Sa douce folie est de sauver des vies

Sa douce folie est de sauver des vies
@BV:Durant une mission humanitaire

Pas facile de résumer le parcours de Martin Sanfaçon. De lui faire dire qu’il est exceptionnel, encore moins. Pourtant, lorsqu’on aborde son emploi du temps qu’il occupe comme médecin spécialiste, agriculteur, coroner et bénévole au Service d’intervention d’urgence du Centre-du-Québec (SIUCQ), on comprend pourquoi ce père de quatre enfants en a long à raconter…

Pour Dr Martin Sanfaçon, les gens qui paraissent exceptionnels sont simplement des gens qui se sont trouvés au bon temps, au bon moment, dans une bonne organisation.

Au cours de la dernière année, ses réalisations comme directeur médical au SIUCQ ont particulièrement capté l’attention. À bord d’Air Transat, son équipe a mené deux missions en Haïti, afin d’accompagner, durant le vol, des orphelins et autres passagers sinistrés vers le Canada.

Mais cette expérience inoubliable n’aurait pu être possible sans le bagage que l’organisation a acquis depuis sa fondation, il y a 12 ans. Pour Dr Sanfaçon, qui tient la barre depuis les débuts, il n’y a pas de petites missions.

Comme si ses fonctions de médecin spécialiste aux soins intensifs n’étaient pas assez, ce L’Avenirois d’adoption accepte volontiers de se déplacer à toutes heures du jour et de la nuit, lorsque ses services sont sollicités, la plupart du temps en cas d’incendie. «Si j’arrive sur un feu, je prends soin des sinistrés, s’il y en a. Je m’assure que personne n’est en détresse. Je m’occupe de faire livrer les médicaments requis, etc.», explique-t-il, signifiant bien sûr que les interventions sont le fruit d’une équipe assidue.

Parfois ils interviennent lors d’évacuation, comme ce fût le cas à la résidence l’Ermitage où un incendie s’était déclaré, en juillet 2008.

Il se souvient des quelque 250 personnes âgées désemparées qui étaient adossées, en pleine nuit, le long du bâtiment voisin. Ils avaient besoin d’aide… À d’autres occasions, c’est aux pompiers blessés que son équipe médicale porte assistance.

Une soif inaltérable à vouloir aider les gens

À ses débuts au SIUCQ, Dr Sanfaçon se rappelle que ses collègues de l’hôpital Sainte-Croix se moquaient de lui. Aujourd’hui, ces derniers lui posent des questions sur les récentes interventions. Ils veulent savoir. Certains lui offrent même de prendre le relais lorsqu’il a des appels d’urgence pour le SIUCQ.

La bougie d’allumage qui l’anime : sauver des vies. D’ailleurs, sa passion pour l’intervention civile s’apparente à celle pour la médecine, qu’il pratique depuis 23 ans si l’on tient compte de ses années de formation à l’Université Laval.

«À la base, les futurs médecins veulent aider des gens. On est inspiré par les beaux côtés, mais avec le temps, il y a aussi les désillusions», raconte ce professionnel de la santé.

Il donne en exemple les personnes qui souffrent d’un cancer aux poumons et qui continuent de fumer après leur opération.

Au SIUCQ, la presque totalité des sinistrés auxquels il porte assistance n’ont pas provoqué leur situation. Que l’on pense à un feu, une tornade ou une inondation… «Je retrouve là l’essence même pour laquelle je suis allé en médecine», communique ce dévoué bénévole.

En plus de la collaboration de ses collègues et de son employeur, cet homme de 44 ans est aussi reconnaissant envers sa femme, même si ce n’était pas toujours de gaieté de cœur qu’elle le laissait partir, aux petites heures du matin… «Quand elle a vu que c’était un combat perdu, elle est aussi entrée membre au SIUCQ», avance ce dernier, avec sa verve communicatrice.

C’est donc en compagnie de sa conjointe et de son équipe que Dr Sanfaçon a piloté, au début 2010, deux missions en Haïti pour lesquelles le SIUCQ avait offert ses services. «Des bénévoles ont remis les orphelins haïtiens dans les bras des parents adoptifs qui les attendaient à l’aéroport, relate-t-il. C’est une grande satisfaction personnelle d’être intervenu dans un sinistre de niveau international… et d’avoir bien fait».

En vol, le SIUCQ a dû dépanner d’autres organisations médicales provenant de centres pédiatriques de haute réputation, qui manquaient d’équipement. «Ça nous a fait sourire», lance-t-il.

Au dire de celui-ci, c’est dans les petits détails qu’on s’aperçoit de la maturité d’une organisation : «On a eu la chance de se comparer à d’autres et on revient en se disant qu’on est à la hauteur de nos prétentions».

Voilà une preuve que le bénévolat peut s’avérer de grande qualité. Dr Sanfaçon ne cache pas non plus sa fierté du travail qu’accomplissent les membres, anciens et présents, de son équipe. «Quand j’entends qu’il ne faut pas trop en demander à des bénévoles, je m’offusque. Je connais des gens rémunérés qui font un travail médiocre et des bénévoles qui font des choses extraordinaires», exprime ce passionné.

Dans ses temps libres, il est donc inutile de chercher Dr Sanfaçon sur un terrain de golf. S’il n’est pas auprès de sa famille ou des animaux de son entreprise, la Ferme de L’Avenir, c’est qu’il continue à vouloir sauver des vies. C’est sa folie à lui.

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