Coussins gonflables : Éric Blanchette pourrait faire changer le Code de la sécurité routière

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Par Lise Tremblay
Coussins gonflables : Éric Blanchette pourrait faire changer le Code de la sécurité routière
Éric Blanchette

Cinq ans après l’adoption du projet de loi 67 visant à interdir toute réparation de coussins gonflables au Québec, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) s’apprête à approuver un projet-pilote qui pourrait, ultimement, amener des modifications au Code de la sécurité routière. Le directeur du Service d’ingénierie de la société d’État, Gaétan Bergeron, précise que le mandat devrait être octroyé à Éric Blanchette, propriétaire de l’entreprise ACE Électronique de Drummondville.

Qui a pu oublier les façons de faire de la compagnie Demers Airbags (Québec) qui insérait de la poudre à canon dans les dispositifs de coussins gonflables devant être réparés après une collision. Au cours de ses années de pratique jugée criminelle par la justice québécoise, cette entreprise a «réparé» plusieurs centaines de coussins gonflables au Québec, mettant ainsi en danger la vie de plusieurs automobilistes.

Fortement médiatisée, cette histoire s’est rendue jusqu’à l’Assemblée nationale, laquelle a finalement adopté un projet de loi interdisant du coup l’installation, la vente, la location ou la mise à la disposition de quiconque contre valeur d’un module de sac gonflable, à l’exception d’un module neuf (2002). «À cette époque, nous étions seulement trois qui réparaient des modules de coussins gonflables en Amérique du Nord. À cause des agissements de M. Demers, j’ai dû cesser mes activités, et ce, même si ma méthode était hautement sécuritaire. J’avais à l’époque créé l’entreprise REA-7, mais j’ai dû abandonner en cours de route. Je calcule avoir perdu 300 000 $ en chiffre d’affaires par année… J’ai été puni pour la bêtise d’un autre», a indiqué Éric Blanchette, propriétaire d’ACE Électronique.

Considérant la situation trop injuste, M. Blanchette a continué son travail de recherche et de développement et ses diverses représentations auprès de la SAAQ. «Ça a été long, même très long, mais profitable», avoue-t-il.

Guy Chevrette

Rencontre fortuite s’il en est une, M. Blanchette a croisé en 2005 l’ancien ministre des Transports du Québec, Guy Chevrette, à même l’entrée de l’hôtel de ville de Drummondville.

«Je n’ai pas hésité une seconde. Je lui ai raconté toute mon histoire et il a accepté de m’aider dans mes démarches. M. Chevrette a fait un gros travail et c’est sûr qu’il a contribué à l’avancement du dossier. Il a été très correct avec moi», a tenu à préciser le Drummondvillois.

Ainsi, en août 2006, la SAAQ a accepté de faire valider les méthodes de M. Blanchette par un chercheur de l’Université Laval. «J’ai dû fournir plusieurs exemples et types de modules électroniques de système de coussins gonflables pour que le chercheur puisse rédiger ses rapports», a précisé le principal intéressé, en confiant avoir injecté plusieurs milliers de dollars dans cette aventure.

Puisque M. Blanchette a trouvé la solution pour réactiver sécuritairement les modules de coussins gonflables et, de surcroît, réussi l’étape de validation, la SAAQ devrait passer éminemment à l’étape suivante, qui est l’approbation d’un projet-pilote d’une durée de deux ans. «Nous sommes effectivement prêt à autoriser M. Blanchette à reprogrammer des ordinateurs de coussins gonflables dans le cadre d’un projet-pilote où nous allons suivre ce qui se fait de façon assez serrée. Nous devons nous assurer que tout est correct avant de permettre des changements au Code de la sécurité routière», a confirmé Gaétan Bergeron, directeur du Service d’ingénierie à la SAAQ.

Si le projet-pilote s’avère concluant, plusieurs bénéficieront du savoir-faire d’Éric Blanchette et de son équipe, à savoir les carrossiers, les recycleurs de pièces d’auto, les automobilistes et, bien sûr, les assureurs. Ces derniers connaissent nécessairement des augmentations de coûts depuis 2002, car ils sont obligés d’exiger l’installation de modules électroniques neufs, des pièces qui valent, selon la marque des véhicules, entre 180 $ et 1600 $. «En contre-partie, j’évalue les coûts de réactivation entre 100 et 200 $», a précisé M. Blanchette.

Pour débuter, le projet-pilote concernera les modules de coussins gonflables de marque Volkswagen, Ford, Honda, Mazda, Toyota, Acura, Nissan et GM. «La liste pourrait s’allonger au fil des mois», a signifié Éric Blanchette.

Enfin, étant donné l’éminence de la signature du projet-pilote, M. Blanchette projette doubler la superficie de son entreprise et créer de nouveaux emplois spécialisés d’ici un an.

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