Fermeture de HMV: une mauvaise nouvelle pour l’industrie musicale

Fermeture de HMV: une mauvaise nouvelle pour l’industrie musicale
Le commerce devrait ouvrir d'ici la mi-juin

C’est avec le cœur lourd que les employés de la boutique HMV des Promenades de Drummonville ont appris, vendredi soir, qu’ils perdraient sous peu leur emploi, la plus importante chaîne de magasins de disques au Québec ayant annoncé sa fermeture.

Le centre commercial de Drummondville louait depuis une dizaine d’années un local au magasin de disques HMV, où travaillaient six employés.

L’un d’eux, Jérémy Richer, a appris tout comme ses collègues que le magasin fermerait ses portes d’ici huit semaines. Une nouvelle qui a été mal accueillie par les employés, des adeptes de musique invétérés.

«Pour nous, travailler ici, c’était notre job de rêve. Yannick Dumont, notre gérant, c’était le meilleur boss qui soit», confiait samedi midi, l’employé.

Ce dernier analyse après coup qu’il y a eu des signes. Habituellement, les employés remballent la marchandise non vendue durant les Fêtes pour la retourner à l’entrepôt. Cette année, aucune demande en ce sens ne leur a été faite.

Évidemment, l’achalandage baissait au fil du temps, ont remarqué Jérémy et ses collègues. Au lendemain de l’annonce de fermeture, le magasin connaissait toutefois un regain. «Depuis le début de l’ouverture, ce matin, ça n’a pas arrêté», a laissé savoir Jérémy.

Les clients venaient aussi pour échanger leurs points de fidélité inscrits sur leur carte HMV. Ils ont jusqu’à demain soir seulement (dimanche) pour les réclamer.

Réactions

Loin de se réjouir du mauvais sort qui touche la chaîne de magasins HMV, la concurrence s’inquiète du marché du disque.

Marc Gaucher, le propriétaire du magasin L’Obcd du disque, situé sur la rue Lindsay,  se désole de la fermeture prochaine du magasin des Promenades.

«C’est triste pour l’industrie musicale. Les gens croient que nous sommes en compétition, mais c’est tout le contraire. On travaillait pour le même intérêt commun, celui de faire fonctionner cette industrie, qui continue de dégringoler, assure M. Gaucher. C’est inquiétant, car moins les gens vont acheter de la musique, moins il y en aura à vendre. Il y a de moins de moins de musiciens québécois capables de vivre de la musique. Et ça, c’est d’une grande tristesse.»

Les téléchargements, le streaming, le Spotify et les achats en ligne nuisent considérablement à l’industrie du disque, analyse Marc Gaucher. Or ceux qui en font usage n’en mesurent pas les dommages, selon lui. «Les jeunes ne réalisent pas qu’ils sont en train de tuer plein de commerces autour d’eux», déplore-t-il.

Popularité du vinyle

L’Obcd du disque réserve autour de 40% de son inventaire aux disques vinyles, un commerce qui connait un engouement depuis quelques années, surtout chez les milléniaux.

M. Gaucher espère que cela suffira à contrer la perte de revenus du CD.

Éric Bélisle, qui est propriétaire depuis deux ans de Disques et rubans International, l’autre détaillant de disques au centre-ville, situé sur la rue Brock, croit aussi que l’intérêt pour le vinyle est là pour durer, ce qui permettra aux indépendants comme lui de tirer leur épingle du jeu.

Il a appris la fermeture avec une certaine tristesse, surtout pour ses anciens collègues du HMV des Promenades où il avait travaillé de 2008 à 2013.

Il se demande aussi comment réagiront les fournisseurs sans la plus grande chaîne de magasins qu’était HMV.

Mais il garde son optimisme. En apprenant la nouvelle vendredi soir, il s’est dit qu’il valait peut-être mieux investir dorénavant dans la vente de vinyles.

À son magasin, ce support musical a connu une hausse des ventes de l’ordre 70% à 90 % au cours des dernières années.

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