Le parcours écologique de Michael Deetjens l’amène chez les indigènes du Mexique

Par Gerard Martin

Même s’il vient à peine de franchir le seuil du quart-de-siècle, Michael Deetjens compte déjà 15 années de militantisme en faveur de la cause environnementale à l’échelle de la planète. Cet engagement tout naturel pour lui, jumelé à un parcours académique peu commun, fera bientôt de ce Drummondvillois un écologiste professionnel apte à mener une carrière sur la scène internationale.

Poursuivant une maîtrise en biologie à l’Université de Sherbrooke dans le cheminement «écologie internationale» après avoir obtenu son baccalauréat en géographie, ce lauréat d’un prix Phénix en environnement est de retour à Drummondville depuis peu après avoir passé quelques mois dans une petite communauté d’indigènes du Mexique.

En territoire protégé

Pour cette session pratique à l’étranger liée à ce programme unique au Canada, il est permis de dire que l’étudiant en maîtrise n’a pas emprunté le chemin le plus facile car les 350 habitants de Dos Lagunas, une communauté de Chols, n’ont pas la réputation d’accueillir l’étranger dans leur milieu, encore moins de l’héberger.

Ces Chols ont doublement raison d’être craintifs, puisqu’ils sont des migrants ayant quitté la région du Chiapas vers 1982 dans la mouvance de la révolte zapatiste et qu’ils ont choisi comme terre d’adoption une petite partie de ce qui allait devenir la réserve de biosphère de Calakmul, donc un territoire protégé.

 

Incidemment, ces paysans descendant de ce fier peuple indien ont déjà été menacés par les autorités gouvernementales d’être expulsés par les militaires de cette partie de jungle qu’ils ont apprise à maîtriser, laquelle est située à quelques kilomètres à peine des frontières du Guatemala.

 

Les superviseurs d’El Colegio de la Frontera Sur (ECOSUR), établissement mexicain qui partage la gestion de ce volet en écologie avec l’Université de Sherbrooke, n’ont même pas voulu parier sur les chances de Michael d’être accepté là-bas lorsqu’ils l’ont laissé seul avec son destin aux portes de cette réserve.

 

Il faut dire que depuis les dernières années, ECOSUR a vu revenir bredouilles tous les chercheurs qui avaient tenté de s’immiscer à l’intérieur de cette petite communauté de Chols en vue d’y réaliser une souhaitable étude d’impact et de conservation à caractère ethno-botanique.

 

Adorant le Mexique pour y être à son 3e séjour là-bas (certains lecteurs se souviendront de son périple en faveur du papillon monarque), affichant un intérêt particulier pour les écosystèmes tropicaux et ayant surtout le challenge d’initier une étude dans un territoire peu ou pas documenté, Michael Deetjens a donc opté pour ce projet parmi une liste de plusieurs autres, pourtant à l’allure plus attrayante, dans les divers pays participant à des accords de coopération bilatérale.

Accepter la différence

Pour en revenir à son périple, c’est d’abord à la porte d’un petit commerce, l’équivalent d’un dépanneur chez nous, que le jeune blanc-bec à la peau foncé s’est pointé à Dos Lagunas pour expliquer sommairement à la tenancière des lieux le but de son incursion.

À son étonnement presque, après quelques moments d’observation mutuelle, il a reçu l’oreille attentive de la part de celle qui le réfère ensuite, malgré une attente de quelques heures, à l’un des deux commissaires agissant dans la communauté.

 

Encore là, après les pourparlers de circonstance, le représentant des Chols ne lui a pas fermé la porte et l’a plutôt convoqué le soir même à une rencontre avec les hommes de la communauté afin qu’il y plaide sa cause devant eux. «J’étais conscient comme jamais que mon plus grand défi était d’être accepté pour espérer qu’il y ait une suite à mon projet, et c’est pourquoi j’ai décidé de miser sur une approche personnelle en laissant davantage parler mon cœur, tout en demeurant moi-même le plus possible», explique Michael.

 

Dans son discours livré en langue espagnole, il leur a exprimé qu’il savait ce que cela signifiait d’être différent des autres, qu’il ne venait pas à Dos Lagunas pour les juger ni même pour les instruire de ses connaissances, mais pour observer leur façon de faire, particulièrement au niveau de leurs pratiques agricoles.

 

Il faut croire que le message a passé car après un vote auquel, assez étrangement, les femmes (qui avaient été écartées de la rencontre) ont pris part, le futur écologiste a obtenu le rare privilège de demeurer dans la communauté et de loger dans une partie de la salle de réunion.

 

Pour les repas, c’est au commerce l’ayant d’abord reçu que le chercheur a pu combler ses besoins, celui-ci y développant d’ailleurs une belle complicité avec la tenancière et son mari, Diego, un sage, qui ont tous deux été de précieux alliés pour Michael dans sa mission en territoire protégé.

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