L’inquiétude persiste autour de la fracturation hydraulique

L’inquiétude persiste autour de la fracturation hydraulique
Le juriste Richard E. Langelier et Jacques Tétreault

Les citoyens s’opposant à l’exploitation outrancière des hydrocarbures s’inquiètent, alors qu’un projet-pilote de forage de puits dans les secteurs de Bécancour et de Lotbinière est envisagé. Et si ce n’était que le début d’une série de forages en sol québécois?

Samedi matin, plusieurs militants de divers comités citoyens se sont rendus au Centre communautaire Pierre-Lemaire où se tenait une assemblée visant à élaborer les prochaines actions pour contrecarrer les projets de forage à venir.

Drummondville, Durham-Sud, Saint-Bonaventure, Saint-Germain-de-Grantham, Victoriaville, Beauce, ils venaient d’un peu partout ces citoyens qui se préoccupent de savoir ce qu’il adviendra du sol québécois, si les compagnies gazières décident de l’exploiter.

En présence de gens de tout âge, incluant des collégiens, la table était mise pour un échange interactif et informatif. «Moi, j’ai vraiment peur de voir des choses horribles de mon vivant. Il faut dire au gouvernement qu’elles sont nos valeurs», a commenté Shanelle Raby, une étudiante du cégep de Victoriaville.

Présidée par le juriste Richard E. Langelier, l’assemblée a permis aux citoyens d’en apprendre davantage sur ce qui se pourrait se passer, maintenant que le gouvernement Couillard a fait adopter la loi 106.

Le 8 février dernier, la compagnie altertaine Questerre a laissé savoir qu’elle entamera bientôt un projet-pilote visant l’exploitation des gaz de schiste à Bécancour et dans Lotbinière sur 36 000 acres. Questerre évalue à 70 % les zones exploitables et veut savoir si le forage dans ces zones «à faible densité», comme elle l’indique, franchira l’étape de «l’acceptabilité locale».

Il s’agirait ainsi d’une nouvelle offensive puisque la compagnie de Calgary avait radié 75 % de ses actifs au Québec en 2016, compte-tenu de la perception citoyenne négative sur les hydrocarbures. Selon toute vraisemblance, Questerre réévaluerait des réserves en vue de les exploiter.

Selon M. Langelier, il sera dorénavant difficile d’empêcher l’offensive des compagnies pétrolières et gazières sur le territoire québécois puisqu’elles détiennent les permis d’exploitation (les claims), et que les conditions juridiques, économiques et même politiques leurs sont favorables.

Distances séparatrices

Un comité de pilotage de maires et de mairesses s’active actuellement afin de regrouper les municipalités du Québec en vue de demander une dérogation au Règlement provincial sur les eaux et leur protection (RPEP), qui doit être justement revu en 2017.  

M. Langelier affirme que des preuves, amassées par un collectif des cinq scientifiques, démontrent clairement que la fracturation entraîne un risque sérieux de contamination pour l’eau potable. Les experts exigent donc que les distances séparatrices soient reconsidérées, de façon à éviter d’éventuelles contaminations aux sources d’eau potable.

À l’heure actuelle, le règlement prévoit une distance de 400 mètres verticalement et de 500 horizontalement, ce qui n’est guère suffisant, aux dires de M. Langelier, qui cite en exemple l’Allemagne qui impose une distance séparatrice de trois kilomètres, à partir du sol, pour tout forage de puits.

Jusqu’à présent, le maire Alexandre Cusson a refusé d’ajouter le nom de Drummondville au nombre des municipalités qui se concertent en vue d’une demande de dérogation.

Des citoyens-militants viendront s’adresser à lui afin de renouveler leur requête, lors de la prochaine séance du conseil municipal, lundi, le 13 mars, afin d’obtenir son adhésion au mouvement municipal.

C’est que le temps presse, indique le juriste Langelier, puisque le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques statuera sur le règlement adopté par les municipalités après le 31 mars 2017.

Mais les opposants aux projets d’exploitation des hydrocarbures n’ont pas l’intention de baisser les bras. Après Coule pas chez nous et Vous n’entrez pas chez nous, une autre campagne d’actions civiles – et non violente, précise-t-on – sera annoncée le 22 avril, le Jour de la terre. Et son message risque d’être encore plus direct que les précédents.

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