Il n’y a pas de doute. Drummond veut demeurer un territoire hostile aux gangs de rue. À ce sujet, le conseiller municipal Jocelyn Gagné est catégorique : «On n’en a pas. On n’en veut pas et on prend les moyens pour ne pas en avoir», s’exclame-t-il.
Depuis un an environ, un comité local composé de la Sûreté du Québec (SQ), de la Ville de Drummondville, du Centre jeunesse, du Refuge La Piaule, de la Commission scolaire des Chênes, du CLSC (volet HLM) et de la Maison des jeunes Richelieu est mobilisé pour prévenir cette problématique.
Dans un esprit proactif, il a soumis une demande de subvention au ministère de la Sécurité publique, dans le cadre du Programme de financement en prévention du recrutement des jeunes aux fins d’exploitation sexuelle dans un contexte de gangs de rue.
Leur projet a été accepté, a raison de 74 000 $ au cours de la prochaine année.
Au dire de M. Gagné, ce montant permettra aux intervenants de développer un coffre à outils. «On veut intervenir efficacement dans le milieu scolaire, communautaire et de la rue», fait valoir le conseiller municipal.
Une zone à risque?
En fait, la SQ fait déjà beaucoup de prévention en la matière. Selon le directeur au poste de la MRC de Drummond, Mario Grenier, plusieurs conférences sont présentées aux élèves des écoles secondaires de la région portant tantôt sur la cybercriminalité, le vol, le taxage et l’intimidation.
Cette fois, le comité local veut aller plus loin. Même si les responsables assurent qu’il n’y a pas d’incursion de gangs de rue à Drummondville, le territoire resterait vulnérable, de par sa position géographique, située entre les deux pôles majeurs que sont Montréal et Québec. «Sur le plan de la criminalité ou l’implantation de gangs de rue, on peut penser que Drummondville est peut-être intéressant… Je ne dis pas qu’il l’est non plus», soutient M. Gagné. «Et on ne veut pas qu’ils s’arrêtent ici. Sur la 20, on veut qu’ils continuent», indique pour sa part M. Grenier.
Quant aux signes symboliques d’espadrilles enroulées autour d’un fil électrique pour annoncer la présence d’un gang de rue, le conseiller municipal n’y croit pas vraiment. «On n’a pas d’informations comme quoi c’est véridique. On a des oreilles un peu partout. Ce genre de manifestation n’existe pas», poursuit-il. À la limite, il s’agirait d’imitation. Donc attention aux fausses interprétations… «Il ne faut pas considérer que, parce qu’on voit des garçons et des filles ensemble, on a forcément affaire à des gangs de rue. Ce sont plutôt des gangs dans la rue», nuance M. Gagné. À vrai dire, ce retraité de la Sûreté du Québec rappelle qu’une gang de rue appartient à un groupe criminalisé. «Ce sont des gens qui vivent de la criminalité, autant de la prostitution que de la vente de drogue, avec un réseau et un territoire où ils exercent une zone d’influence», spécifie-t-il.
Plan d’action
Comme la confirmation de la subvention est encore toute fraîche, il reste à définir comment les 74 000 $ seront investis.
Le Refuge La Piaule agit comme porteur de dossier, détenant la responsabilité de gérer le projet. Pour le détail du plan d’actions, la travailleuse de rue Caroline Guérard préfère ne pas s’avancer pour l’instant. «On va regarder ça en comité», commente-t-elle.
Chose certaine, leur Jessy Mobile sera mise à contribution, si l’on se fie au conseiller municipal. «On veut développer différentes façons de sensibiliser les jeunes, en les impliquant directement», a-t-il précisé.