Les artistes drummondvillois du cigare

Les artistes drummondvillois du cigare
L’Eureka Cigar Factory fit place à l’Improved Match Factory (1905-1910)

Une main-d’œuvre abondante et des avantages financiers substantiels convainquent la Eureka Cigar Factory d’implanter une fabrique à Drummondville en 1899. C’est l’âge d’or du cigare, symbole masculin de richesse et de pouvoir.

Désireux de revigorer la trame industrielle anémique en ce début du XXe siècle, le conseil municipal de Drummondville s’est engagé à fournir les services de base à des taux concurrentiels, soit 5 $ par année pour l’électricité et 10 $ pour l’eau. De plus, il a accordé une exonération de la taxe foncière pour une période de 10 ans à condition que la Eureka Cigar Factory paie ses employés en argent et ne tienne pas de magasin. Ces deux exigences sont décrétées pour éviter le contrôle indu exercé par les Forges McDougall sur ses ouvriers rémunérés en bons d’achat, appelés « pitons », négociables au magasin et à la boulangerie des Forges seulement.

Dans un vaste édifice construit à l’intersection des rues Lindsay et Saint-François, quelque 25 cigariers et cigarières s’initient, sous la direction d’un juif dénommé David Bloomfield, à l’écôtage (qui consiste à enlever la nervure centrale de la feuille de tabac) et au roulage des feuilles, deux étapes de la fabrication de cigares nécessitant une grande dextérité et plusieurs mois d’apprentissage.

Comme ailleurs au Québec, on a embauché des jeunes femmes parce qu’elles représentent une main-d’œuvre à bon marché que l’on peut manipuler au gré des conjonctures économiques. En effet, le salaire annuel des cigarières drummondvilloises s’élève en moyenne à 115 $ alors que leurs vis-à-vis masculins obtiennent entre 400 $ et 600 $ pour un même travail. Sans toutefois éliminer cette discrimination salariale, la Première Guerre mondiale amènera un changement important au niveau des mentalités quant au travail des jeunes filles. On reconnaîtra qu’il est convenable pour elles de travailler avant le mariage, d’autant plus que leurs salaires sont nécessaires pour procurer les biens de consommation de base et un logement décent à leurs familles.

Grâce au recensement de 1901, les noms de quelques artistes drummondvillois du cigare sont parvenus jusqu’à nous, soit ceux de Maurice Robins, Alfred Gauthier, Hervé Plante, Albertine Traversy, Corrine Traversy, Laura Guay, Alphone Troie, Georges Troie, David Plante, Victor Daviau, Joseph Côté, Charles Marron, Joseph Dupuis, Alphonse Demers.

Partager cet article