Une journée de sensibilisation aura lieu le 21 septembre

Une journée de sensibilisation aura lieu le 21 septembre
Jocelyne Desjardins est intervenante pour le CALACS La Passerelle de Drummondville. (Photo : Archives Journal L'Express)

Par Jean-Claude Bonneau

Grâce à plusieurs femmes et adolescentes courageuses, les agressions sexuelles sont de plus en plus dévoilées dans notre société. Ainsi, le vendredi 21 septembre prochain, lors de la Journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes, il est temps de réfléchir ensemble aux moyens de venir en aide aux victimes et de prévenir les abus.

Cette année, le thème retenu par le Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel est «Contre la violence, toi aussi tu as un rôle à jouer». Ce thème s’adresse précisément aux témoins d’une situation où une femme ou une adolescente de l’entourage (collègue, amie, sœur, voisine, etc.) subit de la violence sexuelle et il incite justement les témoins à AGIR.

Pour Jocelyne Desjardins, porte-parole du CALACS La Passerelle de Drummondville, chaque témoin doit faire sa part et a un rôle important à jouer si on veut que les violences sexuelles cessent, ou à tout le moins régressent d’année en année.

Au service de la population

Dans la continuité du mouvement #MoiAussi, le CALACS La Passerelle a lancé cette semaine sa campagne «Ça me regarde». Depuis près de 30 ans, l’organisme drummondvillois œuvre tant sur les territoires des MRC de Drummond et de Nicolet-Yamaska pour apporter de l’aide aux victimes de violence sexuelle et pour mettre en place des mécanismes pour contrer cette violence.

«On est porté à croire qu’il n’y a pas ce genre de violence dans notre région, mais c’est faux. Comme partout ailleurs, il y en a et ce que nous remarquons, c’est que notre clientèle change au fil des ans. Par exemple, l’an dernier, pas moins de 152 personnes ont contacté notre organisme pour obtenir de l’aide. De ce nombre, on a dénombré une cinquantaine d’adolescentes. Cette statistique se veut en soi une bonne nouvelle parce que trop longtemps, les ados gardaient le silence. On sent un changement dans cette tranche de la société», souligne Mme Desjardins.

Toute la population est conviée le vendredi 21 septembre pour une activité spéciale qui se déroulera, à compter de 18 h 30, au parc Saint-Frédéric.

Pour la porte-parole du CALACS La Passerelle, une autre statistique retient également l’attention. L’an passé, plusieurs personnes âgées ont fait appel aux services du CALACS. Encore là, c’est une bonne nouvelle car, auparavant, les personnes de 50 ans et plus n’avaient pas nécessairement la force ou le goût de briser le silence.

Au CALACS La Passerelle, comme partout ailleurs, on a fait des avancés mais il ne faut surtout pas lâcher.

«Toutes les victimes d’agressions sexuelles ont le droit d’être crues, écoutées, comprises et surtout d’être aidées. Au CALACS, nous sommes six travailleuses, intervenantes sociales, qui ont à cœur d’apporter leur aide aux victimes, ce de différentes façons. Nous avons un travail en aval à réaliser auprès des victimes mais nous voulons également travailler en amont, c’est-à-dire un travail de prévention, de sensibilisation à faire, particulièrement dans les écoles secondaires.  Et pour ce faire, le CALACS a mis sur pied plusieurs programmes comme le programme «Empreinte» que l’on retrouve dans certaines écoles secondaires.

Si on parle de plus en plus de violence sexuelle, c’est que des gens ont décidé de monter aux barricades. C’est un fléau mondial et pour plusieurs victimes, les symptômes post-agressions sont comparables à ceux d’un soldat qui revient de la guerre. C’est grave et il faut continuer à se mobiliser pour enrayer ce fléau», renchérit Jocelyne Desjardins.

Aide aux victimes

Il y a plusieurs façons de venir en aide aux victimes. D’ailleurs, au CALACS La Passerelle, on a développé un volet «aide et intervention», un volet «prévention et promotion» et un volet «défense des droits».

À l’intérieur du volet aide et intervention, l’équipe du CALACS propose des rencontres individuelles avec les victimes, de l’écoute téléphonique, de l’accompagnement dans les procédures qu’elles soient médicales, judiciaires ou autres, des groupes de soutien et du support aux proches (parent, conjoint, conjointe).

Dans le cadre du volet prévention et promotion, on y retrouve des animations scolaires, des animations en milieu de vie, des activités de sensibilisation en milieu de travail, des formations sur mesure et du support à l’intervention (coaching).

Finalement, le volet défense des droits comprend une mobilisation de la communauté par une journée d’action contre la violence faite aux femmes, une concertation avec les organismes du milieu, des revendications sociopolitiques et des luttes pour, par et avec les femmes.

Une journée de sensibilisation

Chaque année, le CALACS La Passerelle, comme tout le regroupement des CALACS, organise une journée de sensibilisation. Cette année, le vendredi 21 septembre a été retenu. À Drummondville, la population est invitée à une animation spéciale qui se déroulera au parc Saint-Frédéric, à compter de 18 h 30.

«Sous toutes sortes de formes, la violence sexuelle faite aux femmes existe un peu partout. À Drummondville, on veut interpeller la population de façon à se positionner clairement sur le sujet. C’est en faisant tous un pas à la fois qu’il sera éventuellement possible de faire une différence. Le 21 septembre, les membres et les militantes du CALACS La Passerelle seront sur place pour informer ceux et celles qui veulent faire reculer ce phénomène. La violence sexuelle, ça se combat et c’est en la dénonçant, en réclamant des interventions qui tiendront davantage compte des besoins des victimes et en travaillant, hommes et femmes ensemble, à l’avènement d’une société plus juste qu’on y parviendra», conclut Jocelyne Desjardins.

Pour plus d’informations ou pour joindre une intervenante du CALACS La Passerelle, on peut composer le 819 478-3353.

#MoiAussi, une année mouvementée

Le mouvement #MoiAussi a eu des répercussions sur le nombre de demandes de service auprès de l’organisme. «On reçoit entre 110 et 125 nouvelles demandes par année. Évidemment, cette année a été très intense pour nous, surtout à partir de février, après que la poussière du mouvement soit retombée. On a pu répondre aux demandes, mais on avait de la broue dans le toupet», raconte Florence Vigneux. «Dieu merci, des montants supplémentaires nous ont été accordés et nous avons pu embaucher une sixième intervenante qui travaille fort», ajoute sa collègue, Jocelyne Desjardins. (Avec la collaboration d’Erika Aubin)

Des mythes à défaire

Encore aujourd’hui, il existe plusieurs préjugés et mythes concernant la violence sexuelle envers les femmes, notamment :

-les victimes se font la plupart du temps violenter par un inconnu (c’est faux : dans 80 % des cas, elles connaissent leur agresseur) ;

-les victimes «l’ont cherché» (c’est faux : aucun comportement ne constitue une invitation à subir de la violence sexuelle) ;

-beaucoup d’accusations sont fausses (c’est faux : on estime que le pourcentage d’accusations mensongères est d’environ 2 %, sans compter qu’un nombre incalculable d’agressions sexuelles ne sont jamais dénoncées).

 

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