se battre pour améliorer son sort.

«Je ne savais même pas qui j’étais à mon réveil, se rappelle tristement celle qui demeure à Drummondville depuis près de dix ans. J’étais légume. Je respirais, mais je ne pouvais ni boire ni manger. Je n’ai aucun souvenir de l’accident. Les docteurs m’ont alors dit que je resterais dans cet état toute ma vie et que je ne pourrais probablement plus marcher.»

Sans qu’elle ne puisse expliquer pourquoi, en un mois, Julie Rondeau déjoue les pronostics. Elle recommence à marcher et elle est même en mesure de parler. L’adolescente poursuit ensuite sa progression fulgurante, en réadaptation. Deux mois après l’accident, elle retourne à la maison avec un collet cervical.

«Ce que je trouvais le plus pénible, c’était de ne pas pouvoir me maquiller, se remémore-t-elle en riant. Cependant, à ce moment-là, j’avais l’âge mental d’une enfant de sept ans, à cause du traumatisme crânien que j’ai eu. C’est comme si j’étais un ordinateur et qu’on m’avait reformatée. J’ai dû réapprendre la base, mais je l’ai fait en peu de temps.»

Servir d’exemple
Julie Rondeau aimerait inspirer d’autres jeunes qui, comme elle, pourraient souffrir d’un grave accident. Elle croit pertinemment qu’il est toujours possible de se relever.

«Je l’ai fait, pourquoi d’autres ne seraient pas capables de le faire?», se questionne Julie Rondeau. La principale intéressée explique que sa volonté d’améliorer son sort a fait toute la différence. En l’espace de cinq ans, la grande blessée a retrouvé une vie normale. Même si elle a réalisé qu’elle avait perdu l’odorat, après son accident, et qu’elle ne pourrait jamais occuper un travail, puisqu’elle se fatigue rapidement, Julie Rondeau refuse de se laisser abattre. Elle déploie son énergie positive pour effectuer ce qui est à sa portée.

Celle qui est aujourd’hui âgée de 26 ans vient d’ailleurs de compléter une attestation d’études secondaires, après avoir repris plusieurs années scolaires, en raison d’échecs répétés sur les bancs d’école. En y allant à son rythme, elle envisage désormais la possibilité de poursuivre ses études.

«C’est à cause de cet accident-là que je suis la personne que je suis aujourd’hui, constate la femme déterminée. Même si je suis inapte au travail, parce que je ne peux travailler plus de trois heures dans une journée sans me fatiguer, je me garde occupée en faisant du bénévolat dans une friperie.»

Malgré les embûches, Julie Rondeau parvient à mordre dans la vie. La mère d’un garçon de six ans estime avoir cheminé, en dépit de sa mésaventure. Partageant sa vie avec un homme compréhensif qui la supporte dans ses projets, elle planifie acquérir une maison, en plus d’avoir «assurément» un autre enfant dans les prochaines années. La jeune femme ne laissera rien la freiner dans la conquête de ses rêves.

«Je ne suis pas une survivante, je suis une vivante, insiste-t-elle. Maintenant, je vis ma vie à fond et je ne me prive pas. J’écoute toujours mon feeling et ça fonctionne toujours. Il vaut mieux prendre un risque que perdre la chance. C’est ce que je me dis tout le temps. Tout est possible!»

Son conjoint souligne sa force de caractère
Le conjoint de Julie Rondeau, Jean-Sébastien Bélanger, est impressionné de voir à quel point sa copine s’est adaptée après son accident de la route. Selon lui, Julie a développé une capacité à cerner les gens, grâce à son instinct.

«Elle a une capacité incroyable de se mettre sur la même longueur d’onde de n’importe qui, signale-t-il. C’est impossible d’arrêter Julie dans la vie. Elle a une grande persévérance et je ne connais pas beaucoup de monde qui ne lâche jamais le morceau comme elle.»

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