L’obligation de poser des pneus d’hiver ne fait pas l’unanimité

L’obligation de poser des pneus d’hiver ne fait pas l’unanimité
Le propriétaire de Patry pneus et mécanique

À partir du 15 novembre prochain, toutes les automobiles du Québec devront obligatoirement être dotées de pneus d’hiver, et ce, jusqu’au 15 avril. Cette modification au Code de la sécurité routière est accueillie favorablement par les commerçants de pneus de Drummond, même si certains gardent des réticences…

Si l’aspect sécuritaire du projet de loi 42, adopté le 19 décembre à l’Assemblée nationale, est salué par l’ensemble des commerçants, d’autres arguments, pour certains, le rendent moins attrayant. «On empêche les gens de fumer, on les empêche de boire. Maintenant, on va les obliger à avoir des pneus d’hiver», a soutenu Michel Lépine, conseiller technique chez Pneus Bélisle, déplorant le contrôle toujours accru qu’exerce le gouvernement envers la population.

De son côté, Lucien Demers, responsable du département des pneus chez Drolet pneus et mécanique, se montre plutôt pessimiste face au chaos qui attend les commerçants, l’automne prochain. «Ça va être la folie furieuse… l’enfer noir pour le monde! Tous les magasins vont avoir de la difficulté à offrir un service adéquat. Les gens risquent de nous appeler à la dernière minute», appréhende celui qui œuvre dans le domaine des pneus depuis 45 ans.

Pour cette raison, dès l’automne prochain, le propriétaire de Patry pneus et mécanique, Carl Patry, compte appeler à l’avance les clients qui entreposent leurs pneus afin de fixer un rendez-vous plus tôt qu’à l’accoutumée.

En devançant les changements de pneus, Lucien Demers déplore toutefois l’usure hâtive, surtout en ce qui a trait aux pneus à glace. À cet effet, Denis Mélançon, du garage Denis Mélançon, se dit en désaccord. Selon lui, un pneu d’hiver peut être installé sans problème dès que la température atteint sept degré celcius. «Les pneus seront déjà installés dès que la première gelée va se pointer», a-t-il émis.

Une décision payante pour l’industrie pneumatique?

Au dire des commerçants de la région, l’usage des pneus d’hiver serait pratique courante dans Drummond.

«L’impact sera sûrement plus fort à Montréal», a estimé M. Patry.

Selon les commentaires recueillis, entre 75 % et 95 % des automobilistes d’ici les utilisent déjà. «Depuis trois ou quatre ans, les pneus d’hiver sont de plus en plus populaires», a noté Michel Lépine. Avec cette nouvelle obligation, le chiffre de ventes qu’ils génèrent devraient bien sûr augmenter, mais pas de façon marquée. «Ce qu’on ne vendra pas en quatre saisons, on va le vendre en pneus d’hiver», a-t-il indiqué, en raison de la rotation systématique.

Quant aux gens qui négligeaient jadis de faire installer des pneus d’hiver, ils orienteront sûrement leur achat vers la gamme plus économique, estime M. Patry. Pour sa part, M. Mélançon pense plutôt que les pneus usagés auront la cote chez cette clientèle.

Finalement, le fait de voir tous les véhicules un minimum de deux fois par année donnera l’occasion, d’après Michel Lépine, de faire un meilleur suivi et permettra d’identifier les problèmes, le cas échéant. «J’espère que le gouvernement va donner un délai et que la surveillance ne sera pas trop exigeante dès la première année», a ajouté M. Patry.

Une question a cependant été soulevée par plusieurs, à savoir si les Québécois qui passent une partie de l’hiver en Floride devront aussi se conformer à la nouvelle mesure. L’avenir le précisera sûrement…

Autres éléments du projet de loi

En plus de l’obligation de poser des pneus d’hiver, d’autres éléments du projet de loi 42, proposé par la ministre des Transports Julie Boulet, sont prévus au programme.

Dès avril 2008, le téléphone cellulaire au volant sera interdit, tandis que le modèle mains libres demeurera permis.

Des projets pilotes de radars photographiques seront menés dans une quinzaine de villes afin de réduire la vitesse. Le montant des amendes sera revu à la hausse, de même que la possibilité de perdre des points d’inaptitude en cas d’excès de vitesse.

N’ayant réussi à obtenir l’appui des deux partis d’opposition, la ministre Boulet n’a finalement pu abaisser à 0,05 milligramme (au lieu de 0,08 mg) la norme permise d’alcool par 100 millilitres de sang pour conduire un véhicule automobile.

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