La photographie numérique a changé la manière mais pas l’image

La photographie numérique a changé la manière mais pas l’image
Les photographes Bertin Bélanger et François Pinard ont su s'adapter au marché de la photographie numérique et sont restés fidèles à leur créneau.

PHOTOGRAPHIE. De nos jours, tout le monde, ou presque, a entre ses mains un téléphone cellulaire ou une tablette numérique permettant de prendre des photos. La venue du numérique a complètement révolutionné la façon de faire de la photographie. Dans toute cette vague de pixels, deux photographes de Drummondville ont su s’ajuster et en tirer profit.

«Il faut être encore meilleur qu’avant, soumet le photographe professionnel François Pinard. Aujourd’hui, on ne fait pas seulement prendre la photo, on l’édite, on la retouche. On a besoin de plus d’équipements et de connaissances. On fait tout maintenant», expose celui qui prend des clichés depuis le début des années 80 avec sa place d’affaires située sur la rue Brock.

Selon lui, même si sa clientèle a accès à des studios de photo beaucoup moins dispendieux, c’est la fidélisation et la confiance envers son produit qui lui ont permis de perdurer dans le métier. «J’ai mon créneau. Mon chiffre d’affaires a toujours été stable. Je fais des photos d’enfants dont les parents étaient des clients à mes débuts. Ça se gagne ce lien particulier avec mes clients», donne-t-il à entendre.

Même son de cloche pour Bertin Bélanger, photographe depuis 1976, rencontré dans son studio de la rue Lindsay. «C’est certain que la photo numérique facilite la chose pour tout le monde. Par contre, c’est un art tout comme la peinture ou le dessin. Quand les gens voient ce que je fais et la qualité de mes images, ils comprennent pourquoi ils sont venus dans mon studio», explique-t-il.

Le passage aux appareils numériques n’a rien changé dans les habitudes du photographe. Il a conservé son image, mais s’est ajusté au nouveau marché. «Les clients ne viennent plus directement au studio. Les gens n’ont plus le réflexe d’engager un professionnel. Je participe à plusieurs expositions afin de rejoindre ma clientèle. C’est en voyant les photos qu’ils adhèrent à mon produit», a lancé M. Bélanger.

Pour ces deux artistes de la photo, ce qui a vraiment changé, c’est la rapidité avec laquelle ils livrent le produit. «Mon client arrive, on fait les photos, il va  sélectionner ses préférées sur le web, je retouche au besoin et voilà, le client récupère ses photos en très peu de temps», a précisé M. Pinard. Il en est de même pour M. Bélanger. «Je fais tout ici. Je prends mes photos et je fais choisir mes clients la même journée. Par la suite, j’imprime, lamine et encadre la photo. C’était beaucoup plus long par les années passées».

Si messieurs Pinard et Bélanger ont pu traverser cette révolution, le paysage drummondvillois a vu disparaître les studios de photo des grandes surfaces comme Sears et Walmart. De plus, plusieurs studios indépendants ont ouvert et fermé aux quatre coins de la ville, signe que le marché reste difficile pour les nouvelles recrues.

La photo numérique vue par Jean Lauzon

Jean Lauzon, auteur, essayiste, sémioticien, a travaillé la photo argentique pendant 40 ans avant d’acquérir, en 2009, un appareil photo numérique.

«Ça fait partie de l’histoire technique de la photographie, de la même manière que tous les anciens procédés, daguerréotype, calotype, ambrotype, l’arrivée des films en rouleau, le kodachrome, le polaroid et bien d’autres, malgré leurs différences».

Connu pour son sens artistique et quelques publications de livres, M. Lauzon y voit beaucoup d’avantages. «Le numérique permet d’économiser sur l’achat de films et de faire des images plus rapidement. J’ai la même sensation que du temps de l’argentique, mais avec l’avantage de la rapidité et l’économie du travail de chambre noire, remplacée par les logiciels de traitements d’images». Il termine avec une citation d’Antoine Désilets: «L’important, c’est le photographe avant la technique. Comme pour la cuisine, ce n’est pas la marque du poêle qui garantit de bons plats». 

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