Les Sœurs de la Présentation de Marie quittent après une présence de 132 ans

Par Gerard Martin
Les Sœurs de la Présentation de Marie quittent après une présence de 132 ans
Les sept dernières religieuses habitant toujours le Pensionnat de Drummondville quitteront au cours de l'été

Une page de la petite histoire de Drummondville sera tournée au cours de l’été alors qu’après 132 ans de présence chez nous, dont 117 ans au Pensionnat de Drummondville, les sept dernières sœurs de la Présentation de Marie à habiter encore la vénérable maison de la rue Moisan, quitteront toutes pour une autre destination.

Mince consolation pour ceux et celles qui sont conscients de l’apport inestimable de cette communauté religieuse dans le milieu drummondvillois, leurs deux compagnes du Chemin Hemming qui se dévouent auprès des démunis, sœurs Clémence Audet et Irène Tremblay, demeureront parmi nous pour poursuivre leur mission.

Toutefois, il en sera autrement pour sœur Louise Guilbert, la responsable de la communauté à Drummondville, et pour ses six compagnes qui résident à l’endroit connu jusqu’à l’an passé comme étant le Pensionnat de Drummondville et qui affiche maintenant le logo du Collège d’affaires Ellis.

Pour sœur Louise, que nous avons rencontrée dans la partie du Pensionnat réservée à ces religieuses qui englobe la chapelle, le fait de savoir que l’immeuble de la rue Moisan sert toujours à des fins d’éducation est un baume pour ces descendantes de Marie Rivier.

Louise Guilbert, Thérèse Desrosiers, Fabiola Rajotte, Bérangère Viens, Danielle Duplessis, Suzanne Brind’Amour et Thérèse Roy quitteront donc dans quelques semaines avec la satisfaction, à l’instar des dizaines et des dizaines d’autres membres de cette congrégation ayant servi à Drummondville, d’avoir contribué de façon significative à l’éducation chez nous, particulièrement celle des jeunes filles. «Au fil des ans, tout un éventail de cours ont été offerts dans cette grande maison (Pensionnat) ou ailleurs où nous étions présentes. On peut penser au cours primaire, au cours général, à l’école moyenne familiale, au cours commercial, au cours scientifique, à l’institut familial, au cours lettres-sciences, au cours secondaire et même au Baccalauréat es arts», témoigne sœur Guilbert.

De fait, il faudrait plusieurs pages ne serait-ce que pour résumer tout le travail d’éducation fait depuis l’arrivée des cinq premières religieuses, en septembre 1875, au premier couvent construit à l’ombre du clocher de l’église Saint-Frédéric, à l’intersection des rues Brock et Marchand.

Ces pionnières, comme le rappelle sœur Louise Guilbert, s’étaient amenées à Drummondville «grâce à l’intervention et à la sollicitude» du curé Marchand avec pour mission de venir instruire les enfants du village d’alors.

Puis en 1890, la fréquentation scolaire étant toujours grandissante, le bâtiment de la rue Brock s’avérant trop petit, on procède alors à l’érection du grand «couvent» de la rue Moisan.

En prenant connaissance des annales locales des Sœurs de la Présentation de Marie qui sont précieusement conservées, sœur Guilbert est en mesure de confirmer que le Pensionnat de Drummondville occupe vite une place importante dans notre ville. «Avec son style second empire, il fait la fierté de la ville naissante et l’orgueil de toutes les générations qui suivent. À l’intérieur de ses murs, la vie bourdonne: la simplicité cohabite avec un horaire bien structuré, les chants et les éclats de rire. C’est un véritable foyer d’éducation et de culture pour les jeunes filles, externes et internes, de Drummondville et de la région», raconte celle qui a passé 25 ans de sa vie à Drummondville.

Pour les membres de cette communauté, c’est une longue histoire d’amour qui s’est perpétuée à travers les décennies, malgré les difficultés et parfois même au prix de grands sacrifices. «En vraie fille de Marie Rivier, notre fondatrice, les sœurs ont toujours été de l’avant, confiantes et courageuses, ayant toujours à cœur la formation intégrale des jeunes», raconte sœur Louise Guilbert.

Celle-ci se rappelle qu’à une certaine époque, on comptait quelque 37 religieuses au seul Pensionnat de Drummondville, si bien qu’on y vivait à l’étroit.

C’est d’ailleurs avec un certain sourire qu’elle nous confie qu’à un moment donné, c’est la salle de musique qu’il fallait transformer pour la nuit qui lui servait de chambre.

Il n’y a pas qu’au Pensionnat où les sœurs de la Présentation de Marie étaient omniprésentes à Drummondville, alors qu’en 1960, on en dénombrait pas moins de 132 sur le territoire. «Tantôt d’une manière ponctuelle, tantôt y demeurant longtemps, on trouve des sœurs de la Présentation de Marie aux écoles Garceau, Saint-Joseph, Sainte-Thérèse, Saint-Pierre-et-Paul, Saint-Simon, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Félix, Saint-Charles, Sainte-Marie, Immaculée-Conception, Saint-Pie X, Mayrand et Jeanne-Mance, au Collège Marie-de-la-Présentation, à l’Institut familial Sainte-Marie, sans oublier le Presentation Catholic High School et au Drummondville Elementary School grâce au concours de sœurs américaines», se souvient la responsable de la communauté drummondvilloise.

En quelques mots, sœur Louise Guilbert a tenté de cerner l’action des sœurs de la Présentation de Marie qui a été la leur dans notre milieu et qui continue d’animer celles qui ont encore la possibilité de le faire à d’autres endroits. «Partout, les filles de la «femme-apôtre» portent la Bonne Nouvelle et sont à leur façon au service des paroisses. Et dans leurs écoles, elles ne se contentent pas de l’enseignement des connaissances intellectuelles; elles ont à cœur le développement de toute personne. Aussi, les arts, la culture sous toutes ses formes, ont une place de choix, la sensibilisation aux valeurs humaines et chrétiennes n’a pas de cesse. Par différents moyens, on s’ingénie à éveiller les jeunes de tous âges au beau, au bien, au bon».

Même si le départ de Drummondville ne sera pas nécessairement facile, sœur Louise Guilbert affirme néanmoins qu’il se fera de façon sereine, avec réalisme, en regardant vers l’avenir. «En communauté, où que l’on soit, on est toujours de passage», conclut-elle avec philosophie.

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