Logement : discrimination pour les familles, selon Action location

Logement : discrimination pour les familles, selon Action location
Karolane Hébert et Annick Lapierre. (Photo : Stéphane Lévesque)

LOGEMENT. La recherche d’un logement pour une famille nombreuse peut s’avérer ardue. Pour de nombreux parents, la recherche d’un toit pour leurs enfants est synonyme de comportements discriminatoires.

Karolane Hébert, intervenante en droits des locataires chez Action location, constate une recrudescence des cas de discrimination basés sur une présence éventuelle d’enfants dans un logement. Le Code civil du Québec est pourtant clair. «Le locateur ne peut refuser de consentir un bail à une personne… pour le seul motif qu’elle est enceinte ou qu’elle a un ou plusieurs enfants…», retrouve-t-on à son article 1899.

Cette problématique, Annick Lapierre l’a subie. Mère de trois enfants, elle a accepté de témoigner.

«L’espace commençait à nous manquer dans notre cinq pièces et demie», souligne celle qui s’est mise à la recherche active d’un plus grand logement. «On a fait plus de 20 visites. Les propriétaires nous faisaient voir le loyer comme si de rien n’était. On voulait signer le bail, mais ils trouvaient des excuses pour ne pas nous louer comme «les pièces sont trop petites, vaut mieux être seul ou un couple sans enfant», «c’est déjà loué» ou «on a finalement décidé de vendre», rapporte Annick Lapierre. Dans d’autres cas, dès qu’ils étaient informés de la présence d’enfants, les locateurs ne rappelaient simplement pas.

Au fil de leurs recherches, Annick Lapierre et son conjoint en viennent même au découragement. «Un moment donné, on a pensé quitter Drummondville. On est pourtant des bons locataires, on a des bonnes références de nos anciens propriétaires», révèle celle qui a finalement trouvé un appartement qui lui convenait… après deux ans de recherche! «On a été vraiment chanceux de tomber sur un propriétaire qui a des enfants, qui nous comprend», relate-t-elle avec émotions.

Devenir propriétaire?

Son logement lui coûte actuellement près de 1000$ par mois. Sur cette base, est-ce que l’achat d’une maison a été une option envisagée?

«Avec le resserrement hypothécaire, c’est plus difficile d’accéder à la propriété. Ça prend un bon cash down», observe la mère de trois enfants qui préfère, pour l’instant, demeurer locataire.

 

Du côté de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), on admet que ce type de situation arrive. «Il ne faut cependant pas lancer la pierre trop rapidement aux propriétaires. L’obstacle provient souvent des autres locataires qui ne veulent pas être dérangés par la présence d’enfants et non d’un propriétaire qui, souvent, ne demeure même pas dans le bloc», expose Hans Brouillette, directeur des affaires publiques de cette association de locateurs. Les propriétaires sont souvent pris entre l’arbre et l’écorce. Ils ne veulent pas perdre des locataires.

«Le fait de refuser de louer un logement à une personne sur le seul motif qu’elle a des enfants demeure illégal», souligne très clairement Hans Brouillette.

Face à cette difficulté pour les familles de trouver un logement, que faire?

«On pourrait envisager une forme d’aide gouvernementale pour rendre plus accessible le coût des logements situés au rez-de-chaussée des immeubles», avance le porte-parole de la CORPIQ. En ne se faisant plus «marcher sur la tête», on éviterait ainsi une grande partie des petits désagréments reliés à la présence d’enfants dans un logement. Hans Brouillette réfère également à notre aptitude à vivre ensemble. «Car, s’il n’y a pas d’enfants dans notre société, on n’aura plus de logements à louer dans quelques années», conclut-il dans un appel à la tolérance pour tous.

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