La bonne utilisation «de transiger»

La bonne utilisation «de transiger»
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Dans un souci de préserver et de promouvoir la langue française, Écritout – un cabinet, fondé par l’écrivaine et poète Nora Atalla, offrant des services linguistiques – a conçu un bulletin linguistique intitulé «Flux de parole, le bulletin mensuel de la logomachie».

Ce bulletin rend compte des «querelles sur les mots». Il y est question des difficultés de la langue française, qu’elles soient orthographiques, grammaticales ou syntaxiques. Qu’il s’agisse d’erreurs sémantiques ou lexicales, de maladresses ou tics d’écriture, d’anglicismes, de québécismes, de canadianismes, ou encore, d’impropriétés de la langue, Écritout les met en évidence – avec explications, justifications et exemples à l’appui – et livre les termes ou les mots justes à employer.

Deuxième leçon du Bulletin linguistique

Si dans la phrase 1 vous avez trouvé une faute, vous êtes loin du compte; deux fautes, vous brûlez; trois, vous avez tapé dans le mille! Et dans la phrase 2, combien de fautes d’après vous?

1. Les actions de WinderX se transigent 5 $ chacune à la Bourse de Toronto.

2. Monsieur Smith a transigé toutes ses affaires à sa banque locale.

Sachez que dans la phrase 1 se trouvent trois fautes et dans la phrase 2, il s’en trouve deux, cela dans le même mot : transiger.

Faute lexicale : se transiger ne s’écrit ni ne se dit… De fait, se transiger n’existe pas dans la langue française!

Faute sémantique : c’est-à-dire, donner à un mot un sens qu’il n’a pas. Transiger signifie faire des concessions réciproques pour parvenir à un accord, de manière à régler un différend, ou faire des compromis, renoncer à une partie de ses exigences relativement à quelque chose. On transige généralement avec quelqu’un sur ou à propos de quelque chose, ou avec sa conscience, l’honneur, etc., par faiblesse ou en invoquant des motifs peu valables. En droit : faire une transaction avec l’autre partie. Mieux vaut transiger que plaider. «Que faire, monsieur le comte? Il n’y a qu’un moyen, transiger» (Balzac).

Faute grammaticale : le verbe transiger est un verbe intransitif; il ne peut avoir de complément (d’objet) direct.

Exemples d’utilisation adéquate du verbe transiger : -Les conflits dureront tant que le gouvernement et le peuple refuseront de transiger. -«Il n’y a rien à gagner à transiger avec l’erreur ou l’injustice » (É. de Girardin). -Même l’homme le plus honnête transige parfois avec ses principes.

L’utilisation de transiger dans les sens de «traiter» ou de «faire des affaires» ainsi que l’emploi de se transiger pour «coter» ou «négocier» donnent lieu à des impropriétés. Ces usages sont pourtant très répandus.

Exemples d’utilisation adéquate dans le sens de traiter, négocier, coter : -Les actions de WinderX cotent — ou se négocient — (et non : se transigent) 5 $ chacune à la Bourse de Toronto. -Monsieur Smith a traité (et non : a transigé) toutes ses affaires avec le directeur de sa banque locale. -Les investisseurs peuvent-ils vraiment faire des affaires (et non : transiger) au moyen des technologies de l’information en toute sécurité?

Source : Petit Robert, Office de la langue française du Québec et Écritout.

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