Henri-Paul Dionne, missionnaire chez les Inuits

Henri-Paul Dionne, missionnaire chez les Inuits
Henri-Paul Dionne

Auteure : Yolande Allard

En octobre 1949, disparaissait dans les eaux de la baie d’Hudson, le Père Henri-Paul Dionne, 44 ans, missionnaire chez les Inuits depuis seize ans. C’est la consternation dans le hameau d’Esquimo Point, dans la communauté des Oblats de Marie-Immaculée et dans sa famille de L’Avenir. Comment ce gaillard aguerri à la rigueur et aux soubresauts du climat nordique, et qui ne dut son salut qu’à son courage et sa débrouillardise à plus d’une occasion, comment a-t-il pu périr avec ses deux compagnons d’infortune nés dans cet environnement hostile?

Henri-Paul était le septième d’une famille de 17 enfants. La maison qui l’a vu naître et grandir s’élevait à flanc de coteau sur une terre du deuxième rang de L’Avenir. La foi de ses parents, Oscar Dionne et Eugénie Belcourt, était profonde et joyeuse. Passionné pour le chant sacré, son père avait fait ses débuts comme chantre à l’église de L’Avenir à l’âge de huit ans. Rien d’étonnant à ce qu’Henri-Paul soit décrit par ses contemporains comme un « donneur joyeux » qui ne ratait pas une occasion d’entonner un cantique en français ou en inuktitut.

Henri-Paul poursuivit ses études classiques au séminaire de Nicolet. De talent ordinaire en classe, plutôt lent d’expression et pas le moins du monde « académique », il dépassait cependant la moyenne en sens pratique et en piété. Il fut accueilli au scolasticat des Oblats de Marie Immaculée en 1927. Sa première obédience le conduisit à l’île de Southampton dont l’extrémité septentrionale frôle le cercle polaire. Deux ans plus tard, il passa à la mission d’Eskimo Point, située à 250 km au nord de Churchill. Il ne quittera plus cette mission, sauf pour la desserte de Mistake Bay qu’il bâtit de toutes pièces, ou encore pour la course aux âmes à l’intérieur des terres qui lui avait fait parcourir 3 000 km en traîneau à chiens l’hiver précédant sa disparition.

Sa besogne de missionnaire, qu’il qualifiait lui même de difficile, a été publiée à titre posthume sous le titre J’étais routier en terre stérile. Ce captivant recueil de récits provenant des lettres à sa famille et de ses carnets de voyage crayonnés au jour le jour, la plupart du temps sur ses genoux et dans la demi-obscurité des iglous enfumés, transpire les joies, les tracas et les lassitudes d’un missionnaire aimant sans réserve ses ouailles qu’il appelait affectueusement « ses enfants des glaces ».

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