Centre-ville : des marchands veulent dissoudre la SDC

Centre-ville : des marchands veulent dissoudre la SDC
Selon la présidente de la Société de développement commercial du centre-ville de Drummondville

Lassés de cotiser chaque année à la Société de développement commercial (SDC) du centre-ville de Drummondville sans bénéficier de retombées directes, des marchands ont entrepris le processus pouvant conduire à la dissolution de l’organisme.

En effet, une requête en dissolution comportant le nom de 34 commerçants a été déposée récemment à la Ville de Drummondville. Conséquemment, les membres de la SDC du centre-ville (ils sont 288) qui souhaitent son abolition sont invités à signer demain de 9 h à 19 h, un registre en ce sens à l’hôtel de ville. Si 40 signatures ou plus sont recueillies, le dossier sera tranché lors d’un référendum qui devrait se tenir au début du mois de mai. À ce moment, le «camp» qui récoltera le plus de signatures l’emportera.

Mais avant d’en arriver là, la présidente de la SDC du centre-ville, Suzanne Rajotte, espère que les commerçants se lèveront pour conserver leur regroupement. Plus que tout, elle invite les membres à donner une chance au coureur. «Par le passé, la SDC a connu des difficultés financières (manque à gagner de 50 000 $). Je comprends les gens qui n’ont pas eu de services durant un an, mais là, une nouvelle équipe est en place. C’est comme si on nous coupait les jambes au fil d’arrivée après avoir renfloué les coffres», a-t-elle imagé.

Mme Rajotte déplore que des commerçants ne reconnaissent pas la visibilité que leur procurent les différentes initiatives menées au centre-ville. À ses yeux, ces manifestations populaires sont autant d’occasions pour les participants de découvrir de nouvelles boutiques.

Territoire et argent

Les commerçants à qui L’Express a parlé ont noté que la cotisation annuelle de la SDC du centre-ville, établie en fonction de la valeur de l’immeuble et de sa superficie (avec un plafond de 1500 $), est trop élevée par rapport au retour sur l’investissement.

C’est notamment le cas de Nicolas Samaras, de Christine Pizza. «Ça me coûte de l’argent et je n’ai rien en retour, a-t-il déploré. Ça coûte trop cher pour le peu de services.» «Il n’y a aucun soutien aux commerçants, si ce n’est une facture annuelle, a ajouté Diane Garneau, de la Parfumerie Fémini. Les dossiers n’avancent pas. C’est dommage, mais la SDC ne défend pas les droits des commerçants.»

D’autres ont décrié le grand territoire du centre-ville, ce qui fait en sorte que des magasins se trouvent éloignés des centres d’animation que sont le parc Woodyatt et la place Saint-Frédéric. «Moi, je trouve que la SDC, ça nous mène à rien. Où je me trouve, c’est loin des activités du parc Saint-Frédéric. Je paie une cotisation annuelle pour rien», a souligné Raynald Rodier, des couvre-planchers du même nom.

Sur ce dernier point, la présidente de l’organisation accorde qu’une redéfinition territoriale ferait le plus grand bien. «Le territoire a été mal défini dès le départ, a reconnu Suzanne Rajotte. On est à revoir les limites.»

C’est la deuxième fois qu’une requête en dissolution circule au centre-ville de Drummondville. La Société avait été maintenue en 1996 à la suite d’un référendum.

Demande à contre-courant

Le directeur général du Commissariat au commerce de la Ville de Drummondville, Guy Drouin, dit ne pas avoir été surpris par la démarche. À son sens, les marchands du centre-ville iraient à contre-courant s’ils dissolvaient la SDC, une structure répandue dans les villes de taille semblable.

«Actuellement, la tendance est plus aux SDC qu’aux associations de commerçants. Quand c’est volontaire, le problème, c’est que c’est toujours les mêmes qui paient. Il y a aussi un risque d’épuisement pour les bénévoles. Ça peut risquer de tomber à l’eau. On l’a vu tout récemment avec l’Association des gens d’affaires de Saint-Nicéphore qui n’existe plus», a-t-il indiqué.

Sans vouloir s’immiscer dans le débat, M. Drouin a tout de même précisé que son organisme aimerait continuer à dialoguer avec un seul joueur représentant tous les commerçants. Chose certaine, advenant la dissolution de la SDC du centre-ville, ce n’est pas le Commissariat qui reprendrait le flambeau, son mandat étant plus large que le seul centre-ville.

Par ailleurs, la requête de dissolution vient mettre en veilleuse l’organisation de la fête nationale régionale qui doit marquer un retour au parc Woodyatt cet été. La Société Saint-Jean-Baptiste du Centre-du-Québec avait déjà confirmé l’emplacement et la Ville de Drummondville s’était engagée à verser une subvention à la SDC. «Des gens trouvent que le centre-ville est en péril. Si la SDC est dissoute, ça va être le dernier coup de hache», a renchéri Suzanne Rajotte.

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