Fuite commercial ou vivre l’expérience client (partie 1)

Fuite commercial ou vivre l’expérience client (partie 1)

Le Dix30 à Brossard, premier centre « lifestyle » au Québec, serait devenu une destination touristique. Il attire, selon Anabelle Nicoud journaliste à La Presse, les Québécois des régions tout autant que les Montréalais par son stationnement souterrain, son « charme épuré » et surtout ces attraits de divertissements dont son Hôtel ALT, son Sky Spa et sa salle de spectacle l’Étoile.

Là où cet article de Mme Nicoud intitulé « Ces touristes qui préfèrent la banlieue » retient notre attention, c’est quand elle fait témoigner une Drummondvilloise de 43 ans ayant requis l’anonymat : « Si j’ai tout au Dix30, pourquoi j’irais à Montréal? Je choisis le Dix30 pour mes virées avec les copines. Il y a tout, un spa, des restos à tomber à terre, et même un cinéma! ». L’avantage de sauver les heures de pointe et les parcomètres gloutons aurait également motivé le choix de notre consommatrice moyenne pour le Dix30 au détriment de Montréal.

Cette anecdote d’une Drummondvilloise qui consomme dans ce centre commercial en perpétuelle expansion nous amène à nous questionner : sommes-nous dans un cas de fuite commerciale ou devrait-on y voir une exploitation de l’expérience client à son meilleur?

La fuite commerciale et sa gestion

Comment définir une fuite commerciale? Selon Pierre Laflamme, président de Demarcom : « La fuite commerciale représente les dépenses d’une clientèle réalisée dans une boutique ou un commerce de détail ou de service à l’extérieur de sa ville ».

Suivant cette approche, et ce, bien que ce choix soit exprimé par rapport aux critères de Montréal qui sont loin de notre réalité régionale, une Drummondvilloise, en mangeant dans un délicieux restaurant du Dix30, en profitant des forfaits de son spa urbain et d’une promenade au magasin Calven Kline, achète des biens et services hors Drummondville.

Qu’en est-il de la santé commerciale drummondvilloise? Suite à une enquête réalisée auprès des résidents de Drummondville et de Saint-Germain-de-Grantham par Statistique Canada à la demande du Commissariat au commerce de Drummondville en 2009, le taux de fuite s’établissait à 5.2 %. M Guy Drouin directeur général du Commissariat au commerce déclarait : « Ce bas taux démontre la santé économique de la fonction commerciale à Drummondville. Dans l’ensemble, les répondants de l’enquête ont une opinion positive de l’offre commerciale. Malgré la croissance exponentielle des entreprises de biens et de services, ces dernières ne comblent pas tous les besoins en matière de consommation ce qui engendre les fuites commerciales identifiées par l’enquête vers d’autres villes ». Les meubles (9,1 %), les chaussures (7,0 %), les vêtements pour femmes (6,5 %), les automobiles (6,2 %) et la restauration de fine cuisine (5,7 %) sont les biens et services les plus achetés hors de Drummondville. La grande diversité des commerces et des produits est un facteur incitant à planifier des achats dans d’autres villes.

Suivant les experts, les fuites commerciales se gèrent et peuvent être des dépenses récupérables. En effet, cette gestion est notamment possible par du recrutement de commerce extérieur, mais également en agissant sur l’équipement commercial en place.

– L’amélioration du commerce existant peut contrer les fuites et permettre à votre chiffre d’affaires de grimper jusqu’à 30 %, selon M. Laflamme. Cette transformation efficace peut se faire à l’aide d’une base de données de vos clients, d’un programme de vitrines, du marchandisage, d’une politique de services, de médias électroniques et de formations aux employés.

– La rénovation du commerce est également une bonne stratégie et permet une bonification entre 20 et 40 % de votre performance. M. Laflamme recommande de penser à rehausser la qualité de l’offre de nos produits et services, d’améliorer l’aménagement, le design intérieur, d’introduire de nouvelles lignes de produits et de nous débarrasser de nos produits obsolètes.

– La densification du commerce est une avenue supplémentaire apportant des gains plus modestes, mais intéressants pour la clientèle. M. Laflamme propose de combiner plus de deux concepts et d’introduire une gamme de produits complémentaire.

– L’agrandissement du commerce implique des coûts importants. Pour être le bon choix, ces coûts ne doivent pas surpasser les coûts d’une nouvelle construction. Il doit être rattaché à une opportunité d’extension, de rénovation et de compétition pour atteindre jusqu’à 50 % de profit, nous dit M. Laflamme.

– Le regroupement de commerces peut représenter une gestion de fuites commerciales. Son efficacité sera accrue par une optimisation de la complémentarité des commerces regroupés, la cohérence du plan d’ensemble et le rehaussement de la qualité.

– L’implantation d’une nouvelle succursale qu’elle soit de moins de 5 000 pieds carrés ou de plus de 20 000 pieds carrés, aura sûrement un impact de confiance sur l’économie de votre communauté, nous dit en final M. Laflamme. Mais, cette solution ne convient pas à tous.

L’autre modèle de la gestion des fuites commerciales est le recrutement commercial. Il vise à parvenir à une autonomie locale forte. Et pour y arriver, le Commissariat au commerce prône la complicité entre les fonctions commerciales, l’équilibre et la complémentarité. Comme intervenant, intermédiaire du marché, nous aidons les investisseurs, les commerçants existants, les entrepreneurs et la municipalité.

L’enjeu de l’économie locale est la responsabilité de chacun de nous citoyens-consommateurs. Pâques est un bon moment de festoyer, de se réunir et de consommer. Pourquoi ne pas en profiter pour se faire plaisir avec des chocolats, des fleurs, des fraises, un bon repas gourmand, un massage de relaxation ou un nouveau manteau printanier, tout en encourageant nos commençants d’ici.

Dans notre chronique du 8 mai, nous examinerons le cas de cette Drummondvilloise au royaume du DIX30 sous l’indice de l’expérience client.

Pour plus d’informations, vous pouvez joindre le Commissariat au commerce au 819 472-6705, info@commerce-drummond.com ou www.commerce-drummond.com.

JOYEUSES PÂQUES!

Les sources :

– http://www.cyberpresse.ca/voyage/destinations/quebec/montreal/201104/08/01-4387763-ces-touristes-qui-preferent-la-banlieue.php

– « Gestion des Fuites commerciales : Comment améliorer l’armature commerciale urbaine » formation donnée par Pierre Laflamme de Demarcom en avril 2010.

– « ENQUÊTE DE STATISTIQUE CANADA SUR LA GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES, LA MOBILITÉ ET LE TRANSPORT COLLECTIF ET LES HABITUDES DE CONSOMMATION » par le Commissariat au commerce et ville de Drummondville, communiqué 22 septembre 2009

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