À force «d’investir» dans les machines à sous, les joueurs développent des problèmes qui vont au-délà de la santé financière. Pour ces gens, plus impulsifs, il n’est pas nécessairement évident d’arrêter de jouer en raison du nombre d’appareils de loterie vidéo qui garnissent les bars. Juste à Drummondville, il y en a 128. Loto-Québec songe d’ailleurs à en retirer une bonne partie en raison, notamment, du faible revenu des citoyens.
Selon une extrapolation faite par le Centre de réadaptation Domrémy Mauricie/Centre-du-Québec (de données compilées par l’Institut de la statistique du Québec), il y aurait en région 3715 joueurs pathologiques et 4087 joueurs en voie de le devenir actuellement.
Plus étonnant encore, 2818 adolescents centriquois s’adonneraient au jeu à toutes les semaines; 1691 seraient à risque (dépendance) et 810 seraient étiquetés joueurs pathologiques.
Selon Jean-Marc Ménard, coordonnateur des services professionnels chez Domrémy, le fait que des jeunes meublent leurs temps libres avec le jeu n’est pas alarmant, plutôt inquiétant. «Le problème, c’est que ces jeunes développent des comportements qui pourraient avoir des conséquences à long terme, a-t-il commenté. Aussi, ce qui est préoccupant au moment où on se parle est la proportion de 7 % des jeunes qui s’adonnent à la loterie vidéo. C’est la même chez les adultes. Cependant, je crois que c’est différent pour les jeunes, car ils sont à l’âge de l’expérimentation. Donc, ça ne veut pas dire que s’ils jouent étant jeunes, qu’ils vont le faire à l’âge adulte».
Comme n’importe quelle dépendance, les gens qui jouent ont tous un point en commun : l’impulsivité ou la faible capacité à agir en réfléchissant aux conséquences. De plus, ils se croient tous capables de faire de l’argent rapidement. «Les joueurs sont souvent des personnes très solidaires, précise Amélie Brousseau. Elles s’ennuient, elles sont seules et elles n’ont pas de loisirs. Le jeu leur donne donc l’illusion d’être entourées alors qu’elles perdent plutôt de l’argent».
Ainsi, les conséquences du jeu sont lourdes. Plusieurs mettent en péril leur santé financière de même que leur propre santé.
D’ailleurs, selon le Centre d’écoute et de prévention suicide Drummond, il arrive à l’occasion que des gens aux prises avec des problèmes de jeu aient recours à son service. L’organisme ne compile cependant aucune statistique sur le problème.
Mais, d’après le Bureau du coroner du Québec, de 36 % à 50 % des joueurs ont déjà eu des idées suicidaires.
Beaucoup de machines à sous
Par ailleurs, selon Loto-Québec, il y aurait à Drummondville 128 appareils de loterie vidéo répartis en 29 établissements. «Les gens n’imaginent pas qu’il y a autant de bars ou de restos en ville qui ont des machines à sous. En tout cas, il y en a assez pour justifier les deux-tiers de ma tâche au CLSC Drummond…», a lancé Mme Brousseau. Toutefois, selon Jean-Pierre Roy, directeur des relations de presse chez Loto-Québec, il importe de préciser que ce nombre sera revu à la baisse d’ici la fin de l’année 2007. En effet, la société d’état a entrepris de reconfigurer le réseau des appareils de loterie vidéo en réduisant d’un minimum de 31 % le nombre de sites qui en détiennent. D’ici un an, seront retirées toutes les machines à sous installées dans les bars réunissant de 1 à 4 appareils qui se situent à la fois dans une zone où le revenu moyen des ménages est inférieur à 50 000 $ (c’est le cas de Drummondville avec 40 844 $) et où le ratio d’appareils est supérieur à deux par 1000 habitants. «On prévoit retirer 28 appareils à Drummondville et passer de 29 à 20 sites. Cela est pour limiter l’accessibilité», de conclure M. Roy, qui représente une société qui engrange annuellement des bénéfices nets de 860 millions $, seulement avec les loteries vidéo.