Sœur Pierrette Leclerc sur les chemins de l’entraide et de la bienveillance

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Par Jean-Pierre Boisvert
Sœur Pierrette Leclerc sur les chemins de l’entraide et de la bienveillance
Soeur Pierrette Leclerc. (Photo : Lise Tremblay)

JOURNÉE DE LA FEMME. Les valeurs qui l’animent ne donnent pas dans le spectaculaire et ne seront jamais reconnues dans un gala le dimanche soir à la télévision, mais elles ont mené Sœur Pierrette Leclerc sur les chemins de l’entraide et de la bienveillance.

Il y en a de moins en moins de ces religieuses motivées par ce désir inlassable de s’approcher des gens qui ont besoin d’aide, comme celles qui ont tenu à bout de bras les hôpitaux et les écoles durant des décennies dans le Québec naissant.

Pierrette Leclerc, de la congrégation des Sœurs de l’Assomption, a œuvré dans l’enseignement au secondaire durant 35 ans, principalement à La Poudrière, avant d’être «remerciée» par le gouvernement de Lucien Bouchard en 1997. «Nous étions 162 profs de la Commission scolaire des Chênes à avoir été mis à la porte en même temps par la ministre Pauline Marois et autant d’infirmières ont connu le même sort à Drummondville. Une affaire épouvantable. Plusieurs ont été rappelés», de se souvenir celle qui a poursuivi sa tâche d’enseignante dans le privé durant deux ans.

Cela l’a dirige toutefois vers le bénévolat, quoique, étant religieuse, son salaire de 1963, à hauteur de 2800 $, ressemblait à celui d’une bénévole, loin des 28 000 $ que recevait une laïque qui accomplissait le même boulot!

Elle s’implique dans le Comptoir alimentaire, agissant à titre de secrétaire du conseil d’administration. «J’aime bien être secrétaire, ça me tient réveillée… Sérieusement, il y a une belle équipe fraternelle au Comptoir. À mes débuts, on aidait 30 familles par jour, aujourd’hui c’est plus de 100 familles qui sont aidées. Il y a des personnes âgées, des personnes seules et des gens qui ont perdu leur emploi. Quand vous êtes rendus à manquer de nourriture…», dit-elle sans finir sa phrase.

Son besoin de prêter secours ne s’est pas atténué au Regroupement interculturel Drummond (RID) où elle participe à l’accueil des «boat-people», en provenance du Vietnam, du Laos et du Cambodge, en 1981. «Ils étaient bien une cinquantaine. J’en ai recroisé quelques-uns depuis et ils ont réussi à s’intégrer et à travailler. La plupart ne sont pas demeurés ici, contrairement aux Bosniaques qui sont arrivés à Drummondville en 1998. «Ils étaient vaillants. Dans leur cas, la francisation a été difficile mais les enfants de ces immigrants parlent français comme vous et moi», fait-elle observer.

Dans le couvent où elle habite sur la rue Goupil, où seulement 13 des 30 chambres sont occupées, Sœur Pierrette est l’une des bénévoles qui gèrent l’organisme Accueil grossesse installé au sous-sol. «Les femmes enceintes viennent y chercher, du lait, des couches, des livres. Nous sommes en lien avec le CLSC. C’est un service qui les aide», dit-elle.

(Photo Lise Tremblay)

Centraide a également été l’une de ses destinations. À titre de présidente du comité d’attribution des fonds, rôle qu’elle a tenu pendant neuf ans, elle avait à distribuer des sommes d’argent qu’elle n’avait jamais vu auparavant. «J’avais un million et demi $ dans les mains et nous pouvions aider plus d’une centaine de projets à se réaliser. C’était formidable de rencontrer des gens, d’analyser leurs projets et de leur donner l’argent qui leur était nécessaire».

Née à Saint-Zéphirin-de-Courval, Pierrette Leclerc vient d’une famille d’enseignantes. Ses sept sœurs ont été enseignantes, sa mère aussi, sa grand-mère et même son arrière-grand-mère. Elle a fait son noviciat à Nicolet et s’est amenée en 1959 à Drummondville où elle fut directrice adjointe à l’école Saint-Simon. Elle a fait un bref retour à Nicolet pour y prononcer ses vœux de pauvreté, chasteté et obéissance devant l’évêque Mgr Albertus Martin.

«On s’accomplit par le travail qu’on fait, laisse-t-elle tomber. Bien sûr je suis croyante. Cela procure une certitude intérieure. Les gens sont moins pratiquants et on déserté les églises, mais la pratique évangélique est encore bien présente. L’évangile nous enseigne des valeurs comme l’entraide. Les gens s’entraident beaucoup quand il y a une catastrophe. Les structures ne sont pas nécessaires pour ça».

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