Les césariennes ne sont pas des décisions prises à la légère

Les césariennes ne sont pas des décisions prises à la légère
Dre Marie-Claude Philibert et Dr Luc Gilbert indiquent qu'au Brésil

À la suite d’un récent article publié dans L’Express annonçant que près d’une naissance sur quatre survenait à la suite d’une césarienne à Sainte-Croix, le centre hospitalier drummondvillois a tenu à informer qu’il était actuellement affilié à l’hôpital Sainte-Justine dans un projet de recherche où il agit comme groupe témoin en matière d’accouchement.

Autrement dit, les omnipraticiens et les gynécologues qui accouchent les femmes à l’hôpital Sainte-Croix font partie d’un groupe d’observation et sont tenus de continuer leur pratique régulière. La décision de réaliser une césarienne suit les mêmes critères d’évaluation qu’auparavant.

Parallèlement, d’autres centres hospitaliers, qui sont également intégrés au projet, sont appelés à offrir diverses formations à leur personnel en obstétrique qui pourraient modifier leurs méthodes d’accouchement.

Les conclusions de ce projet de recherche, qui se terminera en 2011, risquent d’influencer les façons de réaliser les accouchements au Québec.

Si une vie est en danger…

Pour l’instant, le directeur des services professionnels au Centre de santé et de services sociaux Drummond, Luc Gilbert, insiste pour dire qu’actuellement, la décision de faire une césarienne est prise lorsque la vie de la mère ou du bébé est en danger.

Selon la gynécologue Marie-Claude Philibert, la césarienne devient inévitable lors de situations problématiques. C’est le cas notamment des femmes enceintes qui ont subi une césarienne au cours des 18 mois précédents et des bébés mal placés.

Fait intéressant : une première césarienne peut tout de même rester la dernière. Lorsqu’elle a atteint environ 30 semaines de grossesse, une maman qui a accouché par césarienne dans le passé est référée systématiquement vers un gynécologue de Sainte-Croix qui évalue ses chances d’accoucher naturellement, c’est-à-dire par voie vaginale.

Selon Dre Philibert, peu de femmes demandent aujourd’hui des césariennes «de convenance», sous prétexte que le fait de prévoir à l’avance la date de l’accouchement facilite leur horaire.

Après que la gynécologue ait expliqué les implications de cette décision, la grande majorité des femmes enceintes abandonnent leur requête.

Plusieurs facteurs d’influence

Bon nombre de facteurs viennent également influencer le nombre croissant de césariennes effectuées au Québec comme ailleurs au Canada.

En premier lieu, l’âge moyen des femmes qui accouchent pour une première fois s’élève désormais à 30 ans, ce qui est plus vieux qu’auparavant. «Plus on vieillit, plus on risque d’être aux prises avec des maladies concomitantes, comme le diabète ou l’hypertension», indique Dre Philibert.

L’obésité qui, de nos jours, fait de plus en plus de victimes, ne facilite pas non plus les conditions d’accouchement.

De son côté, Dr Gilbert constate que la fécondation in vitro, désormais accessible dans le secteur public, augmente forcément les risques de césariennes, considérant qu’elle multiplie les possibilités de grossesse gémellaire.

Des chiffres qu’il faut nuancer

Selon Dr Gilbert, le nombre de césariennes au Québec a commencé à croître plus sérieusement au début des années 2000. Au cours de cette période, le nombre de ces interventions chirurgicales réalisées à Sainte-Croix ne dépassait pas 20 %.

Or, le centre hospitalier drummondvillois ne disposait pas d’une équipe stable en gynécologie, si bien que la couverture incomplète forçait plusieurs femmes qui vivaient des complications durant leur grossesse à être transférées ailleurs pour accoucher.

Aujourd’hui, quatre gynécologues oeuvrent à Sainte-Croix. Dr Gilbert entend d’ailleurs formuler une demande pour faire autoriser un cinquième poste en 2012.

Au dire des deux professionnels, il ne faut pas banaliser une césarienne, qui reste une intervention chirurgicale, «Mais on peut s’encourager par un point positif : il y a moins d’enfants mal en point à la naissance», commente Dre Phililbert.

Ces derniers s’entendent finalement pour dire que l’idéal serait d’afficher un taux de 15 % de césariennes, mais que le seuil réaliste serait d’espérer des résultats qui varieraient entre 18 % et 20 %.

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