Les familles d’accueil dénoncent le manque de soutien de la DPJ

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Par Jean-Pierre Boisvert
Les familles d’accueil dénoncent le manque de soutien de la DPJ
Geneviève Rioux (Photo : Gracieuseté)

Bien qu’elle ne peut chiffrer le nombre de cas semblable à celui qui a fait l’objet d’un blâme par la juge Marie-Josée Ménard à l’endroit de la DPJ pour «négligence institutionnelle», Geneviève Rioux, de la Fédération des familles d’accueil et ressources intermédiaires du Québec (FFARIQ), affirme que «ça arrive souvent».

Jointe par L’Express, Mme Rioux explique: «Ce qui arrive souvent, c’est que les familles d’accueil n’ont pas le support qu’elles ont besoin et auquel elles ont pourtant droit de la part de la DPJ. Malgré les multiples demandes d’aide formulées par les familles d’accueil, le soutien des établissements n’est pas au rendez-vous».

Rappelons que la DPJ Mauricie–Centre-du-Québec a été sévèrement blâmée par la justice, pour la troisième fois en deux ans, cette fois pour avoir «abandonnée» une enfant de 12 ans au sein d’un famille «toxique et dysfonctionnelle». Son calvaire a duré six ans.

Mme Rioux, qui dit avoir lu le jugement, ne veut pas commenter ce cas en particulier qu’elle ne connait pas de toute façon, mais elle donne à entendre ceci :«Nous les familles d’accueil, nous ne sommes pas des professionnels. Nous sommes là pour l’amour des enfants. Mais, c’est loin d’être facile quand un enfant souffre d’un trouble de l’attachement sévère. Il n’y a pas un enfant pareil dans ces conditions. Par exemple, si la mère de la famille d’accueil va dans la chambre de l’enfant pour lui souhaiter bonne nuit et l’embrasser, l’enfant peut partir en vrille et avoir le goût de tout casser. Dans un autre cas, une famille a dû appeler la police pour un problème avec un enfant de six ans. Les enfants font parfois de grosses crises et même se mutilent. J’ai de la misère à blâmer la famille d’accueil dans ces circonstances. Vous savez, nous sommes en général jugées très rapidement.

«Voilà pourquoi je ne suis pas surprise de ce que j’ai lu dans le jugement, qui fait ressortir ce que nos membres, les familles d’accueil, nous disent : il y a un sérieux manque de soutien de la part des établissements. Ils ont beaucoup de pouvoir. Par exemple, il faut constamment leur demander des autorisations, entre autres pour aller consulter un psychologue. J’espère que le nouveau gouvernement (de la Coalition avenir Québec) saura réagir. Il faut que la DPJ soit imputable. Il faut que les établissements aient des comptes à rendre. Qu’une intervenante se déplace seulement une fois dans l’année, ce n’est pas acceptable. Au minimum, il faudrait une à deux interventions par mois», fait observer Mme Rioux.

La FFARIQ

La FFARIQ a vu le jour il y a 40 ans. Elle est devenue en 2009 une association de ressources autorisée à négocier une entente collective, laquelle a été signée en août 2012. Sa mission première consiste à représenter les ressources d’accueil, assurer le respect de l’entente collective, former et informer les ressources, et promouvoir leur travail auprès des établissements et du grand public.

Bilan en chiffres

Statistiques provinciales 2017-2018

  • 96 014 signalements traités au Québec. Il s’agit d’une hausse de 5,3 % par rapport à l’an dernier ;
  • 263 situations d’enfants sont signalées par jour, soit 13 situations de plus que l’an dernier chaque jour ;
  • 60 % des enfants pris en charge par le DPJ sont demeurés dans leur milieu familial ou chez un tiers significatif ;
  • 10 561 adolescents ont reçu des services dans le cadre de la LSJPA, ce qui représente une légère diminution par rapport à l’an dernier.

Statistiques régionales 2017-2018

  • Dans la dernière année 2017-2018, le DPJ-DP de la Mauricie et du Centre-du-Québec a traité 7 485 signalements. Il s’agit d’une hausse de 3, 5 % ;
  • Il s’agit de 20 signalements par jour où une personne se préoccupe d’une situation d’un enfant ;
  • Sur les 2 381 enfants desservis en protection de la jeunesse, près de 65 % reçoivent des services dans leur famille ou dans leur milieu élargi (oncle, tante, etc.).
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