Cynthia Belval, la survivante

Cynthia Belval, la survivante
Cynthia Belval a souhaité témoigner afin de sensibiliser les gens aux agressions sexuelles.

Cynthia Belval est une jeune femme souriante et qui semble parfaitement bien dans sa peau. Difficile de se douter qu’elle a subi des agressions sexuelles de la part de son employeur au cours de son adolescence, et qu’elle a traversé le processus judiciaire il y a quelques années. D’après elle, le système de justice est mal adapté pour ce genre de dossier.

«J’en parle et j’ai encore les larmes aux yeux», avoue-t-elle avec un petit rire. Au moment des faits, elle avait entre 14 et 17 ans. «Il y avait une relation d’autorité, mais de confiance aussi. Les agressions sexuelles sont le pire crime qu’on peut faire subir à un enfant», déplore la survivante. Une ordonnance de non-publication en date du jugement de 2011 empêche cependant la divulgation d’informations spécifiques qui pourraient relier la survivante au dossier de son agresseur.

Pendant plusieurs années, elle n’a rien dit. C’est quand elle a su que d’autres victimes avaient dénoncé qu’elle a décidé d’en parler. Elles étaient neuf. «J’ai appelé au poste et j’ai rencontré un enquêteur, qui était très gentil, pour faire ma déposition. Après, ça a été long.» En tout, environ trois ans se sont écoulés entre le moment de la plainte et la condamnation de l’agresseur.

Pour Cynthia Belval, ce délai est loin d’aider les victimes à dénoncer. «Ça peut causer un manque de confiance, un désespoir face à la justice. Ce sont des causes graves et que ça dure aussi longtemps, c’est inimaginable», s’indigne-t-elle en ajoutant que pendant ces années de procédures, la victime doit revivre constamment les événements.

Même encore aujourd’hui, elle croise parfois son agresseur. Il a pu continuer à exploiter son entreprise. «Même aujourd’hui, je ne sais pas s’il a des regrets.»

Une réflexion nécessaire

«Le système de justice est mal fait pour les victimes d’agression sexuelle, soutient la dame. Ce sont les victimes qui doivent prouver que leur agresseur est coupable, et la notion de consentement n’est pas toujours très claire. Malheureusement, les agressions sexuelles sont encore taboues, mais changer la perception qu’on a de ces crimes aurait un impact significatif.» Elle nomme en exemple les États-Unis, où les criminels sont coupables jusqu’à preuve du contraire. Instaurer un temps maximal, plus strict que l’arrêt Jordan, fait également partie des solutions envisagées par Cynthia Belval.

La réforme du Code criminel canadien, qui prévoit notamment spécifier qu’une personne inconsciente ne peut consentir à une relation sexuelle, est un petit pas dans la bonne direction. «On ne peut pas dire que c’est mauvais, mais c’est encore trop peu», croit la survivante.

Le retour des cours d’éducation sexuelle à l’école est une solution qui a été maintes fois abordée par les intervenantes des CALACS, et Cynthia Belval est entièrement d’accord. «Dans le monde dans lequel on vit, ça pourrait être extrêmement bénéfique pour ces jeunes-là», estime-t-elle. La solution passe également par plus de sensibilisation, autant auprès des jeunes que des plus âgés.

La jeune femme fait d’ailleurs des conférences dans les écoles afin de partager son vécu et, peut-être, sonner des cloches.

«On a toujours dans notre tête d’enfant que c’est de notre faute, mais ce n’est pas vrai. Personne ne sort un matin en se disant qu’il va mettre son kit de viol.»

Qu’est-ce qu’une agression sexuelle ?

Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par du chantage. (Source : Gouvernement du Québec)

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