Une retraite ô combien méritée

Une retraite ô combien méritée
L’Express a rencontré Gérard cet été dans sa demeure.

HOMMAGE. Depuis l’été, une plume de la salle de rédaction de L’Express a disparu des pages du journal. Et pas une simple plume. Celui qui la tenait a informé, touché et amené à la réflexion des milliers de personnes pendant 42 belles années.

Le journaliste Gérard Martin a pris sa retraite après toutes ces années à fouiller, décortiquer et transmettre l’actualité de Drummond à ses chers lecteurs auquel il accorde le plus grand respect.

Sur la ligne du temps de Gérard figurent l’arrivée de la dactylo électrique, puis de l’ordinateur, l’apparition du télécopieur, l’époque foisonnante des médias régionaux, la naissance de L’Express, la venue de l’internet et la transformation extrême du métier qu’ont engendré les médias sociaux. Tout au long de cette évolution médiatique, son amour pour la langue française, son intégrité et l’importance du contact humain, eux, sont restés bien ancrés dans les valeurs de celui que plusieurs appellent affectueusement Pit.

Gérard a commencé sa carrière le 14 mai 1973 à La Parole, soit dans la même année que L’Express voyait le jour. Il a ainsi connu deux générations d’intervenants.

Chaque fois qu’une personne mettait le pied dans la salle de rédaction, Gérard prenait le temps de bien l’accueillir et de discuter avec elle. Et chaque fois, c’était avec le plus grand des sourires, bien visible sous sa légendaire moustache.

De bureau en bureau

En passant de La Parole à L’Express, en vivant la fusion des deux journaux et en suivant les quelques changements d’adresse du bureau survenus en cours de route, le journaliste a connu pas moins de sept déménagements. Et seuls ceux qui ont eu l’occasion de voir l’ampleur des documents que Gérard conservait peuvent avoir une idée de ce que signifiait un déménagement pour lui.

Si des archives régionales devaient être créées à Drummondville, elles pourraient porter sans doute le nom des archives Gérard Martin.

La rédaction du cahier du 200e, publié cet été, lui a permis un retour dans le temps qu’il juge extraordinaire, et ce, malgré le temps qui filait et l’espace qu’il aurait aimé voir plus grand.

Après ce blitz de 200 pages qui lui a bien rempli ses six derniers mois à L’Express, Gérard prend une petite pause d’écriture, très bien méritée. Mais sa plume, ou plutôt, son clavier, ne devrait pas demeurer rangé bien longtemps. Il a déjà quelques projets en tête, dont celui d’écrire sur son patelin, Notre-Dame-du-Bon-Conseil, avec ses amis d’enfance. Il a aussi en tête une idée de pièce de théâtre dont le décor se déroulerait dans une salle de rédaction, qui pourrait être comparée à une chambre de hockey. «Une salle de rédaction, c’est un milieu de vie spécial.»

Aujourd’hui, Gérard Martin peut se dire haut et fort mission accomplie et profiter d’une retraite ô combien méritée.

Au nom de tous les lecteurs, merci Gérard!

Le métier

«Ce qui mérite d’être écrit mérite d’être bien écrit», est en quelque sorte la maxime de Gérard.

Celui-ci ne lésinait sur aucun détail. Chaque texte se devait d’être bien ficelé, tel un foulard tricoté à la perfection, sans maille oubliée.

C’est en quelque sorte pour ces raisons que Gérard s’inquiète pour l’avenir de sa profession.

«Avant, ce n’était pas celui qui annonçait le premier pet. Quand on avait un scoop, c’était du béton et c’était développé, analyse le journaliste. Mais il se fait encore de belles choses. Je ne dis pas le contraire. Dans tout ce côté d’instantanéité, il y a de bons aspects. Et il y a encore de bons journalistes sur le terrain.»

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