Des allumettes chimiques à Drummondville

Des allumettes chimiques à Drummondville

(Auteure: Yolande Allard) En 1905, un Montréalais du nom de Henry D. Metcalfe, met sur pied, à Drummondville, une manufacture d’allumettes chimiques sur le modèle des manufactures en activité dans les pays dits «avancés». Dans l’édition du 9 décembre 1905 de l’Album Universel, on apprend que «des notabilités montréalaises du monde des affaires et des journalistes furent invités à se rendre par train spécial à Drummondville et à visiter la manufacture d’allumettes (Improved Match Factory). Pour que le voyage n’ait pas l’air trop d’affaires, on l’agrémenta d’une véritable partie de plaisir : dîner dans les wagons-salons du train spécial, promenade en voiture aux chutes du Saint-François et, enfin, banquet offert aux excursionnistes par la ville visitée».

Les invités assistent également à la fabrication d’allumettes qui consiste à tremper des bûchettes de bois de pin, par un bout, dans de la paraffine fondue, puis dans un mélange bien dosé de phosphore, de chlorure de potassium et de colle. Une fois séchées, les allumettes sont empaquetées par les « petites ouvrières canadiennes qui tentent, de leur mieux, d’imiter les Suédois-experts » dont la célérité ne manque pas d’impressionner les visiteurs.

Pour atteindre son objectif de production qui s’élève à 11 millions d’allumettes par jour, l’Improved Match Factory a embauché 75 personnes, dont 44 jeunes femmes, qui ont appris leur métier du surintendant suédois Andersson et de quelques allumettiers de ses compatriotes. Comme en Suède, on utilise de la paraffine fondue plutôt que du soufre lors du premier trempage pour éviter les émanations toxiques. En ce qui concerne le phosphore inflammable à l’air libre, on le conserve dans l’eau à l’état pur et on l’entrepose dans un édifice séparé du corps principal de la fabrique. Malgré ces précautions, en novembre 1914, une explosion entendue à des kilomètres à la ronde emporte la toiture de l’entrepôt, en défonce les planchers et fait voler les vitres en éclats. On déplore une perte de vie, soit celle d’Arthur Doucet, et plusieurs blessés sont transportés au petit hôpital Sainte-Croix de la rue Brock.

La manufacture d’allumettes ferme ses portes en 1916. Depuis 1910, sous la raison sociale Canadian Match Co, elle était la propriété d’un consortium drummondvillois présidé par Ovide Brouillard, député de Drummond à la Chambre des Communes.

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