«Des femmes fortes font la force du monde»… Le thème de la Journée internationale de la femme ne pouvait être plus à propos. Samedi soir, elles étaient plus d’une vingtaine à avoir bravé la tempête pour un souper communautaire réunissant des femmes issues de plusieurs communautés culturelles.
Algérie, Mexique, Macédoine, Canada, Maroc, Colombie… voilà quelques exemples de pays représentés par des Drummondvilloises ayant répondu à l’invitation du Regroupement interculturel Drummond (RID), samedi soir, au café Clovis, pour la Journée internationale de la femme.
Malgré leur diversité en terme d’âge et d’origine, un point les ralliait toutes : la condition de la femme aux quatre coins du globe. Les immigrantes présentes étaient conscientes qu’elles puisent en grande partie leur force dans l’adoption de lois en leur faveur.
Au menu de la soirée, elles avaient pris soin de préparer, chacune, des mets de leur pays d’origine. Le repas coïncidait avec le visionnement du film «La nuit sacrée», de Nicolas Klotz. Ce long métrage marocain, couronné de prix, a servi d’entrée à la discussion.
Il faut dire que le sujet ne laissait aucune femme indifférente… Après avoir eu sept filles, un père sans héritier est persuadé qu’une malédiction plane sur sa famille. Pour empêcher son frère de mettre la main sur sa fortune, il décide que son huitième enfant sera un garçon… même si c’est une fille. Frustré, le père décide alors d’élever l’enfant comme un garçon.
Des musulmanes s’expriment
Le film, issu d’une histoire vraie, a donc suscité des réactions à l’effet que, dans les pays musulmans, à moins d’un acte notarié indiquant le contraire, l’héritage du père, à son décès, est principalement versé à son ou ses fils.
S’il n’a engendré que des filles, la succession est davantage répartie au sein de la famille du paternel. Les enfants de sexe féminin n’ont droit qu’à une infime partie, ont déploré les femmes immigrantes.
Aziza Aboulaz, d’origine marocaine, reconnaissait des us et coutumes relatés dans le film, bien que la situation se soit améliorée avec les années. «Le garçon est encore souvent l’honneur de la famille, mais il y a eu des progrès», a-t-elle commenté.
La directrice du RID, Khadra Benelhadj-Djelloul a parlé de l’importance des lois qui protègent les droits. «C’est pourquoi il y a de l’évolution», a-t-elle souligné, reconnaissant que, pour cette raison, au Québec, la condition féminine a une longueur d’avance.
Sa sœur, Fouzia Benelhadj-Djelloul, a évoqué qu’une loi obligeant jadis tous les enfants d’Algérie à fréquenter un établissement scolaire a aussi contribué à l’avancement du féminisme. «Mais le fait d’envoyer une fille à l’université, comme l’a fait mon père, c’était un geste courageux! Il fallait défier l’entourage», a-t-elle communiqué à ses semblables.
De plus, ces dernières ont avancé que la Journée internationale de la femme est soulignée par un congé férié, au Maroc, mais cela n’est pas le cas dans les pays d’Amérique centrale ou du Sud. «Le 8 mars, on sait que ça existe, mais ce n’est pas la grosse fête», a laissé tomber une jeune colombienne.
Pourtant, la directrice du RID n’est pas sans savoir que ce coin de pays n’est pas exempt de violence envers les femmes. «Ici aussi, il y a de la violence, mais il y a des lois qui protègent ça», a insisté Mme Benelhadj-Djelloul, pour marquer la différence.
Outre cet aspect politique, le ton a changé de registre, en fin de soirée, en faisant danser les immigrantes sur des rythmes du sud chaleureux, au point de faire oublier la tempête de neige extérieure… servie «à la québécoise».