«Vous avez atteint quelqu’un dans ce qu’elle a de plus précieux : son intimité»

«Vous avez atteint quelqu’un dans ce qu’elle a de plus précieux : son intimité»
(Photo : (Photo depositphotos))

Josyane Cloutier
JUSTICE. Jonathan Hamel devra passer les 45 prochains samedi et dimanche en prison pour avoir glissé sa main dans la culotte d’une femme sans son consentement et lui avoir fait des attouchements sexuels : un «comportement inacceptable», d’après le tribunal.

La sentence s’accompagne d’une présence de 10 ans au registre des délinquants sexuels, le minimum imposé dans des cas d’agressions sexuelles, et d’une probation d’un an pendant laquelle il ne pourra entrer en contact sous aucun prétexte avec la victime ou les témoins. Un don de 500 $ devra également être versé au Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La Passerelle.

En avril 2014, la victime s’est rendue à une fête chez une amie, à laquelle se trouvait également Jonathan Hamel. L’accusé s’est montré très intéressé dès le départ et l’a montré notamment en touchant les jambes de la jeune femme sous l’eau alors que quelques-uns des invités de la fête se trouvaient dans le spa. À la demande de la victime, l’hôtesse s’est peu de temps après assise entre les deux afin de mettre un terme à des contacts non désirés. À la suite d’un malaise, la plaignante est allée s’étendre dans une chambre pour se reposer. Le contrevenant a semblé prendre cela comme une invitation, puisqu’il s’est introduit dans la pièce et a glissé sa main sous les sous-vêtements de la victime afin de lui faire des attouchements sexuels aux seins et aux parties intimes.

Selon l’avocat de la défense, Me Laperle, l’agression sexuelle a été commise à cause d’une mauvaise interprétation de signes qu’auraient lancé la victime, laissant croire à l’accusé qu’elle était plus intéressée qu’elle ne l’était en réalité : une opinion que ne partage pas la juge Marie-Josée Ménard. «Vous avez inventé les messages que vous auriez aimé recevoir. Vous avez choisi de tricoter la réalité afin d’aller plus loin que ce qui était permis», a-t-elle tranché en regardant Jonathan Hamel.

Me Laperle visait davantage une peine de 240 heures de travaux communautaires, un suivi probatoire et un don de 1000 $ à la CALACS pour son client. Le procureur a d’ailleurs mis de l’emphase sur les facteurs atténuants de l’affaire : «C’est un événement isolé. C’est un homme sans antécédents judiciaires qui a collaboré avec les policiers, et mon client serait beaucoup plus utile à redonner du temps aux autres victimes d’agressions sexuelles qu’en prison», a témoigné Me Laperle.

La procureure de la Couronne, quant à elle, souhaitait une peine de 90 jours d’emprisonnement à purger en discontinu. «C’est une infraction grave : l’accusé a agressé ce que la victime a de plus intime et il n’y a eu aucun consentement», a statué Me Bernier. Elle souligne toutefois que le rapport présentenciel soumis à la Cour s’est révélé positif, et que le risque de récidive est peu élevé. D’après le document, les procédures judiciaires auraient effectivement fait comprendre à l’accusé la gravité des gestes commis.

La sentence imposée par la juge se veut donc un équilibre entre les volontés de la poursuite et de la défense. «C’est un crime grave que vous avez fait : vous avez atteint quelqu’un dans ce qu’elle a de plus précieux, soit son intimité. Ce geste est violent, autant de façon psychologique, physique, sexuel qu’affectif. Toutefois, vous avez plaidé coupable et vous n’avez pas d’antécédents judiciaires, et le tribunal prend cela en compte dans sa décision», a exposé la magistrate avant de rendre sa sentence.

 

 

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