Nicole Giguère tire une belle leçon de vie et d’humilité

Nicole Giguère tire une belle leçon de vie et d’humilité
Nicole Giguère a pris part à un stage en santé internationale au Mali qui s’est avéré une expérience enrichissante.

Malaria, médicaments insuffisants ou trop coûteux, manque d’outils de diagnostics fiables et de professionnels de la santé, pauvreté, telles sont quelques-unes des réalités auxquelles fait face le Mali, pays de l’Afrique de l’Ouest. L’automne dernier, Nicole Giguère, médecin au Centre médical Drummond, est allée y donner un coup de main dans le cadre d’un stage d’un mois qu’elle est loin d’oublier.

Après neuf mois de formation en santé internationale à l’Université de Sherbrooke, Nicole Giguère s’est envolée à destination du Mali, l’un des dix pays les plus pauvres de la planète, en compagnie de deux autres professionnelles de la santé et d’une étudiante en médecine interne, afin de mettre en pratique tout ce qu’elle avait appris. «Durant ce microprogramme, nous nous sommes notamment familiarisés avec les pathologies tropicales principales», laisse-t-elle savoir.

Ainsi, de la mi-octobre à la mi-novembre, Mme Giguère a servi en tant que médecin généraliste. La première partie de son séjour s’est déroulée dans la capitale, Bamako, plus précisément, dans deux coopératives. «Ces endroits ressemblent à nos CLSC, mais en plus petits. Les gens peuvent y recevoir des soins et on y retrouve une clinique de vaccination pour les enfants ainsi que des salles d’accouchement», indique la femme médecin de 47 ans.

Chaque journée commençait à l’aube pour le quatuor québécois qui a soigné des patients de tous les âges et de toutes les conditions, et ce, en tenant compte des croyances des gens et en travaillant avec la technologie disponible, laquelle est, bien sûr, peu évoluée. «Il y a très peu d’outils de diagnostics, ce qui fait en sorte que le personnel ne parvient pas toujours à dépister la maladie. J’ai vécu des moments difficiles émotionnellement, notamment lorsque nous avons dû faire face à quelques décès d’enfants qui auraient pu être sauvés si nous avions eu les outils nécessaires», exprime-t-elle.

Le paludisme, communément appelé la malaria, est la cause principale de décès au Mali. Cette maladie touche plus de 90 % de l’ensemble de la population, mais atteint plus particulièrement les enfants.

Les médicaments et les soins trop coûteux sont d’autres réalités au Mali. En fait, contrairement au Québec, tout se paie dans le système de santé. «C’est évidemment beaucoup moins cher dans les coopératives que dans les hôpitaux, mais il faut se mettre dans le contexte que la majorité de la population vit avec moins de 2 $ par jour. Les gens ne peuvent donc pas toujours se permettre de recevoir les soins appropriés», communique-t-elle.

Par ailleurs, le manque d’effectifs et de personnels qualifiés, qui se traduit par la difficulté d’accès à la formation continue, rend le système de santé malien déficient. D’ailleurs, l’une des missions du quatuor consistait à enseigner, pendant un après-midi, à des infirmières afin que celles-ci reconnaissent mieux les symptômes des différentes maladies pour ainsi les identifier plus rapidement.

Qui plus est, les Québécoises ont été accompagnées durant tout leur séjour d’un médecin résident malien, lequel traduisait toutes les conversations. «La langue officielle est le français, mais elle est parlée uniquement par les gens instruits. Ceux-ci sont d’ailleurs peu nombreux si l’on considère que le taux d’alphabétisation est de 70 %. C’est donc pourquoi nous avions besoin d’un traducteur. En échange, nous lui avons fait de l’enseignement», précise celle qui cumule 17 ans d’expérience en santé.

Médecine en brousse

Durant les deux dernières semaines du voyage, les médecins ont parcouru les villages de Ségué, et ce, avec leur tente qui faisait office de salle de consultation.

«Chaque matin, un chauffeur nous attendait avec toute notre artillerie, soit les médicaments, du soluté, des intraveineuses et une civière portable pour nous conduire aux villages. À l’arrivée, nous devions saluer le chef qui nous disait où s’installer pour administrer les soins. Je peux dire que c’était toute une autre dynamique de faire la consultation à l’extérieur sous les baobabs!», raconte Mme Giguère.

Celle-ci se rappelle qu’elles avaient droit à un comité d’accueil chaque jour… «Des dizaines d’enfants accouraient vers nous tellement ils étaient contents de nous voir!, laisse-t-elle savoir avec un large sourire. Le peuple malien est très sociable et super accueillant.»

Bref, Nicole Giguère tire de cette expérience enrichissante de magnifiques souvenirs et une belle leçon de vie et d’humilité. «C’est un retour aux valeurs fondamentales. Ça relativise également les urgences. De plus, ça m’a permis de mieux comprendre la nuance entre être pauvre et être misérable. Quoi que l’on en pense, les Maliens ne sont pas misérables. Au contraire, ils sourient tout le temps et ils sont très fiers», explique la femme qui est ravie de ce voyage humanitaire et qui prévoit déjà récidiver. «J’aimerais bien aller en Amérique Latine, mais je dois apprendre l’espagnol avant!», conclut-elle en riant.

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