Des investisseurs floués pour 712 500 $ se font entendre

Des investisseurs floués pour 712 500 $ se font entendre
Aux auditions qui se tenaient au Dauphin

Le conseiller Jean Bissonnette a brillé par son absence, les 23 et 24 février 2010, lors des auditions, au Dauphin de Drummondville, qui visaient à déterminer s’il est coupable ou non de s’être approprié pour des fins personnelles d’importantes sommes d’argent confiées par ses clients.

Avant d’être radié provisoirement de la Chambre de sécurité financière (CSF), en juillet 2009, le résidant de L’Avenir, Jean Bissonnette, oeuvrait en assurance de personnes, en assurance collective de personnes et en courtage en épargne collective.

Concrètement, il dirigeait les services financiers Jean Bissonnette inc., situés au 235, Hériot, bureau 435, à Drummondville.

Mais des manœuvres douteuses, conclues entre le 1er avril 2008 et le 7 juillet 2009, le placent actuellement au cœur d’un scandale financier. La plainte disciplinaire de la CSF, rendue publique cette semaine, fait état d’une quinzaine d’investisseurs floués, soit Gestion François Beaudoin inc. (Drummondville) 55 000 $; Éric Fafard (Saint-Germain-de-Grantham) 25 000 $; Bruno Hugi (Saint-Théodore-d’Acton) 225 000 $; Marcel Heine (Saint-Liboire) 10 000 $; Sandra Heine (Saint-Liboire) 6000 $; Drainage Lazure inc. (Saint-Liboire) 40 000 $; Denis Duchesne (Saint-Liboire) 10 000 $; Michel Ménard (Drummondville) 5000 $; Roland et Andrée Fréchette (Saint-Nicéphore) 5000 $; Réjean Desrochers (Warwick) 15 000 $; Paulette Longpré (L’Avenir) 41 500 $; Johny Hugi (Saint-Théodore d’Acton) 150 000 $; Roch Robitaille (Warwick) 100 000 $, et Guylaine Germain (Warwick) 25 000 $.

Ces derniers ont été invités à relater, devant un comité de discipline, les circonstances qui les ont conduits à confier leurs investissements à Jean Bissonnette.

Une victime parmi tant d’autres

Par exemple, Sandra Heine a raconté avoir fait la connaissance de M. Bissonnette il y a une dizaine d’années alors que ce dernier s’occupait de l’assurance collective de l’entreprise où elle travaillait, Drainage Lazure.

En septembre 2008, il lui a demandé si elle avait un peu d’argent à investir pour une bonne occasion d’affaires. La proposition consistait à lui prêter ses économies pendant trois mois. En échange, il lui promettait de faire fructifier ses avoirs, avec un taux d’intérêt de 7 % à 10 %. «À propos de la transaction, il ne pouvait pas dire grand-chose parce qu’il y avait d’autres personnes impliquées, mais qu’il n’avait pas d’inquiétude à avoir. C’était un "deal" sûr à 200 %», a rapporté Mme Heine.

Il était notamment question d’acheter des propriétés en reprises de finances et de les revendre à meilleurs prix. «J’avais une grande confiance en lui. Je ne pensais pas qu’il pouvait me flouer», a exprimé la dame, qui lui a finalement prêté 6000 $ en argent comptant. Son père l’a d’ailleurs imitée.

Lors de la transaction, M. Bissonnette lui a donné un document en échange. «J’étais surprise, je m’attendais à recevoir un billet plus formel qu’un papier écrit de sa main», a-t-elle commenté.

Une fois les trois mois écoulés, Mme Haine a relancé le conseiller. M. Bissonnette lui a alors expliqué qu’il y avait du retard dans les transactions, mais que tout était sous contrôle. À ce moment, il a même réussi à soutirer des sommes supplémentaires parmi l’entourage de sa cliente.

Par la suite, Mme Heine a régulièrement rappelé M. Bissonnette, qui lui retournait toujours ses appels. Toutefois, à l’arrivée du printemps, elle a été informée que d’autres personnes couraient, comme elle, après leurs investissements. Puis, lorsque l’annonce de la radiation provisoire de ce conseiller a été rendue publique, cette résidente de Saint-Liboire savait que ses chances de revoir son argent étaient minces…

C’est ainsi qu’une quinzaine d’investisseurs qui ont transigé de la sorte avec M. Bissonnette ont vu leurs économies partir en fumée. Cette semaine, lors des auditions, M. Bissonnette n’était représenté par aucun procureur, si bien qu’aucune défense n’a été assurée.

Entre-temps, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a ordonné à M. Bissonnette le blocage, l’interdiction d’opération sur valeurs et d’agir à titre de conseiller.

De plus, plusieurs plaignants ont entrepris des procédures judiciaires à la Cour supérieure et du Québec, engendrant cependant peu de résultats.

Un des investisseurs, Hugi Bruno, a obtenu un jugement de la Cour supérieure, l’autorisant à être remboursé de 206 624,62 $. Or, selon l’AMF, le demandeur n’aurait, à ce jour, réussi qu’à récupérer environ 20 000 $. Lors des saisies, tous les coffres de M. Bissonnette étaient vides… ou presque.

Où est passé l’argent?

Le 30 avril 2008, lors d’une audience à la Cour supérieure, M. Bissonnette a été questionné à maintes reprises afin qu’il divulgue où il avait placé l’argent qu’on lui avait prêté. Or, cet homme dans la quarantaine a toujours refusé de répondre, si bien qu’il a été déclaré coupable d’outrage au tribunal et condamné à 16 jours fermes de prison.

Pour ceux qui se demandent pourquoi des accusations criminelles n’ont jamais été portées contre M. Bissonnette, il faudrait que les plaintes soient adressées à la Sûreté du Québec. Si les éléments de preuves étaient jugés suffisants, une enquête pour fraude pourrait être menée.

Finalement, il faudra attendre les prochaines semaines pour connaître la décision de la CSF, qui déterminera si ce présumé «fraudeur à cravate» fera l’objet ou non d’une radiation permanente.

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