L’épidémie de chlamydia s’intensifie

L’épidémie de chlamydia s’intensifie

Ici comme ailleurs, la transmission de la chlamydia atteint un niveau pandémique. En 2009, la clinique sexuelle du CLSC Drummond a recensé pas moins de 223 cas déclarés, ce qui représente vraisemblablement les résultats les plus inquiétants depuis cinq ans.

Bon an mal an, on remarque pratiquement deux fois plus de femmes que d’hommes parmi les cas déclarés de chlamydia au Centre-du-Québec.

Si la tranche d’âge la plus touchée se situe chez les jeunes au début de la vingtaine, un nombre presque aussi important de victimes n’ont pas plus de 15 ans. En troisième position, figurent ceux qui sont âgés de 25 ans.

Comme il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire, la clinique sexuelle du CLSC reçoit systématiquement tous les rapports des chlamydias positives de Drummondville.

Chaque victime doit nommer ses partenaires sexuels au cours des trois derniers mois. «Parfois, les relations ne se terminent pas très bien. On offre aux gens de faire l’enquête pour eux. On prend les coordonnées et on les rejoint», explique l’infirmière Sophie Parenteau.

Comme la plupart des ITS, la chlamydia ne présente, à court terme, à peu près pas de symptôme, surtout chez les femmes. Avec le temps, peuvent apparaître des saignements post-coïtaux, des douleurs ou des pertes vaginales. Dès la présence de symptômes, il revient au médecin d’intervenir. Précédemment, la clinique sexuelle est autorisée à faire des prélèvements et, bien sûr, de la sensibilisation.

Le condom nuirait aux «performances»

Si l’épidémie s’intensifie, c’est que le fameux condom, dont on a tant entendu parler au cours des dernières décennies, a été délaissé. «Il faut le reprendre, le remettre en valeur», estime Nathalie Magnan, directrice des programmes famille et santé publique.

Selon Mme Parenteau, le condom n’a plus la cote chez les jeunes hommes parce qu’ils sont anxieux de performer aussi bien que leurs homologues sur Internet… ce qui ne fonctionne pas toujours. «Avec le condom, c’est encore pire», constate l’infirmière.

Quant aux jeunes filles, elles semblent éprouver de la difficulté à s’affirmer dans le respect d’elles-mêmes, en mettant leurs limites.

Une tendance irréversible? Ces deux femmes ne lancent pas la serviette. «Il ne faut surtout pas être moralisateur. Il faut d’abord rejoindre les jeunes dans la relation qu’on établit avec eux. Ils doivent savoir que moins on se protège, plus les risques sur la santé sont réels», communique Mme Magnan.

Et la bonne écoute reste le mot d’ordre : «Je les accueille comme si c’était mon fils ou ma fille. Je ne suis pas là pour dire quoi faire. Je leur demande surtout s’ils sont bien dans ce qu’ils font», souligne l’infirmière.

Elle en entend de toutes les couleurs

Chose certaine, Sophie Parenteau en entend de toutes les couleurs… Au cours des dernières années, celle-ci remarque que la sexualité des jeunes commence beaucoup plus tôt et qu’elle ne rime pas nécessairement avec amour.

L’accessibilité des sites XXX sur Internet n’est pas étrangère à ce phénomène, si bien que la sexualité est devenue un objet de consommation, dont il faut pousser les barrières de plus en plus loin. «C’est comme s’ils viennent saturés d’une relation sexuelle «normale» avec une seule personne», note-t-elle.

Par exemple, de plus en plus de filles se disent bisexuelles pour suivre la mode. Bien sûr, les chansons et les vidéoclips en vogue tels que «I kissed a girl» donnent le ton. Dans les discos «branchées», il n’est pas rare non plus de voir deux filles s’embrasser pour attirer le regard des garçons.

Consciente que toutes les jeunes filles ne se comportent pas ainsi, Mme Magnan remarque néanmoins que la sexualité est particulièrement banalisée de nos jours.

Mûres pour une pause… à 20 ans

Au dire de Sophie Parenteau, le vent changerait avec l’âge, surtout chez les filles qui en viennent à questionner leurs comportements sexuels.

«À 20 ans, des filles veulent prendre une pause. Après avoir eu leur lot de partenaires, elles sont prêtes à faire d’autres choix», évoque-t-elle.

La sexualité s’inscrirait donc dans la foulée de la crise de l’adolescence, parfois lourde de conséquences. «Une chlamydia à 16 ans peut être grave. Si l’infection pelvienne se rend aux trompes, il y a des risques d’infertilité et de grossesses ectopiques», informe Mme Parenteau.

D’autres ITS, comme l’herpès bucco-génital, sont pour la vie, ce qui complexifie par la suite la recherche d’un partenaire amoureux stable. Un site de rencontres pour des gens aux prises avec une ITS incurable (www.itsrencontre.com) a d’ailleurs vu le jour. «C’est un coup dur pour la santé et l’estime de soi», déplore l’infirmière.

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