Troubles alimentaires : la prévention demeure primordiale

Troubles alimentaires : la prévention demeure primordiale
Les intervenants rencontrés dans le cadre de ce reportage estiment que l'approche devrait être revue en profondeur en matière de prévention.

La prévention des troubles alimentaires joue un rôle important pour la sensibilisation. Cependant, les intervenants rencontrés dans le cadre de ce reportage estiment que l’approche, à la fois dans les écoles et dans le secteur médical public, devrait être revue en profondeur.

La psychothérapeute Sylvie Carignan est convaincue que la façon d’aborder le problème doit être revampée de A à Z. «Il n’y a rien au niveau de la psychologie dans les écoles ! s’exclame-t-elle. On devrait axer l’approche sur la façon de vivre ses émotions puisque, souvent, ce sont des gens blessés qui développent des troubles alimentaires.»

Le suivi psychologique existe bel et bien dans le secteur public, lorsque des hommes et des femmes aux prises avec un problème d’alimentation grave franchissent les portes des établissements de santé. Toutefois, la psychothérapeute pense que l’approche est surtout centrée sur le poids, afin de garantir la santé physique des patients d’abord. «C’est normal que ce soit comme ça, c’est leur job. Mais quand les patients ne comprennent même pas leur maladie et pourquoi on veut leur faire prendre du poids, ce n’est pas nécessairement bien non plus», analyse-t-elle, de par son expérience.

 

D’après Karine Leclair, qui a longtemps souffert d’hyperphagie, approfondir ses connaissances des troubles alimentaires est primordial. «Un problème d’alcoolisme est peut-être plus facile à détecter  qu’un trouble alimentaire. Souvent, on va vivre des préjugés, ça a l’air facile d’arrêter de manger. Il faudrait donner des points de repère et faire connaitre plus de maux que seulement l’anorexie et la boulimie, même s’ils sont aussi graves.»

Marilyne Labrecque, quant à elle, se questionne fortement sur la façon d’aborder les troubles alimentaires en classe, qui a plutôt une vocation d’analyse. On va aborder la maladie, la décortiquer, nommer ses causes et ses effets mais sans nécessairement parler de nutrition et des besoins du corps, croit la jeune femme.

«Ce n’est pas une bonne approche. On va bien expliquer la maladie, et c’est correct, mais c’est très dur à expliquer lorsque tu ne l’as pas vécu. Des gens sont sûrement aidés avec cette démarche, mais il y en a beaucoup d’autres à qui ça ne fera rien du tout.» Elle pense à son propre parcours : bien que des professionnels soient venus la rencontrer au primaire et au secondaire, cela ne l’a pas empêché de souffrir de troubles alimentaires pendant des années.

Des cours en alimentation, où les jeunes apprennent exactement ce dont leur corps a besoin et à respecter leurs limites, permettraient d’aider une plus grande proportion de jeunes, d’après cette dernière.

«Nous sommes tous beaux à notre façon !», conclut Marilyne Labrecque d’un air philosophe.

 

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