L’OR Vert de Saint-Lucien

Auteure : Yolande Allard

Aux pins blancs géants qui ont d’abord attiré les grands entrepreneurs forestiers se sont substituées, dès 1860, d’autres essences comme le pin gris, la pruche et l’épinette. Des chantiers sont en activité aux quatre coins de Saint-Lucien. La coupe a lieu en saison froide de manière à profiter au maximum des avantages naturels qu’offrent la neige et la glace au transport. Aussitôt abattus, les arbres sont ébranchés et sciés en longueur de 4 m.

Dès la fonte des glaces, au printemps, on lance à l’eau des milliers de billots, familièrement appelées «pitounes», chacun frappé des initiales de la compagnie propriétaire. Les récoltes de bois descendant la rivière Saint-François sont «repêchées» à Drummondville ou à Pierreville, alors que celles jetées dans la rivière Nicolet s’arrêtent à Michel Station (5 km à l’ouest de Bon-Conseil) où la Mitchell Church & Fee exploite une méga scierie et un chemin de fer du nom de Drummond County Ry.

Les travailleurs forestiers

Le recensement de 1861 du canton de Simpson révèle la présence de 63 hommes répartis en 8 chantiers exploitant le pin et l’épinette. Plus bavard, le recensement de 1871 dénombre les résidants permanents qui tirent un revenu d’appoint de la coupe du bois. Ainsi, sans renoncer au travail de la terre, les McCaig du 2e rang et les Sharp du 3e rang ont vendu des billots de pin puisés dans leurs boisés de ferme. Alors que les Brown, les Dionne et les Saint-Pierre du 4e rang ont loué leurs boeufs et leurs chevaux en plus de vendre des billots de pin et d’épinette rouge. C’est dans le 8e rang qu’on retrouve les plus gros chantiers familiaux dirigés par les Hénaire, père et fils, ainsi que par les Provancher. Les deux familles vendront, au total, 1700 billots de pin et 1000 billots d’autres essences en une seule année.

Au XIXe siècle, la forêt demeure sans conteste la richesse naturelle la plus abondante sur tout le territoire aujourd’hui connu sous le nom de Municipalité de Saint-Lucien. Cependant, son exploitation à outrance aura contribué à l’épuisement de la ressource dès avant 1920.

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