Une planche de salut pour les petites entreprises agricoles

Une planche de salut pour les petites entreprises agricoles
Le premier couple de voyageurs de la saison estivale chez les Herbes aux soins.

WWOOFING. Les Herbes aux soins est une petite entreprise de produits naturels, située à Sainte-Clothilde-de-Horton, qui accueille régulièrement des voyageurs d’un peu partout dans le monde pour travailler dans son jardin. Une pratique peu traditionnelle, mais qui rapporte beaucoup à  la fondatrice Nathalie Massé.

C’est sous un ciel azur et une légère odeur de fumée que L’Express Week-end  a discuté avec la fondatrice des Herbes aux soins et herboriste de profession Nathalie Massé. Ce n’est que la deuxième année qu’elle accueille des voyageurs par le biais du site Internet WWOOF, qui se spécialise dans l’agriculture biologique, et elle est déjà conquise. «Mon seul regret, c’est de ne pas en avoir accueilli avant», rigole-t-elle.

Il faut savoir que les gens viennent travailler bénévolement dans les jardins des Herbes aux soins en échange d’un gîte et de quelques repas. La ferme doit également être parrainée par une autre qui fait déjà partie du réseau avant de pouvoir accueillir ses premiers voyageurs.

Pour une entreprise modeste, cela peut faire toute la différence. «Je suis seule dans mon entreprise. Je fais tout de A à Z. Le travail dans les jardins est exigeant physiquement, mais aussi parce qu’on doit continuellement être là. Mais pour pouvoir jardiner, je dois vendre, et pour vendre, je dois récolter…  La quantité de travail qui va être faite par moi et celle accomplie par moi et deux wwoofers [comme on appelle les travailleurs], c’est un monde de différence», explique l’herboriste.

Les voyageurs viennent donc l’aider à cultiver ses plantes médicinales, à fabriquer des produits naturels comme des onguents et à terminer divers projets en lien avec l’entreprise. Actuellement, c’est une serre qui est en construction près des jardins.

Des anecdotes, Nathalie Massé en a à la pelle. Elle raconte entre autres cette aventure avec un Allemand sourd et muet qui venait tout juste de perdre son appareil auditif. «Je lui dis, un matin, de ramasser les tomates, même celles qui tombent par terre puisqu’elles sont encore bonnes. L’affaire, c’est que je suis un peu pressée, et j’essaie de mimer l’action de ramasser toutes les tomates. Quand je suis revenue, il n’y avait plus un plant de tomates. La saison des tomates a été courte!», s’est exclamé la propriétaire avec un rire, en se souvenant toutefois que sur le coup, elle ne l’avait pas trouvée drôle.

Voyager pour apprendre et s’imprégner

Malgré tous les avantages que recevoir des gens comporte, Nathalie Massé souligne que ce sont tout de même des inconnus qui arrivent dans son cercle familial. «Les gens viennent chez moi, dans ma maison, sur mon terrain. Chaque individu va être différent, il y a donc un temps d’adaptation qui s’impose même pour des gens qui ont la même culture que nous. Il faut vraiment qu’il y ait des affinités.»

Bridget et son conjoint sont les deux voyageurs qui habitaient au moment de la visite de L’Express dans la roulotte mise à leur disposition par Nathalie Massé. Ils sont originaires du Zimbabwe, un pays dans le sud de l’Afrique, mais vivent au Canada depuis un peu moins d’un an.

Le début du mois d’avril ayant été très pluvieux, les tâches dans les jardins ont été plutôt limitées. Les deux voyageurs sont allés jusqu’à peindre des pièces au deuxième étage de la résidence. «C’était la première fois que nous peinturions, c’était une expérience intéressante, a témoigné la jeune femme avec un petit sourire. C’est une drôle de période, le printemps. Mais c’est incroyablement beau.» Elle ajoute d’ailleurs qu’avant de venir vivre au Québec, elle ne comprenait pas du tout pourquoi les gens parlaient toujours de température : un mystère qu’elle a un peu mieux compris depuis!

«Dans un village comme celui-ci, nous pouvons vraiment expérimenter l’endroit. Ce n’est pas un gros ajustement de venir ici, c’est le genre de vie que nous aimons mener. Pour vraiment connaître une culture, on doit y vivre. C’est de cette façon qu’on en apprend le plus.»

Ils resteront chez Nathalie Massé le temps d’en apprendre un peu plus sur l’agriculture à petite échelle, dans l’éventualité de se partir en affaires un jour, avant de mettre le cap vers la Nouvelle-Écosse.

Quoiqu’il en soit, ce ne serait vraisemblablement pas la dernière année que Nathalie Massé accueillera des gens sur sa propriété. «On a des échanges incroyablement intéressants. J’apprends des choses sur des pays dont on entend très peu parler. C’est vraiment enrichissant.»

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