Décontaminer les archives de la Celanese

Décontaminer les archives de la Celanese
Martin Bergevin et Michaël Bergeron ressemblent à des scaphandriers lorsqu'ils s'appliquent à décontaminer les documents de la Celanese dans un local cloisonné.

La Société d’histoire de Drummond (SHD) s’est donnée la mission de s’attaquer à la Celanese ou plutôt à son fonds d’archives qui racontent son histoire; un projet colossal pour lequel l’organisme s’est vu attribuer une aide financière de 40 000 $ d’Ottawa.

L’aspect le plus spectaculaire de l’affaire concerne la décontamination des documents, empaquetés dans quelque 300 boîtes, et ce n’est pas une mince tâche à en voir l’accoutrement que doivent revêtir Martin Bergevin et Michaël Bergeron, deux archivistes de la SHD, pour se protéger des moisissures, qui constituent un danger pour la santé.

Ces boîtes de documents, datant d’aussi loin que les années 50, ont été mises en quarantaine en 2009 lorsqu’elles ont été déménagées à la SHD qui a dû construire à cette fin un cubicule recouvert de plastique et équipé d’un échangeur d’air.

Voyant venir le transfert dans la nouvelle bibliothèque, le printemps prochain, il n’était pas question d’y apporter ces archives impropres et pas du tout évaluées. C’est alors que la SHD a pensé à inscrire son projet au «Programme des collectivités du patrimoine documentaire 2016-2017» qui a finalement été retenu en juin dernier par Bibliothèque et Archives Canada.

Première dépense : 10 000 $ pour l’équipement. «Nous savions que ces boîtes avaient subi un mauvais entreposage au fil du temps. Il a fallu s’arranger pour stopper le processus de moisissures, ce que nous avons fait en aménagement l’espace de quarantaine. Il fallait surtout éviter tout contact. Nous avons acheté des combinaisons de protection ainsi qu’un aspirateur avec filtre HEPA (High Efficiency Particulate Air) comme ils ont dans les hôpitaux. Nous avons suivi une formation  du Centre de conservation du Québec où l’on nous a expliqué comment utiliser nos équipements, comment reconnaître les moisissures et comment appliquer la décontamination», de raconter l’archiviste Élaine Bérubé, qui n’est pas peu fière de l’expérience que le personnel de la SHD a pu acquérir et qui n’est pas terminée.

La SHD aura l’aide d’une ressource supplémentaire pour réaliser ce vaste chantier qui devrait prendre fin au mois de mars.

«On ne pourra pas tout conserver. On va faire un choix utile dans le but de pouvoir aider un chercheur qui voudra consulter ces archives dans le futur.  Il s’agit ici de sauvegarder le passé, un peu à la manière d’un enquêteur. C’est à peu près le même processus», souligne Élaine Bérubé.

Sur plusieurs de ces 300 boîtes composées de documents papiers, on retrouve des échantillons de tissus produits à la Celanese entre 1953 et 1995, qui sont des témoins des procédés chimiques utilisés par l’entreprise à l’époque.

Et de renchérir Élaine Bérubé : «C’est là une richesse de notre travail. Nous réussirons à échantillonner, à décontaminer et à traiter une série de documents uniques témoignant de l’activité de développement très particulière de cette entreprise qui a été un immense complexe construit en 1926 et qui embauchait 5000 travailleurs dans les années 40. Ces documents ont une valeur historique régionale mais aussi nationale».
La directrice de la SHD, Hélène Vallières, ne cache pas qu’elle cherchera à en faire une spécialisation. «Nous avons une expertise que peu d’organismes comme le nôtre peuvent revendiquer. C’est une première pour nous mais ce n’est pas la dernière. Dans notre rapport final, il sera fait mention de cette expérience et de notre désir de la poursuivre. Notre objectif ultime est la diffusion de ces archives, de les rendre accessibles. Nous avons prévu faire un catalogue, où l’on pourra trouver un résumé de notre travail, des photos et peut-être même qu’une exposition pourra en découler».

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