Une enseignante expérimentée de l’école Duvernay à Drummondville aurait dû prendre une journée de repos le 28 septembre dernier…
C’est le constat qu’on peut faire, car ce jour-là, elle a sévèrement mordu un garçon autiste de 11 ans pour lui servir une leçon.
Naïvement, celui-ci a déposé ses lèvres sur le bras d’un élève durant l’heure du dîner. Jugeant ce geste inadéquat, l’enseignante s’est approchée de l’enfant et, sans réfléchir, elle l’a mordu sévèrement à deux reprises, laissant d’intenses marques mauves sur son bras.
La tête probablement remplie de remords, elle a contacté les parents de l’enfant pour avouer son geste, quelques minutes plus tard. «Elle a pété les plombs, résume Rick Rutherford, le père de la jeune victime. Elle m’a dit que c’était la première fois que ça lui arrivait en vingt ans d’enseignement. Quand mon fils aime une personne, il a l’habitude de s’approcher d’elle et de toucher son bras avec sa bouche, mais il ne mord pas. D’ailleurs, il n’a jamais eu de comportement agressif. Pour moi, le geste qu’a posé l’enseignante est inadmissible».
Dans un ultime effort pour se défendre, l’enseignante aurait affirmé au père de famille que «mordre un élève n’est pas grave considérant qu’il se passe des choses bien pires dans la classe.»
Dès le lendemain matin, le père inquiet a entrepris des démarches. «Je ne souhaite pas venger mon fils, mais bien sentir qu’il y a une justice à quelque part», précise M. Rutherford.
En plus de rédiger une missive à l’enseignante concernée, il s’est adressé au ministère de l’Éducation, à l’Association des enfants handicapés, au CLSC, à la Direction de la protection de la jeunesse où il a signalé l’événement, à l’Office des personnes handicapées du Québec et, bien sûr, à la Commission scolaire des Chênes où il a rencontré la directrice de l’école Duvernay ainsi que Christiane Desbiens, la directrice générale adjointe de la commission scolaire. «Depuis deux mois, je n’arrête pas deux minutes. Je fais face à d’interminables délais. Entre deux étapes, je dois patienter jusqu’à une semaine. On dirait que certaines personnes ont tenté de gagner du temps», expose le père de famille, qui a déposé, le 20 octobre, une plainte formelle auprès du ministère de l’Éducation du Québec. «Je n’avais pas l’intention de raconter cette histoire au journal, mais quand j’ai appris que la professeure s’en est sortie qu’avec une suspension de deux jours sans solde, j’ai trouvé ça insuffisant et injuste. On m’a aussi offert de changer mon garçon d’école, mais ce n’est pas évident. Un enfant autiste est heureux dans une routine. Je ne comprends pas pourquoi mon fils serait pénalisé alors qu’il est la victime», s’insurge Rick Rutherford, en précisant que son garçon s’est comporté «différemment» après l’incident. «Je ne demande pas de compensation financière ni que l’enseignante se retrouve au chômage demain matin. Je veux juste être certain que mon fils et les huit autres élèves handicapés de cette classe soient en sécurité. Le lien de confiance est brisé et je fais cette démarche pour ne pas que ce genre de situation se répète», dit-il.
En clair, Rick Rutherford estime que l’enseignante dont il est question doit être transférée dans une autre école et que la commission scolaire s’assure que sa remplaçante dispose d’une formation adéquate lui permettant de gérer les classes spécialisées.
Car, selon ce père de famille de Drummondville, dès le début de l’année scolaire, l’enseignante et l’éducatrice spécialisée qui sont toujours présentes dans la classe, exerçaient des pressions sur les parents pour qu’ils demandent à la commission scolaire des ressources supplémentaires. «Elles nous disaient que le ratio professeur-élèves est trop élevé et que c’est difficile de s’occuper d’autant d’enfants en difficulté. Je ne sais pas si l’enseignante est au bord du "burnout", mais le geste demeure inadmissible à mes yeux», conclut-il.