Émeute 2012 : «J’avais senti que la Ville avait été attaquée»

Émeute 2012 : «J’avais senti que la Ville avait été attaquée»

CENTRE-DU-QUÉBEC. Lorsque le député fédéral Alain Rayes se retrouve à l’extérieur et qu’il dit venir de Victoriaville, jusqu’à Fredericton, certains de ses interlocuteurs associent le nom de sa patrie aux bâtons de hockey… et à l’émeute du 4 mai 2012.

Même s’il s’agit d’un «mauvais souvenir», Alain Rayes, qui était maire de Victoriaville à cette époque, accepte d’en évoquer des images et des réflexions.

«J’avais senti que la Ville avait été attaquée», se souvient-il, lui dont l’habituel sourire avait complètement disparu lorsqu’il s’est adressé au public par le truchement d’une vidéo le soir de l’émeute.

Il dit avoir beaucoup appris et réfléchi à la suite de ces événements.

Sur la responsabilité des élus, des chefs syndicaux, des artistes, des animateurs, sur leur manière de communiquer, sur leur langage, celui qui rassemble, celui qui divise. Il reproche encore à un Gabriel Nadeau-Dubois, l’un des leaders étudiants de l’époque, de ne pas avoir dénoncé la violence à la suite de l’émeute.

Autant les médias sociaux peuvent être utiles aux politiciens qui veulent s’adresser «sans filtre» à la population, autant, paradoxalement, ils peuvent favoriser l’embrasement, les raccourcis, les amalgames, croit-il.

Il y a des sujets carrément «explosifs», soutient le député Rayes, encore plus délicats à aborder aujourd’hui qu’hier. L’enjeu de l’immigration en est un, évoque-t-il.

Au lendemain de l’émeute,  il avait été de ceux qui auraient souhaité qu’on se questionne sur les droits et responsabilités dans le domaine des manifestations. «Les gens ont le droit de manifester, ayant plusieurs corridors pour s’exprimer, mais jusqu’où leur permet-on de le faire?» Où, demande-t-il, doit-on tracer la ligne entre le droit de s’exprimer et la sécurité de la population.

«On a été chanceux qu’il n’y ait pas de mort à Victoriaville. Quand on bloque rues et pont, c’est la sécurité des gens qui est menacée. J’aborde l’idée de règles de sécurité au risque de me faire taxer d’extrême-droite», admet-il.

Il ajoute que, par exemple, des événements sportifs comme le Grand Défi Pierre-Lavoie doivent payer pour l’utilisation des ressources policières, une facture qu’on estime «légitime». «Qui doit payer ces ressources lors d’émeutes?», demande-t-il encore.

Bouleversé par les gestes de violence posés lors de la manifestation, Alain Rayes dit en avoir appris sur la gestion d’une crise. «On m’avait conseillé d’éviter de répondre sur le vif, de me laisser gagner par l’émotion, de prendre le temps pour préparer mon message. C’est la meilleure décision que j’ai prise.»

Il se souvient qu’au lendemain de l’émeute, il s’en est trouvé pour dire que Victoriaville avait en quelque sorte mérité son sort alors que l’ex-maire rappelle que jamais il n’avait pris position dans le conflit opposant les étudiants au gouvernement.

Les jours suivants, afin d’éviter que l’image de Victoriaville demeure constamment embrumée par les gaz lacrymogènes, l’équipe de communications avait travaillé fort afin que, sur Google, Victoriaville ne soit pas que synonyme d’émeute, relate M. Rayes. Après tout, rappelle-t-il, Victoriaville venait de vivre la deuxième plus importante émeute au Québec après celle du Sommet sur les Amériques en 2001.

«Tout cela m’a fait prendre conscience qu’on est souvent indifférent à ce qui se passe ailleurs. On aurait intérêt à essayer de comprendre avant de juger», conclut-il.

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