Les familles d’accueil de la DPJ veulent se syndiquer

Depuis que le gouvernement a déposé, au printemps dernier, le projet de loi 49, les familles d’accueil de la DPJ ont la possibilité d’être représentées par un syndicat. Il reste à savoir si, au Centre-du-Québec, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ou la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) sera désignée pour négocier la convention collective.

Toutes les familles d’accueil de la province ont déjà entamé des démarches de syndicalisation. Une instance pour chaque région administrative du Québec aura le mandat de négocier avec son centre jeunesse. En Montérégie et au Centre-du-Québec, une lutte syndicale a vu le jour. Dans la région, la cause fait l’objet d’une requête à la Cour supérieure.

Selon Serge Bisaillon, directeur du Centre jeunesse de la Mauricie et du Centre-du-Québec, les familles d’accueil ont toujours été représentées par une fédération, mais jusqu’à ce jour, celle-ci n’avait pas comme mission de faire des représentations syndicales.

Trois joueurs dans la course

Cette Fédération a donc été la première à tenter de démontrer à la Commission des relations du travail (CRT) qu’elle pouvait représenter les gens du Centre-du-Québec.

Or, au terme d’une campagne qui s’est déroulée de mai à juillet 2009, la Fédération n’a pas réussi à obtenir la majorité nécessaire pour déposer une demande de reconnaissance.

C’est alors qu’à la mi-juillet, la CSD a été invitée à rencontrer des familles d’accueil. «Les gens nous demandaient de transmettre l’information que nous avions afin de leur permettre de faire un choix d’allégeance syndicale plus éclairé», a exprimé Serge Tremblay, trésorier national de la CSD.

Une campagne de recrutement s’est donc orchestrée. «En moins de deux semaines, nous avions obtenu une forte majorité d’adhésion», a informé ce dernier.

De son côté, même si elle n’était pas majoritaire, la Fédération a présenté sa demande de reconnaissance à la CRT, que la CSD (qui avait également déposé la sienne) a contesté devant les tribunaux puisqu’elle l’estimait non fondée juridiquement.

Entre-temps, la Fédération a conduit une entente de services avec le local 800 de la FTQ, si bien qu’un troisième joueur est arrivé dans la course. À son tour, celui-ci a mené une campagne d’adhésion au Centre-du-Québec, au terme de laquelle il a déposé une requête avec une majorité de cartes de membres.

La cause qui se trouve présentement devant la Cour supérieure déterminera laquelle des instances syndicales sera finalement retenue.

Parmi les objets de négociation, soulignons le «per diem», qui constitue le montant d’argent attribué aux familles au quotidien. «Nous évaluerons de quelle façon va être considéré le panier de services», explique M. Bisaillon. Il sera notamment question de regarder la somme allouée aux vêtements, aux frais d’activités, à la fréquentation scolaire, etc.

Les congés et les mécanismes de règlement des litiges se retrouveront certainement à la table de négociation.

Les relations risquent de changer

Au terme de ces négociations, M. Bisaillon se demande comment se traduiront les relations de travail avec les familles d’accueil, surtout les familles dites «spécifiques» constituées d’un membre de la famille naturelle de l’enfant.

«On a des enfants qui sont placés dans des familles d’accueil pour de très longues périodes et ils deviennent véritablement des enfants de la famille», met-il aussi en contexte.

D’ailleurs, la responsable d’une famille d’accueil de Drummondville, Nathalie Turcotte, questionne comment elle gèrera la future convention collective dans son quotidien. «Je voulais fonder une vraie famille. Je ne fais pas ça pour l’argent», a-t-elle exprimé.

Elle témoigne tout de même avoir reçu la visite entreprenante de diverses instances syndicales à son domicile, notamment durant l’heure des repas.

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