«Attend d’avoir traversé la rivière avant de dire que le crocodile a une sale gueule» (photos) – Proverbe africain

«Attend d’avoir traversé la rivière avant de dire que le crocodile a une sale gueule» (photos)
– Proverbe africain

Pour un stage de coopération internationale, la Drummondvilloise d’origine Josiane Parent s’est envolée récemment vers le Mali. Perdue en pleine brousse, sans électricité, eau courante ni toilette, mais bien entourée d’Africains généreux, elle a découvert une terre remplie de richesses…

Grâce à ce stage de deux mois au Mali avec le Carrefour de solidarité internationale de Sherbrooke, Josiane a réalisé un rêve d’enfant.

Accompagnée d’une dizaine de filles, d’un accompagnateur et d’un traducteur malien, cette jeune femme a mis la main… à la terre, avec des travaux de jardinage.

En collaboration avec les résidants du village, son groupe et elle ont développé, sur une parcelle maraîchère, de nouvelles techniques de récolte en période de sécheresse.

Ils ont aussi construit un abri pour un moulin mixte, qui permet de moudre la farine pour le beurre de karité «Ça évite aux femmes de tout piler à la main. Elles gagnent beaucoup de temps», a-t-elle évoqué.

D’autres activités ont été menées, portant par exemple sur les thématiques du VIH, de l’hygiène et de l’éducation.

Les coopérants ont également aidé les résidants à développer le sens des affaires, question de générer des revenus. «On leur montrait à emprunter à la banque pour acheter des graines pour ensuite les vendre. Avec le profit, ils pouvaient en racheter d’autres», a-t-elle illustré.

La richesse, malgré la pauvreté

Selon Josiane, le groupe de coopérants a reçu un accueil des plus chaleureux. «Ils étaient touchés de nous voir quitter la richesse pour venir les aider», s’est-elle souvenue.

Celle-ci n’a pas non plus manqué d’être impressionnée : «Je ne pensais pas que des gens qui ne mangeaient pas à leur faim pouvaient être aussi généreux», a-t-elle commenté.

Elle dit aussi avoir été marquée par le beau sourire de ces gens, un pays où la compétition n’existe pas. «Je ne les ai jamais entendu se plaindre», a-t-elle poursuivi.

Malgré leur pauvreté, celle qui œuvre normalement comme infirmière s’est rendu compte que les Maliens disposaient d’une denrée rare : le temps. Leurs soirées, ils les passaient à discuter et à échanger sur toutes sortes de sujets, dans le respect, comme les différences par rapport à l’éducation, les codes vestimentaires, les relations de couple, etc. «Ils étaient surpris d’entendre parler d’homosexualité ou de divorce. Ils ne connaissaient pas ça. Là-bas, ils pratiquent la polygamie. Un homme peut avoir quatre femmes», a-t-elle expliqué.

C’est une véritable expérience d’ouverture que Josiane a vécu en pays étranger. Selon elle, toutefois, il n’est pas nécessaire d’être à l’autre bout du monde pour s’intéresser à son prochain. «Ici, nous sommes des gens d’une même culture, mais nous pouvons être très différents». Être davantage à l’écoute des gens, voilà sa résolution depuis qu’elle est de retour au Québec, un retour qu’elle a vécu avec un certain choc, soit celui des horaires chargés, la montre toujours au poignet. «Souvent, nous avons tendance à juger rapidement les gens. Nos amis, notre famille, nos voisins et les gens qui sont sur un tout autre continent. On peut entendre des jugements sur les pays en voies de développement, tels que : les gens ont peu d’argent, peu de moyens ou qu’ils ne sont pas travaillants», a-t-elle transmis.

De son voyage, elle a parfois retenu un proverbe africain qui rappelle de ne pas porter de jugements précipités et qui, pour elle, prend tout son sens : «Attend d’avoir traversé la rivière avant de dire que le crocodile a une salle gueule.»

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