DPJ : bond des signalements

DPJ : bond des signalements
Depressed teenager man with hands over head isolated in a black background

ADOLESCENCE. Les signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec ont augmenté en 2016-2017. Et le quart des dossiers retenus concernent des adolescents.

Concrètement, la DPJ a retenu 2990 signalements sur un total de 7233 dossiers traités. Il s’agit d’une hausse de 6 % et d’une moyenne de 20 appels par jour révèle le 14e bilan annuel. De ces signalements retenus, 24 % concernent les adolescents, soit 717.

«C’est certain que ce n’est pas la catégorie d’âge à laquelle la DPJ retient le plus de signalements, mais ça demeure un motif préoccupant», laisse entendre Gina Landry, directrice régionale de la protection de la jeunesse.

À Drummondville, 1564 signalements ont été traités, représentant une hausse de 8 %.

Les abus physiques (25,1 %), la négligence (23,1 %) et les mauvais traitements psychologiques (14,5) constituent les trois principaux motifs pour lesquels une personne communique un jour avec la DPJ.

Même si la hausse n’est pas étrangère à la région Mauricie et Centre-du-Québec, le nombre de signalements est toutefois plus élevé que la moyenne provinciale.

«On note une augmentation de 8 % des appels reçus dans la région tandis qu’à l’échelle de la province, il s’agit d’un bond de 4 %. En ce qui a trait aux signalements retenus qui sont en hausse pour nous de 6 %, cette donnée est de 3 % pour l’ensemble du Québec», explique Mme Landry, spécifiant que les cas non retenus sont tout de même pris en charge et sont dirigés vers le service de proximité le plus approprié.

Mais comment faut-il interpréter ces chiffres éloquents?

«Il n’y a pas une raison unique pour expliquer cette hausse. D’une part, je crois que les gens sont informés davantage sur les services disponibles. Et ça, c’est en soi une bonne chose. Il y a aussi, je pense, un souci de la population de venir en aide aux jeunes. Elle est plus sensible aux besoins des enfants, ce qui est fort intéressant. Il y a aussi le fait que pendant la dernière année, nous avons effectué des tournées dans les commissions scolaires et rencontré les corps policiers de toutes les municipalités», indique la directrice régionale.

La problématique de la dégradation du tissu social peut aussi être une cause de l’accroissement des signalements.

«Dans nos indicateurs de défavorisation sociale, on observe un tissu social un peu plus affaibli à certains égards. Par exemple, on a un taux de monoparentalité plus important ici que la moyenne du Québec et un taux plus faible de scolarisation.»

 

Miser davantage sur les adolescents

Au cours des dernières années, la DPJ du CIUSSS Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a beaucoup plus sensibilisé la population à la négligence et la hausse de signalements des mauvais traitements psychologiques chez les enfants. Dans le cadre de ce 14e bilan, elle a choisi de concentrer ses efforts sur les réalités reliées à l’adolescence. Le but étant de mobiliser la population autour de ces adultes en devenir afin de mieux les connaître, les soutenir, les encourager et les protéger.

«Des fois, derrière une attitude fermée ou arrogante, il y a de la détresse. Il ne faut pas s’arrêter au premier niveau et ça, c’est une responsabilité d’adulte», donne à entendre la directrice régionale Gina Landry.

Les études et recherches cliniques réalisées démontrent que l’adolescence est un âge exigeant et complexe en raison des nombreux changements qui se manifestent, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique. Certains indices doivent toutefois être pris au sérieux : le fait de ne pas réussir à se faire des amis, une baisse significative des résultats scolaires, des problèmes de consommation ou d’absentéisme scolaire.  

Les adolescents confiés à la DPJ ont plusieurs visages. Ce sont, pour la plupart d’entre eux, des enfants victimes de maltraitance qui peinent à grandir, des jeunes qui présentent des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, ou encore des ados qui sont victimes d’exploitation et dont le parcours est souvent marqué par un manque de soins, d’encadrement, d’affection, de stabilité relationnelle et de modèles inspirants. Les effets de ces manques additionnés les uns aux autres pavent la voie à une adolescence plus sombre et souvent plus tumultueuse, estime la directrice.

«Les adolescents vont tous prendre notre place demain. C’est notre avenir qui va être entre leurs mains. Ce sont eux qui vont prendre des décisions, qui vont être parents. Et si on veut avoir une société dans laquelle on évolue bien et qu’on se sent en sécurité, il faut se préoccuper du regard qu’on porte sur eux. Il ne suffit parfois qu’un petit geste ici et là, mais si on les additionne ensemble, on produit finalement un effet positif», conclut-elle d’un ton convaincant.

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