Un des rares producteurs de concombres à survivre dans la région

Un des rares producteurs de concombres à survivre dans la région

Dans un rayon de 12 kilomètres environ autour de leur ferme de Saint-Bonaventure, les propriétaires de l’entreprise Guyrojoy affirment être devenus les seuls producteurs de concombres. La concurrence de l’Asie a fait mal, bien que les multinationales reviennent peu à peu à la culture d’ici, parce que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous.

«C’est vraiment dommage. L’Inde et la Chine nous enterrent avec leurs concombres. Pourtant, la culture est faite dans des conditions de travail médiocres et ils utilisent des produits nocifs, comme le DTT, qui n’est plus permis ici depuis 30 ans», s’est exclamé Patrick Joyal, copropriétaire de la ferme.

Voilà des éléments qui, d’après sont père Jean-Guy Joyal, ont affecté le produit. «Je me suis acheté des cornichons cet hiver. C’est sûr que je suis peut-être meilleur connaisseur, mais j’en ai mangé seulement deux. J’ai jeté le reste du pot», a-t-il raconté.

Et depuis peu, Patrick Joyal observe un retour du balancier, car la demande est de retour de la part des grands acheteurs provenant de l’extérieur du Québec. Il donne en exemple des multinationales comme Heinz, Bick’s ou Smucker Foods.

Pour la ferme Guyrojoy, qui avait diminué sa production de concombres, notamment depuis la fermeture, en 2006, de la station bonaventuraine de la Smucker Foods of Canada, il n’est nullement question de revenir en arrière.

Si l’entreprise agricole est demeurée, dans la région, un des rares «survivants» dans la production de concombres, elle a plutôt opté pour la diversification des cultures.

Se retroussant les manches, la ferme Guyrojoy a tenté, l’an dernier, l’expérience avec la culture d’échalotes… pour apprendre, après la signature du contrat, que l’acheteur déclarait faillite.

De plus, les propriétaires se sont récemment initiés à la culture de brocoli, un créneau qui semble prometteur, malgré, bien sûr, quelques embuches.

10 Guatémaltèques en renfort

Avec cette diversification, la famille Joyal s’assure une production moins concentrée durant la saison agricole, étant désormais échelonnée de juin à septembre.

Toutefois, la culture de brocoli étant beaucoup plus ardue que celle des concombres, elle demande du personnel plus expérimenté. Pénurie de main-d’œuvre oblige, Patrick Joyal a décidé de faire appel, une première cette année, à des travailleurs guatémaltèques.

Sur la quarantaine de travailleurs qu’emploie la ferme, ils sont une dizaine, venant du Sud, à offrir leurs services durant l’été. Le principal intéressé est loin de s’en plaindre, car ces travailleurs donnent un rendement supérieur aux Québécois, de plus en plus rares à recruter. «J’aurais préféré garder l’argent ici, mais c’est la seule solution qu’on y voyait. C’est ça ou je n’en fais pas, de brocoli», a laissé tomber Patrick Joyal, notant que cette culture est marginale dans la région, à l’exception d’un autre producteur à Saint-Cyrille-de-Wendover.

Par chance, le jeune gestionnaire est habile en espagnol, ce qui permet la communication. Mais au-delà du choc de la langue, les travailleurs étrangers ont dû s’adapter à la pluie abondante, qui les a forcés à effectuer les travaux dans la boue, une bonne partie de l’été.

Mais leur labeur aura porté fruit : la récolte 2008 s’annoncerait particulièrement bonne.

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