Dans les coulisses d’un CHSLD dans le temps des Fêtes

Dans les coulisses d’un CHSLD dans le temps des Fêtes
Julie Fortier est infirmière depuis peu

SANTÉ. C’est le sourire aux lèvres et une tasse de thé à la main que Julie Fortier, infirmière du centre hospitalier de soins longue durée (CHSLD) Frederick-George-Heriot, a laissé l’auteure de ces lignes s’introduire dans son quotidien de professionnelle de la santé.

La neige tombe doucement et la musique de Noël résonne dans le café Morgane au moment de prendre place pour débuter l’entrevue avec Julie Fortier, une ancienne préposée aux bénéficiaires qui a décidé de se tourner vers le métier d’infirmière il y a trois ans. «Depuis 1998, j’en ai vu, des affaires !», s’exclame-t-elle.

Effectivement, celle qui a d’abord étudié en danse en a passé, des 25 décembre avec ses collègues du CHSLD armés d’un peu de musique festive et de tuques de Noël. Bien qu’elle ait souvent dû fêter sans son garçon, aujourd’hui adolescent, Julie Fortier prend ça avec un grain de sel. «Ça tellement toujours fait partie de ma vie! On essaie de mettre une bonne ambiance de travail, même si on est un peu plus fatigués que d’habitude. On va souvent se faire un petit dîner de Noël entre collègues. Ça fait partie du métier, aussi bien vivre avec!», s’exclame-t-elle.

Les familles des résidents sont aussi une partie intégrante du paysage de Frederick-George-Heriot, et sont en général reconnaissants du travail des professionnels. «Les remerciements sont de bons moments. On va avoir des boîtes de chocolats, des cartes… Ça fait chaud au cœur.»

Une clientèle particulière

Julie Fortier a  souvent travaillé avec la clientèle particulière des personnes atteintes d’Alzheimer, des patients plein de surprises. «Ils appellent ça le plongeon rétrograde, c’est comme si les personnes atteintes d’Alzheimer retombaient en enfance. Il y a donc une spontanéité qui est toujours présente : parfois, ils vont arriver et nous dire qu’ils nous aiment ou nous prendre dans leurs bras sans crier gare. C’est surprenant ce qu’ils peuvent nous sortir!»

Il faut donc un plan bien précis, développé en collaboration avec le médecin, pour composer avec ce genre de maladie. «Je pense qu’ils reconnaissent nos visages, sans pouvoir mettre de nom. D’après moi, ils vont réussir à se souvenir de l’impression, positive ou négative, qu’ils ont eue avec une personne en particulier. On va fonctionner beaucoup avec la mémoire affective pour les amener à réaliser ce qu’on veut faire avec eux, comme la toilette ou manger. C’est un gros défi», raconte-t-elle, l’air un peu attendri.

Une clientèle avec qui Julie Fortier apprécie travailler, mais qui nécessite beaucoup d’attention et de soins. Pourtant, l’infirmière nouvellement diplômée estime qu’elle aura environ vingt patients à sa charge par jour, tout dépendant des effectifs de la journée et du département dans lequel elle se trouve. Vingt patients à qui elle devra effectuer des prises de sang, entamer des traitements, faire des suivis, évaluer les risques de chute ou de plaies, entre autres choses.

«Nous avons deux jambes et deux bras, c’est un fait. Ce que je trouve le plus triste, c’est qu’on ne peut pas laisser les patients faire le peu de choses qu’ils sont encore capables d’accomplir, que ce soit se brosser les cheveux ou se rendre à la salle de bain, parce que ça prend trop de temps. Avoir plus de ressources nous permettrait de souffler un peu et de laisser leur parcelle d’autonomie aux personnes âgées.»

Les ressources sont limitées et les miracles, nombreux. Julie Fortier raconte avoir vu des préposées amener des cadeaux à plusieurs reprises au cours de sa carrière. «J’ai vu plusieurs fois des gens apporter un parfum à des patients qui n’avaient pas beaucoup de visites, amener du shampooing à des patients moins nantis…Être dans le milieu de la santé, c’est une vocation», croit fermement la professionnelle de la santé avec un sourire.

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