Parce que même les intimidateurs et leurs parents ont besoin d’aide

Parce que même les intimidateurs et leurs parents ont besoin d’aide
Martine Leduc

AIDE. Apprendre que son enfant est victime d’intimidation est extrêmement bouleversant et préoccupant. Mais ça peut l’être tout autant lorsque son enfant est l’agresseur. Derrière les gestes répréhensibles se cachent des jeunes souffrants qui ont besoin d’aide et des parents démunis.

Martine Leduc, conseillère pédagogique à la Commission scolaire des Chênes (CSDC), intervient lorsqu’un processus de médiation est nécessaire à la suite d’un cas majeur d’intimidation. Selon elle, il est primordial que la victime et l’intimidateur soient traités de façon égalitaire. «Il ne faut pas oublier l’agresseur, car il a tout aussi besoin d’aide. C’est important de l’écouter pour connaître les faits et pour que ses parents puissent l’accompagner. Il y a des blessures des deux côtés et ça, ça nous préoccupe.»

L’aide apportée viendra non seulement régler certaines problématiques que rencontre l’enfant et peut-être de vieilles blessures, mais aussi cela lui fera comprendre l’impact de ses gestes. De cette façon, on vient éliminer le risque de récidive. Mais avant d’arriver à cette étape, il y a le moment où les parents apprennent que leur enfant a intimidé l’un de ses pairs. Il peut être difficile, par le mélange d’émotions qui les envahit, de savoir comment agir avec. Cumulant 20 ans d’expérience, Mme Leduc est en mesure de bien guider les parents. Un maximum d’outils et de trucs leur aient fourni à commencer par le guide L’intimidation : comment la prévenir et la traiter élaboré par la CSDC.

L’un des premiers conseils que Mme Leduc partage est de ne pas avoir de jugement envers son enfant, lui démontrer en tout temps son soutien et son amour et de ne pas se mettre en colère contre lui.

«Sinon, ce n’est pas comme ça qu’ils vont régler le problème. Il faut qu’ils s’assoient pour en discuter et pour tenter de trouver les moyens pour s’en sortir. Il est aussi important pour le parent de prendre le temps d’écouter la version de l’école»

Dans les semaines suivant les événements, indique Mme Leduc, les parents sont invités à demeurer vigilants sur toutes attitudes anormales, à communiquer davantage avec son enfant ainsi qu’à s’informer sur son quotidien.

«L’interroger sur ses relations amicales tant à l’école que sur Internet peut l’aider à ne pas commettre d’autres gestes.»

Même s’ils éprouvent de la honte et de la culpabilité, les parents d’intimidateur ne devraient jamais hésité de demander de l’aide.

«Il n’y a pas un parent qui souhaite revivre ça. C’est très inquiétant. Lorsqu’ils viennent en médiation, les intervenants concernés dans le dossier et moi-même sommes très rigoureux au niveau du suivi. S’ils ont des besoins spécifiques, nous sommes là pour y répondre», souligne-t-elle, en précisant qu’il existe un nombre incalculable de raisons qui poussent un enfant à intimider un autre.

Comment se déroule le processus de médiation?

La médiation est mise en œuvre à la demande de la direction de l’école avec l’accord des parents des deux parties. Au cours de ce processus, à l’issue positive dans la majorité des cas, Mme Leduc tente de trouver les racines du problème en questionnant et écoutant d’abord les parents et ensuite, les enfants.

«C’est important de prendre le temps d’écouter les parents, car ils sont les premiers intervenants et connaissent mieux que quiconque leur enfant. J’ai vraiment le souci d’identifier l’élément déclencheur du cas. Tout ça m’aidera par la suite à établir un plan d’action pour mieux intervenir auprès du jeune», spécifie-t-elle, indiquant que des témoins peuvent aussi être rencontrés.

En médiation, tout le monde passe en mode solution, pour reprendre les mots de Mme Leduc.

«On ne peut pas reprendre le passé, mais on peut aller de l’avant. Il y a une solution à tout, mais tout est dans la manière de faire les choses. J’ai vu de belles réussites», affirme la dame d’expérience en la matière.

La médiation permet également de connaître la réalité des deux familles, ce qui apporte une meilleure compréhension de la situation.

«Ce que je trouve fort intéressant et encourageant, c’est que dans tous les cas que j’ai traités, les deux familles étaient préoccupées par la condition des deux enfants et montraient une grande ouverture à régler le problème. Certains parents ont même manifesté le désir de s’entraider entre eux.»

Bref, dans le cas ou dans l’autre, Mme Leduc tient à rappeler que les enfants et les parents ont besoin d’aide et que de multiples ressources sont là pour les aider à cheminer dans cette épreuve. 

Quelques conseils pour contrer l’intimidation

· Maintenir le dialogue avec son enfant en tout temps et l’écouter attentivement

·  Établir un code de conduite

·  Surveiller les émissions de télévision à teneur agressive que l’enfant regarde ou les jeux vidéo à caractère violent

· Apprendre à son jeune à gérer des conflits, à exprimer correctement une frustration, à résister à la pression des pairs

· Encourager l’enfant à dénoncer

· Miser sur les forces du jeune

Partager cet article