Face à l’émancipation de la Société d’aide et d’information aux victimes de la DPJ, notamment dans Drummond, le centre jeunesse a tenu à présenter deux ressources indépendantes, qui relèvent de leur conseil d’administration, mais qui sont entièrement destinées aux usagers.
Indépendamment du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ), un comité des usagers est en place. Dirigé par la coordonnatrice Diane Johnston, ce dernier est composé principalement de parents qui ont déjà reçu des services du centre jeunesse et qui agissent comme bénévoles.
Le but est d’offrir, en toute impartialité, un soutien aux usagers souvent perdus et défaits devant ce qui leur arrive. «Je fais beaucoup d’écoute avec eux. Ils sont tellement envahis par les émotions qu’ils ont de la difficulté à comprendre ce qu’il se passe. J’entends leur souffrance et je leur explique mon rôle. Je demande d’avoir tous les documents, surtout le dernier jugement de la cour. J’explique la loi. Je les accompagne dans les services. Parfois, je leur trouve un avocat. Le suivi peut durer deux à trois ans», a relaté Mme Johnston.
Voilà un travail qui, au dire de l’agente d’information Geneviève Jauron, s’effectue avec une grande sensibilité. Il faut dire que les dossiers que reçoit le comité des usagers sont souvent les plus complexes. «Les dossiers qu’on a, ce sont les plus gros, soit 5 % des signalements de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Donc on peut dire que 95 % des gens sont satisfaits des services du centre jeunesse», a signifié Mme Johnston.
Et cette femme dirige d’emblée ceux qui ont l’impression d’avoir été lésés par le DPJ vers le commissaire aux plaintes et à la qualité des services, Jean Huot.
Le commissaire aux plaintes
Celui-ci rappelle d’entrée de jeu la grande distinction du centre jeunesse qui doit appliquer des lois d’autorité. «Le service n’est pas demandé par les gens, il est imposé.», a-t-il poursuivi.
D’après lui, cela peut laisser croire aux usagers, dans un premier temps, que les services ne sont pas nécessaires ou carrément inadéquats. Néanmoins, les usagers peuvent déposer une plainte par leur propre initiative.
Ainsi, du 1er avril au 30 septembre dernier, le commissaire a traité 39 plaintes. La majorité se rapportait aux soins et services dispensés. M. Huot en assure donc le suivi et émet, au besoin, des recommandations pour améliorer la qualité des services.
Prônant son entière indépendance prévue dans la loi de la santé et des services sociaux, le commissaire aux plaintes présente un rapport au conseil d’administration du centre jeunesse, à raison de deux fois par année.
De plus, si l’usager est insatisfait de la réponse du commissaire aux plaintes, M. Huot rappelle que l’individu a un droit de recours au protecteur du citoyen. «Il y a une deuxième instance qui est à l’extérieur du centre jeunesse et qui revoit le travail du commissaire. S’il n’est pas d’accord avec mes conclusions, il va émettre des recommandations. Le comité de vigilance s’assure des suivis», a-t-il expliqué.
Le dernier mot revient au juge
Le commissaire aux plaintes reste cependant conscient du pouvoir limité du DPJ. «La grande majorité des décisions qui blessent les gens sont prises par le juge, et non le DPJ», a mis en lumière M. Huot.
Il fait alors allusion aux retraits d’enfants, aux placements en centre de réadaptation ou en famille d’accueil, aux suivis imposés, etc. À la suite de l’ordonnance du juge, les gens ont également 30 jours pour faire appel. «Ce qui se passe au tribunal, je n’ai pas de prise là-dessus. Il y a juste le juge qui peut changer sa décision», a-t-il spécifié.
D’un autre côté, si les gens se plaignent du fait que le juge ait ordonné le placement de leur enfant, son rôle va être de valider si le DPJ a bien fait son travail ou non.
Finalement, soulignons que la loi permet aussi des ententes sur des mesures volontaires, où le recours au tribunal n’est pas nécessaire. Le cas échéant, les familles reconnaissent le problème et trouvent des moyens d’améliorer la situation.