Une seconde vie après un sentiment d’injustice

Photo de Frederic Marcoux
Par Frederic Marcoux
Une seconde vie après un sentiment d’injustice
Vanessa Ortiz. (Photo : Photo Ghyslain Bergeron)

TÉMOIGNAGE. Habitant à Drummondville depuis 12 ans, Vanessa Ortiz se prépare à démarrer un nouveau chapitre de sa vie, elle qui a vécu une agression en 2017 et qui a tout perdu après l’incendie de son commerce.

Prise dans un triangle amoureux contre son gré, Vanessa Ortiz a subi les foudres de l’amante de son conjoint de l’époque, le 25 avril 2017. Alors qu’elle finissait de travailler à L’Essenciel sur la rue Lindsay, vers 19h, elle se fait prendre par surprise et rouer de coups, une agression qui a laissé des traces.

La fautive a plaidé coupable en Cour. Elle a écopé d’une amende de 400$, d’une probation d’une année et d’une interdiction d’entrer en contact avec la victime.

De son côté, Vanessa Ortiz ressent une douleur constante du côté gauche du visage jusque derrière sa nuque, depuis l’agression, puisque son nerf trijumeau, un nerf crânien, a été sectionné. Impossible de l’opérer, puisqu’elle risquerait un accident vasculaire cérébrale (AVC). Celle qui travaille comme esthéticienne a également dû consulter un psychologue pour lutter contre la peur de se faire agresser une fois de plus.

La victime espérait une peine plus sévère pour son assaillante. Elle estimait que plusieurs facteurs pouvaient jouer en sa faveur : l’altercation est survenue en présence de sa fille et d’autres témoins, l’événement a été capté par une caméra de surveillance et Vanessa Ortiz croyait qu’un objet a été utilisé comme arme, lors de l’agression, par son assaillante. Malgré tout, la Colombienne âgée de 32 ans est loin d’être impressionnée par le système judiciaire.

Vanessa Ortiz. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Je m’attendais à ça. Je viens d’un pays où la corruption arrive tout le temps, lance Vanessa Ortiz qui habite à Drummondville depuis 2006. Au Canada, c’est pareil. On ne vit pas sur une autre planète. C’est simplement un autre pays où la corruption existe, mais c’est un peu plus tranquille.»

La mère de deux enfants sait que plusieurs individus craignent l’entourage de son assaillante, puisque certaines personnes seraient impliquées dans des histoires de «drogues», atteste-t-elle.

«Tout le monde a peur d’eux. Ils les voient comme des dieux. L’argent n’est pas un problème pour eux. […] Je sais qu’elle (son assaillante) a payé cher pour son avocat qui a travaillé pour qu’elle obtienne cette peine», lance Vanessa Ortiz.

De mal en pis

Quelques semaines après l’agression, Vanessa Ortiz a laissé son conjoint. L’esthéticienne continue de se présenter au travail, même si la douleur intense l’empêche parfois de parler à ses clients, puisque sa passion lui apporte malgré tout une forme de réconfort dans une période difficile physiquement.

Dans la nuit du 23 au 24 décembre 2017, vers 22h45, Vanessa Ortiz sort du commerce L’Essenciel pour lequel elle travaillait à titre de travailleuse autonome. Près de 30 minutes plus tard, les flammes ravagent l’établissement. Sans assurances pour ses équipements personnels, elle perd tout. L’incendie serait d’origine électrique.

«L’année 2017 a été difficile physiquement et mentalement, reconnaît Vanessa Ortiz. J’ai réussi à ouvrir mon propre commerce, même si j’avais tout perdu. J’ai beaucoup de dettes. Cette année n’a pas été vraiment meilleure à cause de ma santé. J’ai encore mal, mais on a découvert en mai 2018 que l’acupuncture me faisait du bien et que ça stabilisait mon état. J’y vais chaque semaine.»

En septembre 2018, elle a ouvert son propre commerce, Leidy Vanessa Ortiz, sur la rue Lindsay à Drummondville.

«La personne qui m’a loué le commerce m’a aidé à me sentir bien dans ma peau et à retrouver une certaine joie de vivre, a confié l’esthéticienne qui soutient souffrir de fibromyalgie depuis quelques mois. Mes clients m’ont encouragé beaucoup. Le travail est une forme de thérapie pour moi.»

L’ouverture officielle du salon de Vanessa Ortiz se fera le 24 décembre, un an après l’incendie. La Colombienne souhaite tourner la page, mais elle doit constamment se battre auprès du programme d’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) pour se faire rembourser le coût de ses traitements d’acupuncture.

Partager cet article