«La société est tellement axée sur la performance que c’est normal qu’il y en ait»

«La société est tellement axée sur la performance que c’est normal qu’il y en ait»
Toutefois

D’après Anorexie et boulimie Québec (ANEB), un organisme à but non lucratif, «les troubles alimentaires se caractérisent par des croyances, des attitudes et des comportements extrêmes à l’égard de la nourriture et du poids.» Bien que ces derniers diffèrent d’un à l’autre, plusieurs caractéristiques reviennent : faible estime de soi, recherche d’un corps idéal, initiation à un rythme de vie strict, pression des pairs, etc.

«Ils sont présents partout et extrêmement variés. La société est tellement axée sur la performance et le contrôle que c’est normal qu’il y en ait, expose d’un ton désolé la nutritionniste drummondvilloise Maude Fournier. Les gens sont fiers de me dire qu’ils n’ont jamais mangé de frites de leur vie, alors que la perfection n’est pas plus saine.»

«Le trouble se développe souvent après un événement malheureux, et la nourriture ou les privations est la première chose qui a fonctionné pour donner du réconfort. C’est pour combler un manque», explique la psychothérapeute Sylvie Carignan, qui pratique à Drummondville. 

Des traitements pas si simples

Traiter un trouble alimentaire n’est toutefois pas chose aisée. «C’est comme une dépendance, sauf que ça ne se traite pas comme un problème de jeu, d’alcool ou de drogues : la nourriture, on ne peut pas arrêter complètement. On doit apprivoiser», expos-t-elle. Son intervention est basée sur les émotions et l’analyse du comportement, puisque les patients sont déjà diagnostiqués par un médecin lorsqu’ils viennent cogner à sa porte.

Une des méthodes privilégiées par Sylvie Carignan est la thérapie de l’intégration par le mouvement oculaire (IMO), qui est utilisée entre autres auprès des militaires fraîchement revenus du front ou des accidentés de la route. Cette façon de faire peu orthodoxe se sert de lignes droites et courbes (effectuées par la thérapeute avec ses doigts) pour remonter plus loin dans les souvenirs du patient et identifier l’événement à l’origine du choc post-traumatique, qui peut avoir déclenché les troubles alimentaires.

«On découvre le pourquoi derrière ces mauvaises habitudes, on élargit les horizons et on retrouve des détails dont on ne se souvenait plus», explique Sylvie Carignan.

Les ressources au public

«Le CIUSSS MCQ offre des services pour les personnes présentant un trouble de comportement alimentaire et ce à travers la région, dont à Drummondville. On ne laisse personne sans soin ni service», détaille une porte-parole, Anne-Sophie Brunelle, qui n’a pas pu obtenir de données spécifiques en lien avec le nombre de patients avec une problématique grave ayant franchi les portes de l’hôpital Sainte-Croix.

Le premier répondant en la matière est sans conteste le médecin de famille : c’est lui qui s’occupera de faire les tests de base et de référer le patient à un spécialiste, si nécessaire. Un psychiatre est d’ailleurs assigné pour un certain nombre de groupes de médecine familiale (GMF) et au CLSC afin de conseiller et d’épauler les omnipraticiens ; un suivi spécialisé est donc plus facile à obtenir de cette façon. À l’école, des infirmières sont formées pour répondre aux besoins en la matière et, si besoin est, référeront les élèves au service de pédopsychiatrie du CLSC Drummond pour des problématiques plus graves. Plusieurs nutritionnistes sont aussi présents, mais leur rôle consiste à fournir des renseignements.

«Advenant une hospitalisation, selon les besoins, un transfert en milieu surspécialisé à l’extérieur de la région peut être demandé. Cela reste rare car la majorité des personnes présentant un trouble sont pris en charge sur le territoire», explique Anne-Sophie Brunelle.

Toutefois, aucune ressource spécialisée en  troubles de comportement alimentaire n’existe actuellement sur le territoire du grand Drummond. Selon nos recherches, aucun psychologue ou psychiatre n’est exclusivement spécialisé pour ce genre de problèmes.  Aux alentours, les instituts spécialisés (tels que Douglas et la Maison L’Éclaircie) les plus près se trouvent à Montréal et à Québec : le temps d’attente pour avoir accès à ces soins est souvent une question de mois.

 

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